La France des sans-culottes

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Lanctôt se trompe : c'est le peuple de droite qui est dans la rue, face à une gauche mal à l'aise par la révolte fiscale des Français de souche


Depuis plusieurs semaines, nous sommes bombardés d’images et de vidéos d’horreur. La France est en colère, la France est aux abois, la France est secouée de toutes parts, du nord au sud, de l’est à l’ouest, et les forces de l’ordre, qui portent si mal leur nom, car c’est le désordre qu’elle provoquent, matraquent, gazent et blessent avec des balles en caoutchouc tous ceux et toutes celles qui manifestent leur colère et portent le gilet jaune du ras-le-bol généralisée. 


Des scènes d’une violence inouïe, insupportable, où des jeunes, hommes et femmes, sont lancés au sol puis sauvagement matraqués, gazés et battus à coup de pied, des mémés et des pépés, les mains en l’air, sont injuriés puis matraqués tout aussi sauvagement. Cette violence gratuite dépasse celle des gendarmes espagnols qui l’an dernier ont violemment empêché la tenue d’un référendum démocratique et pacifique en Catalogne. Ces policiers français ne répondent pas à la violence des manifestants, ils sont là pour exécuter des ordres émanant du pouvoir politique : détruire toute velléité de protestation, protéger le pouvoir de plus en plus contesté du président Macron. Mais ils vont plus loin dans leur déchaînement, car on leur a inculqué la haine de l’opposant, comme les policiers en octobre 1970, au Québec, sous la loi des mesures de guerre. Alors ils en donnent plus que le patron en demande. Ils créent ainsi un climat de terreur. Ils sont les gros bras du système et sans eux, ce système d’exploitation ne pourrait plus fonctionner. 


Cette France en colère, c’est celle que chantait Jean Ferrat en 1968 : 


« Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches 


Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien 


Du journal que l’on vend le matin d’un dimanche 


À l’affiche qu’on colle au mur du lendemain 


Ma France 


Qu’elle monte des mines ou descende des collines 


Celle qui chante en moi la belle la rebelle 


Elle tient l’avenir, serré dans ses mains fines 


Celle de trente-six à soixante-huit chandelles 


Ma France. » 


C’est aussi celle de Renaud : 


« Ils sont pas lourds en février 


à se souvenir de Charonne 


des matraqueurs assermentés 


qui fignolèrent leur besogne. 


La France est un pays de flics 


À tous les coins de rue y’en a cent, 


pour faire régner l’ordre public 


ils assassinent impunément. 


[...] 


Être né sous l’signe de l’hexagone 


C’est vraiment pas une sinécure, 


Et le roi des cons sur son trône 


Il est français, ça j’en suis sûr. » 


Cette France, réalistement décrite par ses artistes, ses chanteurs, ses écrivains, capable du plus beau et du pire aussi, me fait peur désormais. J’ai en mémoire la scène du massacre de Tlatelolco, au Mexique, il y a cinquante ans, scène qu’on peut revoir, plus ou moins reconstituée, dans le film Roma, du réalisateur Alfonso Cuarón. La violence aveugle, déchaînée, qui tue sur ordre du président mexicain. Cette violence des dernières semaines laissera des marques indélébiles, non seulement physiquement mais moralement. Plus rien ne sera pareil et Macron, s’il demeure en poste d’ici là, ne sera pas réélu. Le roi des cons, sur son trône, doit le savoir.  


Bonne année 2019!