La fierté canadienne là où ça compte

Tribune libre

« Les signes de fierté canadienne sont partout », disait une journaliste de la télé du réseau anglais de Radio-Canada.
Elle faisait référence aux nombreux Canadiens déambulant à Vancouver ou sur les lieux des compétitions.
Des femmes et des hommes avec leur tuque, leur manteau, leur foulard, leur pantalon qui ont tous plus ou moins le même dénominateur commun : la feuille d’érable, le rouge vif canadien (voire libéral), ou, encore plus subtil, le gros Canada bien imprimé.
Vous avez des doutes sur leur identité? Peut-être sont-ils des Américains, après tout? Non, leurs multitudes de « Go Canada » achèvent vos doutes.
Les Canadiens (anglais surtout) se couvrent de Canada pour mieux se différencier des Américains. Et, étrangement (ouvrons les livres de psychologie classique), pour copier un peu leur patriotisme.
Pendant ce temps sur une autre chaine de télé (toujours canadienne), il est question de la « so called French crisis ». Un journaliste du National Post basé à Calgary s’étonne de cette tempête dans un verre d’eau : « Vas-tu falloir qu’on détermine des quotas de français à chaque fois qu’on tient un événement », disait-il en substance.
Calgary semble loin du Québec, imaginez Vancouver…
La classe politique canadienne s’est longtemps demandé : « What does Quebec want? ». Il serait peut-être temps de demander à celle-ci : « Why do you want Quebec (in your federation)? »
Des rébellions, une crise d’octobre, des négociations constitutionnelles, l’échec de Victoria, un référendum, des négociations constitutionnelles, l’échec de l’accord du Lac Meech, l’échec de l’accord de Charlottetown, un autre référendum…
Il me semble que les occasions ont été nombreuses pour démontrer au Québec qu’on tient à lui. D’accord, certaines avaient un prix plus élevé que d’autre. Mais il me semble que la plus belle occasion ratée demeure celle de la dualité linguistique.
Le Canada anglais a pourtant tant à gagner à apprendre le français : une réelle distinction avec le voisin américain, des relations harmonieuses et une meilleure compréhension de sa population francophone, un renforcement de l’unité nationale, etc.
Même quand c’est juste pour la forme, le constat d’échec est omniprésent. Il y a le bilinguisme institutionnel qu’il nous rappelle depuis 40 ans, et là ce sont les Jeux olympiques qui, comble du comble, se déroulent au pays – où cohabitent, en théorie, deux langues officielles. Yeah, right.
Le plus bel échec il est là, au niveau de la langue. Et il est en amont de tout le reste. Les unifoliés, les cris « Go Canada », les love-in improvisés « We love Québec » et les vêtements à l’effigie de la feuille d’érable ne bernent plus personne.
Ça n’a jamais compté là où ça devait compter. Dans l’action, dans la bouche!
Et c’est tant pis pour nous. Et pour eux, aujourd’hui et peut-être demain.


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