La finale Houdini

Tribune libre



Il garde secrètes ses meilleures astuces mais prend le soin de montrer qu'il y a toujours un truc dans ses tours, accessibles au commun des mortels, tout en recommandant au public non entraîné de ne pas les tenter vu le danger qu'ils représentent. Houdini



Dans le monde moderne, l’intellect
est un objet de culte et plus on est habile et retors,
plus on avance.  
J. Krishnamurti
 

Il ne faut pas se surprendre des « résultats » de ce monde dit « moderne », où chacun a un clavier pour jouer au génie. Cela commence à la petite école et se poursuit dans un enchaînement continu, mitraillé par les pubs et lentement engraissé par les rapports de couchette de l’État et des affaires.


Il n’y a pas de moutons, il y a des dormeurs ou des esclaves qui n’avoueront jamais leur esclavage.


On n’éduque plus : on élève des humains comme les poulets de McDo. C’est la structure de production qui compte et le résultat en profits. Alors, tout se résume à ne faire des citoyens que des producteurs d’argent. Les plus vils l’emportent. Mais nous avons voté pour eux. Et ils nous ont insidieusement vendu une recette de bonheur  qui ne va que pour une partie de notre être : l’intellect.


Au cours du siècle dernier, après des milliers d’années d’Histoire, les humains ont  été tristement avalés par  une chaîne de copier-coller. Sous argument de culture  de différence. Cette « différence » ne s’appliquant qu’aux « capacités intellectuelles », elles-mêmes définies par les spécialistes. C’est le drame du singe appliqué, aveuglé par son maître qui a joué à Dieu, ou l’a dépassé par les merveilles des réussites de la science.


Alors, tout le monde  a le droit de devenir un cerveau.


Et qui donc peut le faire : les systèmes d’éducation.


Eux aussi orientés vers les grandes chaînes de montage.


Suivez le couloir.


Cent ans pour transformer un humain en une sorte de carte-mère d’ordinateur. Rien de moins, rien de plus.


Et tous divisés par une simagrée d’indépendance.


100 ans d’alchimie.


Le plastique, le cuivre, l’argent, l’or, le cuir, le chrome. Et que de machines avons-nous pu faire avec ça! Étonnant.  Même « nous ». Machinalisés.,  (sic) jusqu’à l’âme.  Livides  en dedans…


Plus de blouses blanches : rien que des enrobages de pilules, de vaccins, de psy, de doc. La nouvelle religion a ses prêtres convaincus.


Le progrès, le vrai, nous a sortis du froid, de la chaleur, des besoins primaires. La faim, la soif, la pauvreté, et… l’austérité.


Nous voilà revenus à la case départ.


L’Occident a créé une recette venimeuse pour ne pas trop en étendre à la pauvreté et à la famine. Au contraire, elle est allée chercher leurs richesses.


Les guerres, cependant, ont toujours été « nobles ».


Maintenant, elles sont nécessaires.


Le mal n’est pas de se débarrasser de quelques dictateurs, c’est de vendre l’illusion que la disparition d’un dictateur visible fera disparaître la multitude de dictateurs invisibles.


La propagande a peur des marches. Elle nous fait descendre l’escalier  lentement. Elle est là, chaque jour, dans les médias, pour nous calmer un peu et amollir la chute.


L’information des médias traditionnels,  c’est la chute au ralenti.


Il y a toujours cette foi bête dans la fascination des « réussites ».


Si nous sommes dans un tel état : ce n’est pas une réussite, c’est un échec.


La valse des Houdini et des charpentiers – banquiers, politiciens, hommes d’affaires – de ce monde a été une lente mais efficace tromperie.


Houdini, de par ses tours de magie, se croyait invincible.


On nous a vendu une invincibilité.


Mais nous n’avons pas eu le livre secret le révélant.  À peine les tours de magie. Le secret est dans le vocabulaire hermétique.


Les magiciens meurent en héros, pendant que les spectateurs pleurent celui qui les a  trompés.


La terre n’est qu’une tente.


Les indignés seront bientôt décampés…


Et même les kapos  policiers –esclaves de leurs salaires – feront partie des affamés.


On les payera à crédit. Comme les employés de la porcherie qui a fermé il y a quelques années, ici.


Puis ils n’auront plus de plan de pension.


Mais la magie a bien des tours dans son sac : gageons que nous trouverons le moyen d’aller au cirque le ventre vide.


Pour l’heure, c’est le cerveau qui gargouille…


L’intellect est magique, mais il ne plante pas de carottes.


Il peut toutefois trafiquer les graines…


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6 commentaires

  • Gaëtan Pelletier Répondre

    28 août 2012

    Bonjour!
    Étant donné que j'ai passé la plus grande partie de ma "vie active" dans l'enseignement, et que mes deux enfants sont enseignants, leurs conjoints des enseignants, je vois tout ça débouler tel que nous l'avions prévu vers les années 95.
    On se plaint que les jeunes ne savent pas écrire leur français correctement?
    Les technocrates du Ministère, eux, ont été élevés dans des livres et des concepts "savants". Alors, les livres des étudiants sont faits davantage pour les spécialistes que pour les jeunes de 16 ans qui ont affaire à un baragouinage de vocabulaire complexe et abstrait... dans les consignes. Qu'ils ne comprennent pas en partant...
    Mais le plus grand mal vient de cette nouvelle perception qu'un élève est un client. À partir de ce vocabulaire, le client a toujours raison. Et le "savoir" est à vendre.
    On a tant voulu la réussite scolaire qu'on a relâché, et on continue de le faire, les critères, les notes de passage, que c'est de plus en plus dilué.
    ***
    Tout le vocabulaire ésotérique du MELS se retrouve alors "mondialisé". Il semble que les mêmes concepts et les mêmes problèmes, le même vocabulaire, la même attitude existe en France.
    Je me suis amusé à compter et à vérifier les noms des Ministres de l'Éducation qui ont passé:
    1985 - 1990 Claude Ryan
    1990 - 1992 Michel Pagé
    1992 - 1994 Lucienne Robillard
    1994 Jacques Chagnon
    1994 - 1996 Jean Garon
    1996 - 1998 Pauline Marois
    1998 - 2002 François Legault
    2002 - 2003 Sylvain Simard
    2003 - 2005 Pierre Reid
    2005 - 2007 Jean-Marc Fournier
    2007 - 2010 Michelle Courchesne
    2010 - 2012 Line Beauchamp
    2012 - Michelle Courchesne
    Ils arrivent avec de bonnes intentions, mais suivent la "recette" des spécialistes.
    Plus la structure est lourde, moins elle est malléable. Et moins il est possible de la modifier sans avoir une meute de loups qui hurlent à la lune... Ou à la une...
    ***
    Une des facettes que la plupart des gens ignorent est le financement des écoles. Ce financement permet non seulement les écoles de "lutter entre elles" mais de fabriquer des doublons. On paye deux fois pour le même service.
    L'éducation des adultes a été ouverte aux jeunes à partir de 16 ans.
    Les polyvalentes, pour ne pas perdre leur clientèle, se sont dotées d'un système interne semblable.
    Ce financement permet la gérance à la manière privée ( des fonds publics), et aurait grand besoin d'être passé à la vadrouille...
    ***
    Les élèves.
    Le respect, ça n'existe plus. Le prof est un fournisseur de diplômes.
    Si on en doute, et si un ministre de l'éducation voudrait apprendre vraiment quelque chose du système, qu'il aille passer 3 à 4 semaines dans diverses écoles ( et déguisé :-)) pour bien comprendre LA RÉALITÉ, et non pas la masse de rapports fournie par les commissions scolaires.
    ***
    J'ai grandement apprécié chacune de vos interventions. Elles ajoutent à cette petite prise de conscience.
    Malheureusement, dans cette ère de "progrès", de par les organigrammes complexes, les livres d'apprentissage, les moyens techniques, il reste une seule chose qui fonctionne encore: les enseignants.
    J'ai vu ceux de ma génération le faire avec un dévouement extraordinaire.
    Un savoir, on s'en souvient parfois, mais un bon enseignant, chaleureux, proche, c'est souvent ce qui nous reste de nos premières années d'école.
    Du moins, c'était comme ça...
    Je rencontre encore quelques uns de mes enseignants. Et je rencontre parfois des élèves dont j'ai oublié le nom.
    Les modes passent, mais jamais le contact humain ne glisse dans l'oubli.
    Bonne journée à tous!

  • Archives de Vigile Répondre

    28 août 2012

    "Nos classes défavorisées disparaissant, ce serait la pauvreté qui disparaitrait. Mais le "Progrès" crée de nouveaux pauvres. Et si on a besoin de main-d’œuvre docile, on peut toujours importer des immigrés avec des mentalités d’esclaves pour le système."
    Monsieur Déry,
    Vous identifiez là l'une des principales raisons de ce besoin d'immigrants que tous les gouvernements qui se succèdent clament constamment.
    Nos pauvres disparaissant, on les remplace par d'autres venus d'ailleurs qui pensaient avoir la belle vie au Québec mais qui se retrouvent bien souvent à vivre ce que nos pauvres "Québécois pure laine" de la génération précédente ont vécu.
    Un article de l'auteur français Yvan Blot analyse bien le phénomène et propose certains moyens pour sortir du système d'arraisonnement utilitaire dans lequel nous évoluons:
    http://www.polemia.com/article.php?id=4815

  • Archives de Vigile Répondre

    28 août 2012

    Sur lecture rapide, j'approuve le texte de M. Pelletier.
    Pour Didier,
    Le résultat, c’est la "sélection naturelle".
    À la fin des années 1980, le directeur de la revue "Relations" monsieur Guy Paiement mentionnait que c’était dans les classes les plus défavorisées du Québec qu’il y avait le plus de solitude et le moins d’enfants.
    Ne faudrait-il pas sortir de cette barbarie de la sélection naturelle une fois pour toutes ?

    La sélection naturelle est un mécanisme de la Nature pour optimiser un écosystème. Il peut mener vers un écosystème stable (en équilibre des espèces) ou aboutir sur une transition écologique.
    Nous sommes en transition. C'est ce qu'on appelle le Progrès (avec grand "p").
    Nos classes défavorisées disparaissant, ce serait la pauvreté qui disparaitrait. Mais le "Progrès" crée de nouveaux pauvres. Et si on a besoin de main-d’œuvre docile, on peut toujours importer des immigrés avec des mentalités d'esclaves pour le système.
    L'École impose l'ignorance égalitaire.
    C'est aux individus de se révolter et de s'éduquer par eux-mêmes. Apprendre hors de l'École est un geste rebelle.
    C'est la nature du vrai Indépendantiste.
    Une proie ne survit pas à l'attaque d'un prédateur grâce à l'aide apporté par son groupe d'appartenance. Il survit parce qu'il a développé suffisamment ses mécanismes de défense ou de fuite.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 août 2012

    Le système d'éducation québécois est strictement orienté pour répondre aux besoins du marché.
    Antony Kavanagh décrit le Québec à juste titre comme étant une "méritocratie".
    http://www.lexpress.fr/emploi-carriere/emploi/antony-kavanagh-le-quebec-est-une-meritocratie-la-france-reste-une-aristocratie_1131069.html
    La méritocratie est une façon de nommer une société de type strictement utilitaire.
    Le résultat, c'est la "sélection naturelle".
    À la fin des années 1980, le directeur de la revue "Relations" monsieur Guy Paiement mentionnait que c'était dans les classes les plus défavorisées du Québec qu'il y avait le plus de solitude et le moins d'enfants.
    Ne faudrait-il pas sortir de cette barbarie de la sélection naturelle une fois pour toutes?

  • Archives de Vigile Répondre

    28 août 2012

    Tout ça est malheureusement vrai M. Vincent. Votre façon de l’exprimer est originale mais encore une fois trop vraie. Le pire est que cela est planifié de longue date. Le modus operandi de la prise en main de la planète, en voie de se concrétiser, comme vous le démontrez, a obtenu de certaines instances le privilège de non publication sous peine de censure, de ridicule et à la limite, menaces de poursuite. Tout le monde ayant peur, on se fait enc….’’enfirwaper’’ sans gelée de pétrole.
    Ivan Parent

  • Archives de Vigile Répondre

    27 août 2012


    J'aime bien monsieur Pelletier, beaucoup même. Merci.