La «dame de béton» : le rebranding de Pauline Marois

PQ - (Joliette-Montréal) conseil national - janvier


Une nouvelle expression pour désigner la chef du Parti Québécois, Pauline Marois, est arrivée dans les médias hier matin : la « dame de béton ». Des mots qui font couler beaucoup d’encre depuis, à savoir s’ils sont appropriés pour une chef qui a essuyé plusieurs critiques depuis quelques mois.
Les appuis envers Pauline Marois ont littéralement fondu depuis le mois de juin, quand les premiers démissionnaires du PQ ont fait une sortie fracassante dans les médias. Depuis, la presse n’a pas cessé de relever les dissensions au sein même du parti; depuis le début de l’été, il était rongé de l’intérieur. Après avoir été lavée sur la place publique et avoir vu son leadership contesté de toute part, Madame Marois avait pu obtenir un relatif répit dans les dernières semaines. La crise semblait contenue.
Puis, à mesure que l’on s’approche du Congrès national du PQ, les médias reviennent à la charge. Cette fois-ci, la menace ne vient pas de l’intérieur, mais bien d’un supposé allié, soit Gilles Duceppe. Ce souverainiste dans l’âme, profondément frustré et insulté par la déconfiture du Bloc Québécois aux élections du 2 mai dernier était maintenant considéré sérieusement comme un éventuel successeur à Pauline Marois – alors que cette dernière avait pourtant réitéré sa détermination à demeurer chef du PQ. M. Duceppe, interrogé sur ses intentions, refusera pendant un long moment de clarifier ses intentions, se contentent de dire que Mme Marois avait toute sa confiance pour l’instant. Difficile de fermer la porte à un retour en politique alors qu’on vient de perdre son siège à Ottawa…
Jusqu’à cette semaine.
Dans les derniers jours, Duceppe a été éclaboussé dans les médias par un « scandale », selon lequel il aurait rémunéré le directeur général de son parti de façon illégale. Il n’en fallait pas plus pour que Duceppe batte en retraite et annonce – pour la troisième fois – son retrait de la politique active.
Tout ce détour permet de comprendre pourquoi on attribue le surnom « dame de béton » à Pauline Marois. Il faut dire que les récentes difficultés de Gilles Duceppe lui rendent un fier service! Puisqu’elle a le champ libre, les conseillers dans l’entourage de Marois ont cru bon de lancer une campagne afin de redorer son image et sa réputation. Le journaliste – si on peut l’appeler ainsi – Stéphane Laporte est d’ailleurs à l’origine de ce surnom.
Mais est-ce une expression appropriée pour Madame Marois? De toute évidence, à tout le moins, de grandes firmes de communication n’ont pas été consultées dans ce choix. Effectivement, l’idée d’une « dame de béton » n’a pas que des connotations positives. Bien qu’il soit vrai que, d’une part, cela peut lui donner une image d’une femme combattante et solide, le point de vue « froid » et « peu enclin à négocier » pourrait bien jouer contre elle. Peut-être même s’est-on inspiré du film « La dame de fer » (présentant la vie de Margaret Thatcher) pour véhiculer l’image d’une femme droite, de principe, qui n’accepte pas de se faire marcher sur les pieds. De ce côté, tout va bien. Mais certains pourront aussi percevoir Madame Marois comme un être glacial, sans expression, qui refuse d’entendre les idées des autres, qu’elle est inaccessible. Un autre surnom un peu plus doux et moins polémique aurait probablement été mieux accueilli.
Il faut alors se demander si une telle campagne de rebranding était réellement ce qu’il fallait à Pauline Marois. Son taux de popularité est au plus bas, et son image au Québec ne passe pas, c’est bien connu. Peut-être aurait-on dû se concentrer davantage à trouver des idées novatrices qui auraient rassemblées le camp souverainiste. N’est-ce pas là la preuve que l’image, en politique, compte davantage que les idées du parti?
Car pour l’instant, on ne peut que faire un parallèle avec l’état actuel des infrastructures québécoises. En pensant aux viaducs qui tombent, aux bâtiments qui se désagrègent et qui s’érodent, aux paraplumes qui s’effondrent sur l’autoroute Ville-Marie, Pauline Marois a-t-elle vraiment envie de se faire comparer à du béton?
C’est à se demander si le ministre des Transports ne donnera pas une conférence de presse assurant, une fois de plus, la qualité et la sécurité de la structure.


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