«La culture en péril»: les auteurs du clip restent dans l’ombre

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Rions un peu


Michel Rivard joue le rôle d’un organisateur de petit festival qui a besoin de subventions

Martin Croteau - Pendant qu’elle connaît un succès phénoménal sur le web, une vidéo humoristique qui dénonce les coupes dans le milieu de la culture s’attire les railleries des conservateurs. Car les auteurs de la satire, à laquelle Michel Rivard, Stéphane Rousseau et Benoît Brière ont prêté leur talent, refusent toujours de s’identifier.

En début de soirée, hier, plus de 210 000 internautes avaient pris d’assaut le site YouTube pour visionner La culture en péril (voir plus bas).
Dans le sketch de trois minutes, Michel Rivard joue le rôle d’un organisateur de petit festival qui a besoin de subventions. Un jury anglophone, au sein duquel on reconnaît Stéphane Rousseau et Benoît Brière, lui annonce qu’il devra faire la promotion de la culture canadienne avant de lui demander s’il croit en Dieu.
Puis le chansonnier entonne La complainte du phoque en Alaska. Les jurés croient entendre un juron dans le nom du mammifère, et une série de quiproquos linguistiques s’ensuit.
Bloquistes et libéraux ont profité du succès de la vidéo pour relancer les conservateurs sur les coupes de 45 millions dans les programmes culturels, hier.
«Ce que la vidéo envoie comme message, c’est que la culture est une industrie, a indiqué Denis Coderre, critique libéral en matière de culture. Ce n’est pas une dépense, c’est un investissement. Pour chaque dollar qui est investi en culture, il y a un retour de 11 $.»
La ministre du Patrimoine, Josée Verner, a dit qu’elle n’avait pas vu la vidéo, mais elle s’est moquée de ses auteurs, qui se terrent toujours dans l’anonymat. «J’ai surtout lu qu’on voulait protéger l’anonymat de ceux qui l’ont fait, a-t-elle indiqué. Moi, quand j’ai quelque chose à dire, je mets mon nom en dessous.»
Selon certaines sources, Erik Canuel, réalisateur de Bon Cop, Bad Cop, a participé à la création de la vidéo. Il n’a pas rappelé La Presse hier. Le scénariste François Avard, auteur des Bougon, aurait également pris part au projet. Joint hier, il n’a rien voulu confirmer mais s’est dit d’accord avec le contenu du clip.
Confusion
Anonyme ou pas, le clip sème la confusion, estime Jean-Paul Lafrance, politologue à l’UQAM et spécialiste de l’industrie culturelle. «Le message est ambigu, a-t-il constaté. Ça joue sur la fibre nationaliste et, en même temps, ça dénonce les coupes du fédéral. Pourtant, les coupes du fédéral sont aussi vraies pour les francophones que pour les anglophones.»
Malgré sa popularité, la production n’aura sans doute pas un impact majeur sur la suite de la campagne, croit Réjean Pelletier, professeur de science politique à l’Université Laval. «Les artistes en ont beaucoup parlé, notamment à la remise des prix Gémeaux, mais, dans la population, ce n’est pas encore un thème qui a beaucoup accroché. Surtout dans une semaine où les problèmes économiques sont à l’avant-scène.»


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