La division du vote au Québec explique en grande partie les meilleurs résultats électoraux obtenus autant par le Bloc québécois que le Parti conservateur. Tous deux ont plus que doublé leur députation par rapport à la dernière élection malgré un pourcentage d’appuis moindre qu’en 2011 pour l’un et quasi identique pour l’autre.
À l’échelle du Québec, le Bloc québécois a récolté 19,3 % des votes lundi, ce qui lui a valu 10 députés, alors qu’il n’en avait fait élire que quatre avec 23,4 % des voix en 2011. Le cas de Xavier Barsalou-Duval illustre cette situation à merveille.
Le candidat a obtenu à peine 28,6 % des voix lundi, ce qui a permis au Bloc de remporter la victoire dans Pierre-Boucher-Les Patriotes-Verchères, alors que sa formation avait mordu la poussière en 2011 avec sept points de plus (36,4 % des voix). Dans cette circonscription, les voix se sont plus uniformément réparties entre le Parti libéral et le NPD qu’en 2011. Alors qu’à la précédente élection, le candidat libéral n’avait récolté que 9,5 % des appuis, il a augmenté son score à 28,3 % cette fois-ci, réduisant d’autant celui du candidat NPD.
L’effet des vases communicants est aussi visible dans Joliette. Gabriel Ste-Marie s’y est fait élire pour le Bloc avec 33,2 % des voix alors qu’en 2011, le Bloc s’y était incliné avec à peine trois dixièmes de point de pourcentage de moins (32,9 %). Là encore, la meilleure répartition du vote entre NPD et Parti libéral a changé la donne : en 2011, le PLC n’avait obtenu que 6,2 % des votes, mais il a arraché 22 points au NPD cette fois.
Signe que c’est d’abord la division du vote qui a aidé le Bloc, aucun de ses ex-députés revenus dans la course n’a été élu. Les vainqueurs bloquistes sont plutôt tous des nouveaux venus, moins connus que les France Bonsant, Diane Bourgeois et Claude de Bellefeuille qui tentaient un retour. D’autres vedettes, comme l’animatrice et comédienne Sophie Stanké ou la jeune Catherine Fournier mise de l’avant par le parti, ont aussi perdu leur pari. Celle-ci pourrait par ailleurs être nommée présidente du parti jeudi (voir texte ci-dessus). Des dix députés bloquistes élus lundi soir, seuls deux sont connus : Louis Plamondon, doyen de la Chambre où il siège depuis 1984, et Mario Beaulieu, qui a été chef du parti pendant un an.
Pas de vraie percée conservatrice
Chez les conservateurs, la récolte de 12 députés, par rapport aux 5 de 2011, ne s’explique pas par un meilleur score dans la mesure où le parti a obtenu pour ainsi dire le même pourcentage des suffrages (16,7 %, contre 16,5 % il y a quatre ans). Là encore, la remontée des libéraux au détriment des néodémocrates a permis aux candidats de Stephen Harper de se faufiler.
Ainsi, Bernard Généreux effectue un retour au Parlement après avoir récolté 29 % des voix cette année, alors qu’il avait dû concéder la victoire au NPD en 2011 avec 36,3 % des voix (et un écart de seulement neuf votes). Cette fois-ci, la remontée du Parti libéral, qui a quintuplé ses appuis, a fait reculer le NPD de 12 points, permettant au conservateur de l’emporter.
Idem dans Beauport-Limoilou, où Alupa Clarke a gagné avec 30,6 % des voix. C’est certes un peu plus qu’en 2011 (26,2 %), mais ce score n’aurait pas été suffisant à lui seul sans l’effondrement du vote néodémocrate au profit du Parti libéral, passé là aussi de 6 % à 25 %.
Retour à la case départ
Ailleurs au pays aussi, certains partis ont récolté davantage de sièges tout en profitant d’une moindre part de l’appui populaire. En Alberta, le Parti conservateur a de nouveau presque tout raflé, en récupérant 29 des 34 circonscriptions. Mais c’était en récoltant 59,9 % du vote, soit 7 points de moins qu’en 2011 lorsque le PC avait reçu 66,8 % d’appuis et fait élire deux députés de moins (27). Même scénario pour le NPD en Colombie-Britannique. Les néodémocrates ont perdu 6,6 % du vote, mais fait élire deux députés de plus (14 contre 12 en 2011). Il faut dire que dans ces deux provinces, comme au Québec et en Ontario, le redécoupage de la carte électorale a ajouté de nouvelles circonscriptions.
Notons par ailleurs que le Parti conservateur se retrouve d’une certaine manière, avec l’élection de lundi, à la case départ. Ce parti né de la fusion de l’Alliance canadienne et du Parti progressiste-conservateur avait disputé sa première joute électorale en 2004. Il avait alors obtenu 29,6 % des voix et récolté 99 sièges (sur un Parlement qui en comptait alors 308). C’est exactement le même nombre de députés que cette semaine (sur un Parlement engraissé de 30 élus supplémentaires), avec des appuis de 31,9 %.
La division du vote a profité au Bloc et au PCC
Davantage de candidats ont pu se faufiler entre néodémocrates et libéraux
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