La crise économique les balaiera tous!

une voix venue de France susurre ses « solutions » et apporte sa contribution afin d’empêcher ce système moribond d’effectuer le grand plongeon.

Crise mondiale — crise financière



LES SOUTIONS DU GROUPE ATTAC
Au milieu de cette crise récurrente du système économique qui n’en finit
plus de tituber et de hoqueter sous ses propres contradictions insolubles –
incapable de sauver sa destinée, sinon en transférant le poids immense des
dettes souveraines sur le dos des différents peuples appauvris –, voilà
qu’une voix venue de France susurre ses « solutions » et apporte sa
contribution afin d’empêcher ce système moribond d’effectuer le grand
plongeon.
Suzanne George, présidente d’honneur d’ATTAC-France et auteur prolifique,
était en visite à Montréal pour consolider l’Université d’été des Nouveaux
Cahiers du Socialisme
, un groupe de militants contrits de voir s’étioler ce
système économico - politique « démocratique » qu’ils ont tant chéri (1).
Madame George et ses semblables, analystes de « gauche » de moult horizons,
sont outrés de constater les disparités de revenus entre les riches et les
pauvres, conséquences inéluctables et fondement du système capitaliste.
L’auteur du livre « Leurs crises, nos solutions » présenta donc une série
de statistiques révoltantes démontrant hors de tout doute raisonnable que
les riches sont toujours plus riches et que les pauvres toujours plus
pauvres, jusqu'à la famine et la multiplication des SDF (sans domicile
fixe), pourrions-nous surenchérir aux propos de Madame George.


Débat sur la crise, la régulation et la rigueur par franceinter

Puis, constatant que l’État bourgeois (pas du tout démocratique comme
chacun a pu le constater lors du G-20 à Toronto à l’été 2010), l’État au
service des riches, l’État des capitalistes géré par leurs hommes de main
contre forte rémunération ; constatant disions-nous que tous les États
nationalisent les dettes souveraines et privatisent les actifs publics,
dégrèvent la fiscalité des riches et surchargent la fiscalité des
travailleurs et de la petite bourgeoisie en voie de paupérisation (d’où
leurs récriminations) ; la présidente honoraire crie au scandale et propose
non pas la destruction de ce système inique mais plutôt des solutions pour
le sauver de l’extinction.
À la traîne de Gérald Fillion, l’analyste de service à la télévision de
Radio-Canada, Suzanne George déclame, et nous citons : « Il fallait les
sauver (les banques) parce que l’on ne pouvait pas laisser tout le système
s’écrouler, c’aurait été les assurances, la sécurité sociale, les
investissements, les retraites et tout, alors cela n’était pas possible
(…). Il fallait dire aux banques : vous êtes partiellement ou totalement
socialisées, voilà un cahier des charges que vous allez suivre et vous
allez investir un quota dans les PME-PMI qui ont un projet vert ou qui ont
un projet d’investissement pour le bien de la communauté… Vous allez suivre
ce cahier des charges et vous allez payer des taxes normalement et vous
allez rémunérer vos directeurs normalement. Il fallait reprendre le
contrôle de cette finance qui était devenue folle (Ajoutez à cette panoplie
la taxation des transactions boursières selon le principe de la taxe Tobin.
NDLR). Il faut limiter les hauts salaires. Tout doit être codifié dans la
loi. (…) Ce qui manque c’est la volonté politique de le faire. » (2).
Mélenchon ou le Nouveau Parti Anticapitaliste français n’auraient pas dit
autrement (3).
Comment se fait-il que personne n’y avait pensé auparavant? Tous ces «
traders » boursiers astucieux, assez du moins pour frauder la bourse, le
public et les gouvernements ; tous ces analystes financiers ingénieux ;
tous ces banquiers industrieux, capables de doper la profitabilité de leurs
institutions en pleine crise financière ; tous ces milliardaires
frauduleux, suffisamment du moins pour voler le fisc pendant des années,
mais pas assez futés pour suivre les conseils de madame la présidente
émérite qui, à la fin, ne souhaite que leur bien ! C’est à désespérer de
réchapper leur système capitaliste en faillite. Pourquoi ne peuvent-ils
s’autodiscipliner ces accapareurs de la richesse collective ?
En effet, plutôt que de laisser s’écrouler leur système économique désuet,
elle leur offre l’opportunité de le sauvegarder en lui refaisant une
virginité. Qu’y a-t-il à redire à ce projet philanthropique du groupe ATTAC
et de madame Suzanne ? L’auteur prolifique devrait pourtant observer que
dans tous les États occidentaux les assurances collectives, la sécurité
sociale, les budgets à l’éducation et aux services de santé, les retraites
et les investissements publics qu’elle prétend sauver vont à vau-l’eau et
sont attaqués de toutes parts justement dans le but de dégager les crédits
requis pour rehausser la profitabilité des banques, comme elle le souhaite
; pourtant malgré cet effort titanesque la crise capitaliste s’approfondit
(4).
Un pays qui imposerait à ses banques transnationales les politiques
proposées par ATTAC et l’universitaire réputée verrait celles-ci vider
leurs coffres et expatrier leurs capitaux vers les paradis fiscaux (Macao,
Bahamas, Caïmans et Monaco), ce qu’elles ont déjà amorcé de toute façon
(5).
UN CHERCHEUR RÉALISTE ET ENRAGÉ
Appelons maintenant à la barre un expert analyste du système « néolibéral »
comme se plaisent à l’appeler les opportunistes de service.

Économistes atterrés: Frédéric Lordon par BTrenaissance

Monsieur Frédéric Lordon, directeur de recherche au CNRS à Paris est une
sommité en son domaine. Il affirme que : « Le néolibéralisme est un régime
d’endettement généralisé : ménages, institutions financières, États. La
crise menace de mettre à bas tout le système des institutions financières,
car si la puissance publique a pu sauver les banques de la crise de la
dette privée, il n’est pas certain qu’elle puisse y parvenir pour les
dettes publiques (dettes souveraines NDLR). ».
C’est aussi ce que nous pensons et, comme le professeur Lordon, nous
constatons que : « Le système européen actuel touche à l’absurde. D’un
côté, les marchés financiers, pour être « rassurés », exigent l’austérité
pour que toutes les sources de revenus des pays leur soient versées au
travers du remboursement des dettes ; mais d’un autre côté, l’austérité
empêche la croissance qui seule peut générer les recettes fiscales
permettant de rembourser les dettes… Les plans européens continuent à
fabriquer des surendettés futurs pour « sauver » les surendettés présents.
» (6).
Ce monsieur Lordon est un fin limier exaspéré par l’entêtement de ces
banquiers et de ces milliardaires qui ne veulent rien écouter de ceux qui
tentent de les sauver; le directeur lance donc l’appel insurrectionnel que
voici : « Jamais un groupe d’intérêt aussi puissant que celui qui s’est
constitué autour de la finance ne renoncera de lui-même au moindre de ses
privilèges, seule peut le mettre à bas la force d’un mouvement
insurrectionnel – puisqu’il est bien clair par ailleurs qu’aucun des partis
de gouvernement, nulle part, n’a le réel désir de l’attaquer. » (7).
Nous apprécions à sa juste valeur la franchise du professeur. Ce n’est pas
tous les jours qu’un directeur du CNRS appelle à l’insurrection
généralisée. Mais nous regrettons que l’auteur n’aille pas jusqu'au bout de
son labeur puisque en conclusion il propose ceci : « Sur ces ruines
fumantes – tout rebâtir ». Monsieur Lordon ne semble pas avoir compris que
c’est le projet de construction capitaliste qui est fautif. Le capitalisme
version améliorée ne peut être que la copie conforme du capitalisme version
détériorée. C’est « built in » comme disent les anglais, ce système est
ainsi fait.
Le capitalisme sans la recherche du profit maximum et l’accaparement de la
plus value ce n’est plus du capitalisme. Si un magnat de la finance refuse
d’appliquer cette loi et d’absorber ses concurrents, c’est lui qui sera
avalé et qui se retrouvera un jour salarié de son coéquipier.
UN MILITANT ALTERMONDIALISTE UTOPISTE ET DÉSESPÉRÉ
Terminons notre tour d’horizon de penseurs qui présentent – La crise et
leurs solutions –. M. James Petras, comme son homologue Noam Chomsky, se
situe à la « gauche » du kaléidoscope politique américain. Il est donc
difficile de critiquer ces auteurs car un préjugé favorable auréole
chacune de leurs humeurs. La petite bourgeoisie réformiste adore ces
parangons de la refondation du système d’exploitation capitaliste teinté
d’anarchisme.
L’altermondialiste Petras constate que les États-Unis dépensent des sommes
faramineuses (3 200 milliards de dollars depuis 2001, dit-il) pour
soi-disant éradiquer le terrorisme mené par une petite organisation
nébuleuse du nom d’Al Qaïda, et le militant désespère de faire entendre
raison au Pentagone et aux Présidents américains qui font fausse route et
ruinent le pays selon lui.
Voici un extrait de son analyse des causes profondes des agressions
américaines successives au Moyen-Orient : « Les Think tanks américains
lourdement influencés par Israël, les experts et conseillers qui
dépeignaient les adversaires islamistes comme étant ineptes, inefficaces et
lâches, se sont totalement trompés sur le compte de la résistance afghane.
» (8), et des résistances iraquienne, libanaise, somalienne et
pakistanaise, pourrions-nous ajouter.
Changez de think tank et vous changerez le système politique et le système
économique en place, laisse entendre le professeur Petras. Il serait
beaucoup plus sage pour les riches américains (1% de la population détenant
plus de 18% du PIB national selon Petras) qui ont placé Obama à la tête de
leur état-major, de cesser de se comporter en impérialistes et de se
métamorphoser en gentils coopérants aidant ces peuples farouchement
anti-Yankees à se développer économiquement et « démocratiquement »,
redorant ainsi le blason de l’empire en décrépitude (9).
Mais il suffisait d’y penser voyons. Plutôt que d’éliminer le renard
furetant dans le poulailler, il vaudrait mieux le convaincre de protéger
les poules et de s’en faire des amies plutôt que des proies pour sa survie.
Bonne chance dans ce projet de conversion pacifiste, monsieur Petras.
D’ailleurs, le Pentagone est déjà convaincu du bien fondé de
l’argumentation de monsieur Petras. À preuve, le chef d’État-major inter
armées des USA a déjà expliqué qu’il massacrait les populations d’Irak,
d’Afghanistan, du Pakistan, du Yémen, du Soudan, de Somalie et de Libye
pour leur bien, afin de leur apporter la « démocratie occidentale » et de
libérer les femmes musulmanes de leur voile et de l’oppression grâce à de
nombreuses bombes à fragmentation et à l’uranium appauvri. Il est déjà
installé au milieu des poulaillers irakien, afghan, pakistanais, soudanais,
somalien et libyen, votre renard généreux et désintéressé, monsieur Petras.
Mais ce qui désespère au plus haut point ce diplômé de Berkeley, c’est que
son segment de classe petit-bourgeois est en voie de paupérisation. Depuis
2001, des milliers d’emplois aux salaires moyens sont disparus, gémit-il.
Qui défendra le système capitaliste de la vindicte populaire, se lamente le
militant de « gauche », si la petite bourgeoisie appauvrie ne joue plus son
rôle de chien de garde opportuniste de la dictature des riches ? Alors,
vous les riches, pourquoi ne pas laisser une petite part de vos énormes
bénéfices à la classe moyenne qui pourra vous rendre de grands services «
Le Grand Soir » venu? Vous vous rappellerez que madame George a lancé ce
cri d’alarme et fait cette suggestion précédemment. Malheureusement, n’y
comptez pas, chers militants altermondialistes, car l’impérialisme c’est
le profit maximum et la guerre optimum.
RENVERSER LE SYSTÈME – LES CONDITIONS
Pour que survienne le renversement de ce système économique, politique et
idéologique désuet, un certain nombre de conditions objectives et
subjectives doivent être rassemblées dans un pays ou un groupe de pays
donné. La première condition objective c’est la généralisation de la crise
économique très difficilement surmontable pour la grande bourgeoisie qui
abandonne alors la petite bourgeoisie (classe moyenne) à son sort, la
laissant amère et rancunière. La seconde condition objective suppose que
cette crise économique entraîne une crise politique où la classe
dirigeante, celle qui contrôle le pouvoir d’État et détient le monopole de
la violence légale, ne parvient plus à concilier les intérêts divergents de
ses différentes factions, ce qui entraîne des conflits et des tensions
intestines sérieuses et l’impossibilité pour elle de gouverner. Alors
l’anarchie se répandrait dans toute la société et la petite bourgeoisie
aigrie ne parviendrait plus à jouer son rôle de chien de garde du système
malgré ses efforts pour répandre ses pis aller et ses solutions bidon (la
crise du rehaussement du plafond de la dette étatsunienne a failli
entraîner une telle conjoncture en mai-juin 2011). Ce sera probablement
pour la prochaine.
Les conditions subjectives portent sur le niveau de conscience de la classe
révolutionnaire qui doit avoir atteint le stade de la conscience économique
en soi et de la conscience politique pour soi, c’est-à-dire le niveau où la
classe révolutionnaire (souvenez-vous de la Révolution française et de la
Constituante) pose la question de la prise du pouvoir d’État et du
renversement total du système économique et politique puis idéologique en
place.
Cette dernière condition subjective requiert qu’une organisation
révolutionnaire fondée sur une théorie révolutionnaire puisse prendre la
direction du mouvement de révolte spontanée et le dirige consciemment vers
la prise du pouvoir d’État. Hors de ces conditions tout mouvement de
révolte populaire n’est qu’une révolte éphémère sur le front des
revendications économiques qui, tôt ou tard, sera désorientée et éradiquée
dans le sang (ce que Madame Hillary Clinton, soutenue par les opportunistes
de gauche et les intégristes de droite, a réussi dans la plupart des
révoltes arabes qui tentent présentement de retrouver un second souffle, le
bon souffle cette fois), de même dans les révoltes anti-austérité dans les
pays occidentaux.
Tous les efforts des collaborateurs opportunistes et intégristes des
régimes capitalistes et néo-colonialistes infiltrés dans les mouvements de
révolte populaire spontanés ne visent qu’à empêcher l’éclosion de ces
conditions objectives et subjectives afin de donner un chance
supplémentaire à ce système pourri pour qu’il survive et perdure par delà
le bien et le mal.
____________________________________
(1) Susan George. Leurs crises, nos solutions.
http://www.pressegauche.org/spip.php?article7970
(2) Susan George. Crise après crise.
http://www.youtube.com/watch?v=cS4tyRNWRw4
(3) http://www.jean-luc-melenchon.fr/
(4) Les bourses européennes rechutent.
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/330783/les-bourses-europeennes-rechutent-lourdement?utm_source=infolettre-2011-09-06&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne
(5) Robert Bibeau. Comprendre la crise économique.
http://www.centpapiers.com/comprendre-la-crise-economique-et-financiere-2/56027
(6) Frédéric Lordon. Le commencement de la fin.
http://www.m-pep.org/spip.php?article2343
(7) Frédéric Lordon. Le commencement de la fin.
http://www.m-pep.org/spip.php?article2343
(8) James Petras. Les multi milliards de la chasse aux terroristes et
l’évaporation de la classe moyenne.
http://www.globalresearch.ca/index.php?context=va&aid=25574
(9) James Petras. La classe laborieuse en Europe et aux USA.
http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=26362

-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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