Plusieurs personnes travaillent très fort dans le but d’augmenter le nombre d’indépendantistes par conversion des fédéralistes. Je ne crois pas que cela soit nécessaire si le projet de pays répond à la fois aux besoins des indépendantistes et des fédéralistes. Comment est-ce possible ? Tout est dans la compréhension de cette affirmation en première de l’essai à paraître sous le titre Projet Liberté-Nation de Me Guy Bertrand : «Faire l’indépendance du Québec, c’est faire l’indépendance d’une partie du Canada». Et voici le texte explicatif :
«“L’indépendance du Québec nécessite un fort consensus au sein de la population. L’histoire démontre clairement que les indépendantistes ne seront jamais suffisamment majoritaires au sein de la population pour faire du Québec un pays.
La stratégie visant à convertir des fédéralistes en indépendantistes pour obtenir un vote majoritaire en faveur de l’indépendance n’a pas donné les résultats escomptés à ce jour et doit être abandonnée. L’approche référendaire privilégiée en 1980 et en 1995 a divisé les Québécois en deux clans opposés plutôt que de les unir dans un projet commun. La démarche pour l’indépendance du Québec se résume malheureusement par un débat au cours duquel les indépendantistes tentent d’imposer leurs besoins et leurs solutions aux fédéralistes. Or, l’indépendance du Québec doit combler à la fois les besoins des indépendantistes et des fédéralistes, c’est-à-dire de tous les Québécois. Cette réconciliation des besoins ne repose pas sur une série de compromis, mais sur la reconnaissance du Québec pour ce qu’il est vraiment pour chacun de nous.
Lorsque j’affirme que « faire l’indépendance du Québec, c’est faire l’indépendance d’une partie du Canada », je reconnais que l’indépendance du Québec ne se limite pas à l’indépendance d’une province canadienne et à séparer cette dernière du Canada, mais à l’indépendance de notre part du Canada avec tout ce que cela implique pour notre identité propre.
Bref, l’indépendance du Québec ne consiste pas à effacer tout caractère canadien du Québec, comme on passe un vêtement à l’eau de javel.”»
Évidemment, nous sommes très loin de ceux et celles qui affirment haut et fort « Je ne veux plus rien savoir du Canada » et qui, par conséquent, ne peuvent pas espérer faire consensus au sein de la population.
À titre de conseiller en marketing, je constate qu’un projet de pays ciblant les indépendantistes et les fédéralistes modérés pourra réunir une majorité en faveur de l’indépendance du Québec.
Je crois dans l’adhésion des fédéralistes modérés à un projet de pays. N’oublions pas que le premier parti politique à diriger le Québec indépendant pourrait bien être le Parti Libéral du Québec. N’oublions pas également que c’est le Parti Libéral du Québec sous Robert Bourassa qui a fait adopté la loi sur l’indépendance, la Loi 150 (Loi sur le processus de détermination de l’avenir politique et constitutionnel du Québec) en 1991 à la suite de l’échec de l’accord du lac Meech. N’oublions pas aussi que c’est encore un Premier ministre Libéral, Jean Charest, qui a soutenu que le Québec serait viable économiquement advenant son indépendance. Il est donc très important de ne pas diaboliser à tous vents la clientèle fédéraliste modérée du projet de pays parce que sans elle aucun consensus majoritaire n’est possible.
Bon an, mal an, l’option souverainiste plafonne dans les sondages, la Coalition Avenir Québec la relègue aux oubliettes, le Parti Québécois propose la gouvernance,… De toute évidence, le groupe indépendantiste ne peut pas réellement aller plus loin dans sa quête d’une majorité en faveur de son projet de pays sans se rallier les fédéralistes modérés. Et pour faire, il faut adapter le projet de pays à ces fédéralistes modérés.
Poids et contrepoids (checks and balances)
Les Québécois, notamment les fédéralistes modérés, ne veulent pas se retrouver pris au piège dans un pays avec un système politique sans « poids et contrepoids », c’est-à-dire sans séparation des pouvoirs législatifs, exécutifs et judiciaires. Tous souhaitent un régime d’équilibre des pouvoirs. Dans le système politique canadien en vigueur, le Premier ministre du Canada a plus de pouvoirs entre ses mains que le Président des États-Unis d’Amérique. Les fédéralistes modérés sont généralement en faveur d’une réforme du régime fédéral canadien parce qu’ils exigent un meilleur équilibre des pouvoirs entre le gouvernement central et les gouvernements des provinces et des territoires.
Il n’en demeure pas moins que le régime fédéral actuel offre une « porte de sortie » intéressante pour les fédéralistes que le projet souverainiste condamne à jamais. Ils ne pourront plus s’adresser à un autre palier de gouvernement que celui du Québec lorsque ça ne marchera pas. Présentement, les Québécois peuvent toujours se tourner vers le fédéral lorsque le provincial ne répond pas à leurs demandes. Ils ont une porte de sortie. La plupart des Québécois se voient mal s’adresser à l’ONU à chaque fois que le gouvernement d’un Québec indépendant brime leurs droits, leur développement,…
Un gouvernement de transition
« Les conditions gagnantes » ne tomberont pas du ciel. Il faut les concevoir nous même et les offrir. Lorsque Me Guy Bertrand et moi avons rencontré monsieur Bernard Landry, alors devenu Chef de l’Opposition, j’ai proposé à ce dernier de s’engager à démissionner au profit d’un gouvernement de transition le lendemain d’un votre majoritaire en faveur de l’indépendance. Je justifiais cette « condition gagnante » par le fait que les Québécois ne veulent pas se retrouver avec un gouvernement péquiste pendant 25 ans à la suite de l’indépendance du Québec. Comme je l’ai mentionné ci-dessus, j’ai dis à monsieur Landry qu’à la première élection, il se pouvait fort bien que ce soit le Parti Libéral du Québec qui soit élu pour former le premier gouvernement d’un Québec indépendant. D’emblée, cela ne plaît pas aux dirigeants et aux membres du Parti Québécois. Mais c’est le prix à payer pour rassurer les fédéralistes modérés.
De plus, pour plusieurs Québécois, y compris moi-même, un tel gouvernement de transition s’inscrit dans la normalité du déroulement de l’accès à l’indépendance du Québec parce qu’on souhaite que tous soient égaux au lendemain d’un vote majoritaire, parce qu’on ne veut pas nécessairement que le pays québécois soit péquiste ou autre.
Ce gouvernement de transition constituerait une porte de sortie acceptable pour tous ceux et celles qui craignent les chicanes au lendemain d’un vote majoritaire, d’autant plus que le clan du OUI et celui du NON se seront entredéchirés lors de la campagne. La reconnaissance des résultats du vote par tous les partis politiques provinciaux au lendemain d’un OUI majoritaire ne suffit pas. Il faut un ralliement de tous les partis politiques provinciaux et des Premières Nations au sein d’un gouvernement de transition.
Un palier gouvernemental régional fort
Dans un Québec indépendant, je ne veux pas me retrouver face à un gouvernement central tout puissant ou prisonnier d’un palier de gouvernement unique qui peut, entre autres, décidé d’imposer des fusions municipales dans ma région, de fermer des hôpitaux dans ma région, pas que je souhaite voir les sinistrés d’une catastrophe attendre de longs mois la réponse du gouvernement central pour obtenir de l’aide. L’indépendance doit permettre de résoudre ces problèmes en introduisant un palier gouvernemental régional fort. Je souhaite que nos régions deviennent des États régionaux avec tous les pouvoirs et toutes les ressources nécessaires pour assumer pleinement leur développement, y compris l’exploitation et la gestion des ressources naturelles, pourvu qu’une formule de péréquation permette un partage entre ces États régionaux. Je pense à des États comme ceux des États-Unis. Mais il y a d’autres modèles. Je pense que le Québec devrait être une fédération d’États régionaux, avec un Congrès comprenant une Chambre des représentants élus suivant un mode de scrutin proportionnel et un Sénat élus suivant une représentation fixe et égale de tous les États régionaux, comme aux États-Unis.
Je veux conserver différents paliers de gouvernement dans un Québec indépendant parce que si ça ne marche pas dans le Conseil de mon village ou de ma ville, je veux pouvoir m’adresser au gouvernement de mon État régional, et que si ça ne marche pas avec ce dernier, je veux pouvoir m’adresser au gouvernement central national.
Bref, je veux avoir des portes de sortie en différents paliers de gouvernement dans un Québec indépendant.
L’occupation d’un aussi grand territoire
Le Québec est grand et l’occupation du territoire une fois indépendant me préoccupe beaucoup. On peut toujours avoir une politique nationale d’occupation du territoire mais son application sur le terrain sera la responsabilité de chaque région. Ici encore, des régions devenues de véritables États régionaux seraient très utiles voire absolument nécessaires. Je veux une structure d’occupation du territoire qui se tienne debout même quand le gouvernement central est préoccupé par d’autres dossiers.
Une clientèle exigeante parce qu’expérimentée
Enfin, la clientèle du projet de pays possède toute l’expérience nécessaire pour être exigeante et se justifier en conséquence. Notre expérience du Canada, d’une structure fédérale, de la péréquation,… doit servir à bâtir un pays solide où nous serons tous à l’aise, indépendantistes et fédéralistes, du moins la classe modérée.
Indépendance du Québec
La clientèle du projet de pays
Répondre aux besoins des fédéralistes
Tribune libre
Serge-André Guay34 articles
Marié et père de quatre enfants, Serge-André Guay est
né à Lévis (Québec, Canada) en 1957. De formation autodidacte et
travailleur autonome depuis 25 ans, il a tout d'abord été animateur,
commentateur, chroniqueur, journaliste, recherchiste et rédacteur en...
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Marié et père de quatre enfants, Serge-André Guay est
né à Lévis (Québec, Canada) en 1957. De formation autodidacte et
travailleur autonome depuis 25 ans, il a tout d'abord été animateur,
commentateur, chroniqueur, journaliste, recherchiste et rédacteur en chef
au service de différents médias québécois et ontariens.
Puis, son expérience des médias et un stage de formation en Europe font de
lui un éducateur aux médias dont les interventions sont recherchées par le
milieu scolaire. Ensuite, à titre de consultant, l'utilité de ses plans
d'action en communication et en marketing est vite appréciée.
Depuis 1990, il développe une expertise hautement spécialisée en recherche
marketing, soit l'étude des motivations d'achat des consommateurs, axée sur
l'évaluation prédictive du potentiel commercial des produits et des
services, nouveaux et améliorés.
Pour ce faire, il retient la méthode et l'approche indirecte proposées par
le chercheur américain Louis Cheskin, à qui il accorde le titre de premier
scientifique du marketing.
Depuis, il a étudié les réactions sensorielles involontaires et les
réactions inconscientes de plus de 25,000 consommateurs dans le cadre de
plus d'une centaine d'études des motivations d'achat pour différents
manufacturiers et distributeurs canadiens.
Il a signé de nombreux articles et donné plusieurs conférences
percutantes. Il a aussi publié une série de vingt-quatre études traitant du
caractère scientifique du marketing sous le titre "Science & Marketing ",
Prédire le potentiel commercial des biens et des services". À ses yeux, le
marketing doit renouveler son efficacité sur des bases scientifiques
rigoureuses.
Il n'hésite pas à questionner les idées reçues. Animé par une profonde
réflexion sur la conscience et la condition humaine, il est un «
penseur-entrepreneur », à la fois fonceur et analytique.
En 2000, il écrit un essai de gouvernance personnel sous le titre J'aime
penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un
chacun se donne raison.
En juin 2003, il met sur pied la Fondation littéraire Fleur de Lys,
premier éditeur libraire francophone sans but lucratif en ligne sur
Internet
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4 commentaires
Serge-André Guay Répondre
8 décembre 2011À Monsieur Luc Bertrand,
Vous écrivez : «Nous ne pourrons espérer voir revenir la "tranche" ambivalente de 20% qu’à deux conditions : une pédagogie publique réactualisée des avantages d’être indépendants et un nouvel épisode flagrant de rejet du Québec par le Canada anglais.»
Si une pédagogie publique réactualisée s'avère nécessaire, pourquoi ne pas commencer ici même sur Vigile.net, c'est-à-dire tenir un discours rassembleur.
Je ne souhaite pas que le pays québécois soit le fruit d'«un nouvel épisode flagrant de rejet du Québec par le Canada anglais» parce qu'il s'agit d'un base négative.
Luc Bertrand Répondre
8 décembre 2011Monsieur Guay, monsieur Savoie a entièrement raison. L'Oligarchie utilise maintenant François Legault, comme il a tenté de le faire avec Mario Dumont (2007-2008), André Boisclair (2005-2007), Jean Charest (1998-2005), Lucien Bouchard (groupe des "lucides", industrie du gaz de schiste). L'abdication du Parti québécois au combat pour l'indépendance depuis 1995 a eu comme conséquence de placer tous les partis politiques dans le même chapeau. En effet, en se privant de la plénitude des pouvoirs et des 50 milliards de dollars que nous envoyons allègrement à Ottawa, il n'est plus possible aux politicien(ne)s de tenir leurs promesses, à moins de ne viser que des objectifs très limités. Ceci est encore plus vrai depuis qu'André Boisclair d'abord et Pauline Marois ensuite, ont évacué la réalisation du pays de tout mandat d'un éventuel gouvernement péquiste.
En absence de grande pointure pour défendre l'idée d'indépendance depuis le départ de Jacques Parizeau, les fédéralistes ont, depuis 1995, tout le champ libre pour courtiser (pour ne pas dire "acheter") les grands décideurs du Québec et les encourager à s'en aller en politique. Ils disposent de tous les moyens nécessaires pour arriver à leurs fins (financement, médias, lobbies) et le désabusement des électeurs envers les "vieux" partis leur procure un terreau fertile.
Je me suis d'ailleurs toujours méfié de Guy Bertrand et de ses virements complets et soudains d'allégeance. Il ne faut pas se bercer d'illusions, les fédéralistes ne pensent pas comme les indépendantistes. Pour les premiers, ce sont toujours les considérations économiques à court terme qui prédominent alors que, pour les derniers, ce sont plutôt les questions identitaires et historiques. Les gains nets engendrés par notre nouveau statut de pays ne seront visibles que plusieurs années après une éventuelle déclaration d'indépendance, et après beaucoup de sacrifices. Les fédéralistes (40%) et les souverainistes mous (20%) sont trop préoccupés par le maintien de leurs privilèges (pour les premiers) et leur crainte du futur (pour les seconds) pour envisager l'indépendance par rapport au statu quo actuel.
Nous ne pourrons espérer voir revenir la "tranche" ambivalente de 20% qu'à deux conditions: une pédagogie publique réactualisée des avantages d'être indépendants et un nouvel épisode flagrant de rejet du Québec par le Canada anglais. Et ce n'est pas en acceptant de continuer à respecter les règles du jeu du statut de province du Québec que le PQ, QS ou tout autre parti se disant souverainiste pourra y arriver, même en prenant le pouvoir. Il faudra faire preuve à la fois de cohérence, de courage, de lucidité et de persévérance. Toutes des qualités qui font défaut au Parti québécois, à part l'acharnement démentiel de Pauline Marois à s'accrocher à son poste et à sa fumeuse "gouvernance souverainiste".
Archives de Vigile Répondre
7 décembre 2011OuiM.Savoie vous avez entièrement raison.Comment se fait-il
qu'il y a encore des personnes qui ne voient pas que nous
assistons aux plus grands vols de nos impôts du siècle.Que ce sont nos enfants et petits enfants qui vont payer
chèrement ces dérives à tout point de vue.
Archives de Vigile Répondre
7 décembre 2011Primo : Le Québec a définitivement perdu son rapport de force politique au sein de la Confédération. C’est l’appauvrissement qui nous attend depuis le 2 mai 2011. Les fédéralistes du Québec le savent et seront incapable d’élaborer un discours efficace pour contrer les arguments indépendantistes. Le dernier espoir qui leur reste est de faire avaler le Go au peuple québécois à coup de lavage de cerveau, de désinformation, de manipulation de la vérité et de propagande massive. Au cas où vous ne l’ayez pas réalisé, l’Oligarchie est entrée dans une opération de détournement de notre démocratie et de notre liberté dans le but de venir en aide aux fédéralistes en déperdition et pour empêcher la prise du pouvoir des forces nationalistes à la prochaine élection.
Secundo : Charest et le parti libéral sont foutus à jamais ! L’Oligarchie en profite pour lui faire accomplir des bases œuvres à son seul profit. Ils sont en train de perpétrer le vol du siècle en mettant main basse sur nos richesses naturelles. Ce sont nos enfants et nos petits enfants qui se font flouer. Le Go a reçu la mission d’atténuer les retombées négatives de ce colossal complot et d’empêcher tout soulèvement du peuple.
Tercio : Vous accréditez encore l’idée qu’un Québec indépendant serait incapable de se diriger efficacement et que nous avons besoin d’un ordre de gouvernement "supérieur" pour nous protéger de nous-mêmes. M. Guay, cet argumentaire est totalement dépassé et les fédés ne peuvent plus l’utilisé pour marquer des points auprès d’une clientèle débilitée par la propagande canadienne. Vous pouvez vous attendre à une campagne féroce et sans merci contre les innombrables risques que coure le peuple québécois en restant dans ce piège à rat fédéraliste.
Les fédéralistes modérés, M. Guay, verront par eux-mêmes l’impasse du système et ses conséquences tragiques sur notre niveau de vie. Nous n’avons pas à prendre des gants blancs pour les persuader que l’indépendance est devenue le seul espoir de notre future prospérité.