GESTION DE L’OFFRE

La brèche

73eab78ccd4b512a2859ece5bd02ae4c

Encore un autre exemple de l'incurie fédérale

Pendant que des grands producteurs canadiens de fromages et de yogourts utilisent du lait diafiltré américain en remplacement du lait canadien, les producteurs laitiers d’ici voient leurs revenus fondre. Leur gagne-pain est mis en péril et le système de gestion de l’offre, mis à mal, tout cela parce qu’un règlement fédéral n’est pas appliqué comme il se doit.
En 2008, le gouvernement fédéral a adopté un règlement limitant la teneur en protéines alimentaires des fromages et yogourts produits au Canada. Un des produits visés était le lait diafiltré, un lait enrichi de protéines alimentaires.

Le Canada ne produit pas de lait diafiltré, ou si peu, mais les Américains, oui. Et dans un but bien précis, l’exportation. Comme la production de lait canadienne est soumise à la gestion de l’offre et ses quotas, impossible ou à peu près d’y importer du lait frais. Mais qu’en est-il du lait diafiltré ?

Eh bien, c’est permis si la proportion de protéines alimentaires dépasse un certain seuil. Lorsque c’est le cas, le lait diafiltré est considéré dans sa totalité comme une protéine alimentaire et n’est plus soumis aux quotas imposés sur le lait frais.

Les Américains ont vu la faille et depuis plusieurs années exportent vers le Canada un lait diafiltré ayant une teneur en protéines alimentaires juste suffisante pour éviter les limites de la gestion de l’offre. Du coup, ils peuvent en exporter autant que le client en demande et la quantité a sérieusement augmenté depuis quelques années.

Le règlement limitant la teneur en protéines alimentaires des fromages et yogourts, adopté en 2008, devait agir comme rempart, mais encore aurait-il fallu appliquer ledit règlement. Or l’Agence canadienne d’inspection des aliments persiste à traiter comme du lait frais ce lait diafiltré et ne limite pas son utilisation dans la fabrication des fromages et yogourts. Les plus gros transformateurs, pas fous, l’ont donc adopté pour baisser leurs coûts de production puisqu’il coûte moins cher que le lait frais produit ici.

Certains transformateurs, comme Agropur, en utilisent pour tenir le coup face à leurs principaux concurrents qui en font largement usage, comme Parmalat. Agropur s’est toutefois associé aux producteurs de lait pour demander que le règlement soit appliqué à la lettre et certains petits transformateurs régionaux ont, par solidarité, décidé de bouder le lait diafiltré.


La crise est réelle et inquiète des députés de tous les partis. Le NPD, et en particulier la députée Ruth Ellen Brosseau, en a fait son cheval de bataille, y consacrant une journée d’opposition. Sa motion sur le sujet a toutefois été défaite mardi par les libéraux sous prétexte qu’on y critiquait l’impact des accords commerciaux sur les producteurs laitiers.

Cet effet est pourtant réel. Le gouvernement promet des compensations financières aux producteurs laitiers pour tenter de leur faire avaler l’accord canado-européen et l’accord du Partenariat transpacifique.

Dans le cas du lait diafiltré, c’est la menace de possibles représailles commerciales américaines qui limiterait, dit-on en coulisse, la liberté d’action du gouvernement. En public, le ministre fédéral de l’Agriculture, Lawrence MacAulay, et son secrétaire parlementaire Jean-Claude Poissant disent chercher d’arrache-pied une « solution durable », sans toutefois préciser ce qui fait obstacle.
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->