La droite québécoise n'est plus nationaliste comme au temps du chanoine Groulx

Il semble que la pensée de droite actuelle n’est plus centrée sur la fierté nationale mais sur la fierté de classe.

Tribune libre

Ceux qui ont entendu parler du chanoine Lionel Groulx savent que ce dernier était un grand nationaliste du Québec.
On le considérait à son époque comme quelqu'un à droite de l'échiquier politique. Elle est loin l'époque où le nationalisme était de droite.
Aujourd'hui, la plupart des gens qui s'identifient à la droite politique au Québec sont en général d'ardents fédéralistes, souvent plus ou moins fiers, semble-t-il, de leur identité québécoise. Ces gens de droite mettent souvent l'accent sur l'importance de parler anglais. Les gens de droite d'aujourd'hui, loin d'être nationalistes, sont plutôt mondialistes, partisans d'un monde sans frontières.
La droite d'aujourd'hui n'est plus à vrai dire nationaliste comme par le passé. La droite politique est devenue strictement d'ordre économique.
Il semble que la pensée de droite actuelle n'est plus centrée sur la fierté nationale mais sur la fierté de classe.
En effet, il semble que le nationalisme ait été remplacé en ce 21e siècle par l'appartenance à une classe socio-économique spécifique. Par exemple, on n'est plus Québécois; on est de la classe moyenne, de façon identique à un Ontarien de la classe moyenne. C'est une nouvelle façon de s'identifier.
Et cette nouvelle façon de s'identifier est sûrement l'un des facteurs qui fait que l'option souverainiste est en perte de vitesse.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    15 décembre 2011

    Ah ben là, je reste bouche bée. Merci Messieurs pour l'information. J'apprécie énormément et ça permet de mieux mettre les choses en perspective.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 décembre 2011

    Monsieur Didier,
    En gros, vous avez bien raison, en particulier à propos de la droite actuelle. Ses éléments nationalistes sont marginaux. Dans la foulée de l'effondrement de l'ordre féodal, le capitalisme a pu paraître coïncider, durant un certain temps, avec l'essor des nations. La France, l'Allemagne, l'Italie, en complétant leur unification nationale, achevaient de briser leurs barrières douanières intérieures pour constituer désormais des marchés tels que, jusque-là, on n'en avait pas souvent vus d'aussi vastes. Flairant de bonnes affaires, les capitalistes s'en frottaient les mains et s'écriaient alors volontiers : «Vive la nation !».
    Il est très loin, très loin, ce temps-là, qui, du reste, n'aura pas duré bien longtemps. Aujourd'hui, les marchés nationaux sont bien trop petits pour l'appétit sans limites des capitalistes. Alors, la nation, désormais, ils la jettent à la cuvette et ils tirent la chaîne ! Bref, ils n'en ont vraiment plus rien à cirer de la nation... même s'ils n'hésitent pas à en téter l'État dès qu'ils risquent la faillite !
    Lionel Groulx, maintenant. C'est vrai qu'il fut de droite, du moins en un sens. Mais ne fut-il que cela ? Loin de là ! Au début du XXe siècle, il s'est en partie inspiré de Barrès et de Maurras. Plus tard, il a loué le régime de Mussolini, ce qu'il a cessé de faire dès l'alliance de celui-ci avec l'Allemagne nazie qui le rebutait. Il a finalement jeté son dévolu sur le Portugal de Salazar, la moins sanglante, et de loin, de toutes les dictatures de droite à l'époque.
    Bon, on peut lui reprocher tout cela, mais encore faut-il se replacer dans le contexte de l'époque. D'un côté un capitalisme sauvage indéfendable, de l'autre un socialisme que la révolution russe faisait apparaître à tort ou à raison comme indissociable d'un marxisme fanatiquement athée. Pouvait-on s'imaginer qu'un prêtre catholique souscrivît d'un coeur léger à une telle forme de socialisme ? Surtout un prêtre catholique issu d'un peuple sans véritable bourgeoisie nationale et vivant encore dans des conditions largement pré-capitalistes ?
    Groulx a donc cherché, comme on dit, une troisième voie. Il s'est certes trompé dans ses admirations successives, mais infiniment, infiniment moins, convenons-en, qu'un certain William Lyon MacKenzie King qui, même après la Seconde Guerre mondiale, était encore un grand fan d'Adolf lui-même. On entend toujours des groupes de pression gueuler pour qu'on enlève le nom de Groulx de certains lieux publics. Mais en a-t-on jamais entendu un seul pour qu'on efface la face de King des billets de 5$ ?
    Cela dit, qu'en est-il des choix que Groulx a faits là où, pour nous, il va sans dire que ça compte le plus, c'est-à-dire ici, chez nous, au Québec. Oh ! là, on voit que tout n'est plus aussi simple que le voudraient ses increvables dénigreurs. Groulx, en 1936, a appuyé l'Action libérale nationale de Paul Gouin tout en la mettant bien en garde contre les dangers d'une alliance avec le parti conservateur de l'époque. Notons que, sans être carrément socialiste, le programme de l'ALN était sans doute le programme le plus à gauche qu'on eût vu jusque-là au Québec.
    Plus tard, Groulx a appuyé le Bloc populaire, dont Michel Chartrand étaient l'une des têtes d'affiche. Par ailleurs, s'il s'est certes réjoui du succès de la lutte menée pour rétablir l'impôt provincial, jamais, jamais, jamais il n'a pour autant été un partisan de Maurice Duplessis. À cet égard, il est consternant d'entendre toujours des ignares diplômés mettre Groulx et Duplessis dans le même sac. La vérité, c'est que Groulx, pour l'essentiel, méprisait Duplessis, en qui il voyait tout juste un politicien qui exploitait le sentiment national à des fins électoralistes au lieu d'en être un véritable défenseur.
    Si on lit ses Mémoires, on constate que Groulx, au début des années soixante, a salué la Révolution tranquille, alors que de véritables hommes de droite, tel Robert Rumilly par exemple, la conspuaient déjà copieusement. Groulx était emballé par les projets de nationalisation et, toujours dans ses Mémoires, c'est René Lévesque, autre tête de Turc de Rumilly et cie, qu'il identifie sans équivoque comme l'élément le plus intéressant de «l'équipe du tonnerre». Il évoque même une rencontre entre lui et le futur premier ministre et, malgré tout ce qui pouvait les distinguer l'un de l'autre, les deux hommes ont comme tacitement reconnu que ce qui les unissait, la volonté d'affranchir notre peuple, l'emportait sur tout ce qui pouvait par ailleurs les diviser.
    Rappelons enfin que, toujours dans les années soixante, Groulx a aussi salué avec une vive joie la grande vague de décolonisation dans les pays du tiers monde. Il y voyait même une source d'inspiration pour notre peuple. Là encore, on est loin de la réaction de «petit blanc» de gens comme Rumilly par exemple, tout en larmes devant un phénomène dans lequel il (Rumilly) ne voyait que perte des colonies françaises et recul de la «race blanche». Groulx était bel et bien aux antipodes de cette mentalité-là.
    En conclusion, il y a sur Groulx un tas de clichés avec lesquels il faudrait bien en finir un jour.
    Luc Potvin
    Verdun

  • Archives de Vigile Répondre

    14 décembre 2011

    C'est un fait que désormais le Québécois appartenant à la classe socio-économique dite "moyenne" se sent plus proche de l'Ontarien de la même classe socio-économique que du Québécois des classes très riches ou défavorisées.
    La cassure socio-économique crée la cassure de la solidarité sociale suivie par la perte d'attachement à la nation.
    QS n'est pas si fou de considérer comme aussi important de combattre les disparités que de faire la souveraineté. Le sentiment national semble en effet plus solide lorsqu'il y a moins de disparités socio-économiques entre les citoyens.