La démesure

La démesure de la cour des prétendants aux pouvoirs

Tribune libre

L’Assemblée nationale prend motion tout en émotion. Où est l’urgence! Urgence de quoi! On a perdu le nord et l’austérité! Seul, l’intimidante possibilité d’y voir l’un des plus riches des nôtres devenir le meilleur prétendant au pouvoir politique rend jaloux et envieux ceux qui convoitent aussi ce même pouvoir et rend fou de ces apparats d’éthiques les plus ambitieux.

Brandir l’ingérence et se couvrir de la séparation des pouvoirs en démocratie pour éteindre toute velléité feraient sourire Pinocchio, lui-même. Le code d’éthique repensé il y a pas moins de trois années en toute objectivité devient soudainement invalide.

L’Assemblée nationale est devenue le cirque des jongleurs de petites vertus. On s’y couchera quarante jours sur le sujet. Ne pas reconnaître son manque d’objectivité est une catastrophe humaine bien pire que de posséder des biens de toute nature.

Il est pourtant fondamental et élémentaire de dégager l’espace pour prendre du recul. Le cas Michaud est parmi les pires cas d’applications des règles parlementaires qui ont trahi les grands principes de la démocratie; l’audi alteram partem et l’indépendance entre les pouvoirs de Montesquieu. Il a bien dit que « C'est une expérience éternelle, que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser ; il va jusqu'à ce qu'il trouve des limites ».

À cela, on peut ajouter le despotisme de la majorité d’Alexis de Tocqueville ou la tyrannie des majorités du philosophe John Stuart Mill qui en disait qu’il « est l'un des maux contre lesquels la société doit se protéger ».

Faire une loi pour un, deux ou trois personnes est invraisemblable. L’ambiguïté théorique existe bel et bien, mais il faut l’étendre à ce tout un chacun.

Le gouvernement du Canada est pourtant propriétaire de médias des plus influents. Et, il est drôlement au pouvoir. Pire, nous nous souvenons tous des mots et des visées partisanes fédéralistes qu’expriment depuis plus de vingt ans les politiciens sur la vocation de ce média. Prôner l’indépendance du Québec comme journaliste ou s'afficher indépendantiste est la meilleure façon d’être à l’antenne la semaine des quatre jeudi.

L’influence pernicieuse par personne interposée pourrait, aussi, continuer à couvert comme nous enseignent les commissions Gommery et Charbonneau, si rien n’est réfléchi.

Vraiment, il n’y a plus de mots, seuls s’assemblent des maux en mal de nation dans la démesure.


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4 commentaires

  • François Ricard Répondre

    9 octobre 2014


    Depuis des années, les Desmarais, propriétaires de LaPresse, du Soleil et de nombre d'hebdos en province, ouvertement, commandent à leur sbires de la page éditoriale d'appuyer le fédéralisme et de rejeter l'indépendantisme. L'information au public est donc déformée en passant par ce prisme déformant.
    Pourtant, nos élites politiques, tout amants de la démocratie qu'ils soient, acceptent cet état de chose.
    À quand un tribunal de presse qui forcerait les propriétaires à demeurer neutres et assurerait aux journalistes la véritable liberté de presse.

  • Yvon Lagacé Répondre

    9 octobre 2014

    Je lance une simple hypothèse...on jase là...
    PKP est un homme très intelligent, rusé et perspicace.
    Se pourrait-il qu'il ce soit "arrangé" avec JFL, pour forcer les ennemis à dévoiler leurs cartes au plus vite, sachant très bien à quoi s'attendre?
    Je crois que PKP est très bien entouré en terme d'avocats et de stratèges.
    Se pourrait-il qu'il a vu son intérêt à forcer le jeu sur la question en sachant très bien que la question se poserait tôt ou tard?
    Il me semble trop intelligent pour ne pas avoir vu tout cela venir, il est peut-être déjà prêt pour sa défense.
    Peut-être voulait-il régler au plus vite ce problème avant d'annoncer officiellement sa candidature?
    Si tel était le cas, nous saurions très vite qu'il est vraiment l'homme de la situation, et qu'il saura très bien voir venir les coups des adversaires de très loin.
    Les prochains jours ou semaines nous le diront probablement...c'est à suivre avec beaucoup d'intérêt.

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    9 octobre 2014

    Oui, OCTOBRE, c'est symbolique au Québec. Le Canada, en 1970, emprisonnait des masses de Québécois pendant des mois, sans accusation.
    C'est dans la grande enfilade des massacres des Patriotes en 1837, en préparation au coup de force de la confédération de 1867. La pendaison de Louis Riel en 1885. Les assassinats de jeunes objecteurs de conscience en 1900, 1914, 1939... les attaques contre la langue française à la grandeur du Canada, contre la Charte de la langue au Québec à travers la Cour Suprême, les tricheries aux consultations populaires, aux élections par médias conscrits... Bien sûr, Michaud en 2000!
    Coudonc, les agneaux, vous êtes pas tannés de vous faire égorger?...

  • Claude G. Thompson Répondre

    8 octobre 2014

    Tout à fait d'accord avec vous M. Blondin.
    Après l'affaire Michaud le 14 décembre 2000, nous assisterons peut-être à une affaire Péladeau en octobre 2014.
    Honte aux députés de l’Assemblée nationale du Québec qui voteront en faveur d’ajouts aux règles d’éthique pour les députés, les ministres ou pour le premier ministre en raison de la seule présence du député Pierre-Karl Péladeau qui « éventuellement » posera sa candidature comme candidat à la chefferie de son parti.
    Décidément, l’ignominie, les comportements abjects, les demi-vérités, le déshonneur, l’infamie, les bassesses, les calculs de petits politiciens sans envergure, leur inavouable lâcheté et leur peur viscérale de perdre leurs petits avantages grappillés aux dépens de la vraie démocratie, de la vérité et de leurs électeurs n’ont pas fini de nous dégoûter.
    Claude G. Thompson