Lettre à Francis Déry - Précision sur le ViêtNam

L’opium a tué beaucoup de monde en Asie, mais...

On brade la culture française pour une sous-culture commerciale?

Tribune libre

M. Déry, vous n’avez que partiellement raison. Ne mélangeons pas les pommes et les raisins. Vous parlez de l’opium. N’oublions surtout pas que l’opium a été introduit pas les anglais en Chine parce que ces derniers ne parvenaient pas à les battre militairement. Ils ont importé l’opium d’une autre de leur colonie pour ramollir la résistance des chinois et ainsi, ils ont pu en faire, dans leur grande bonté sanglante, une autre colonie. Il est certain que l’opium a ’’émigré’’ au ViêtNam mais n’a pas été, comme vous le laissez entendre, une industrie de base. Vous avez raison quand vous dites que l’opium a tué beaucoup de monde en Asie mais il ne faut pas encore une fois tout mélanger. C’est grand l’Asie et comporte une multitude de civilisations souvent très différentes les unes des autres.
Beaucoup d’Occidentaux croient que les pays d’Asie sont tous similaires. Mes fils, à l’école, se faisaient traiter de chinois. (mon épouse est viêtnamienne) J’ai expliqué à mon aîné que le chinois est une des grandes cultures dans le monde et que se faire traiter de chinois était, en fait, un compliment. Inutile de vous dire que mon message n’a pas passé. Même si la langue viêtnamienne est issue du chinois, il y a très longtemps, elle est une entité à part entière et ne partage à peu près plus son vocabulaire. Autrefois son écriture était composée d’idéogrammes, comme le chinois. Ce sont les missionnaires catholiques français, entre autres, qui ont latinisé l’écriture de cette langue. Ces derniers ont d’ailleurs provoqué, comme à bien d’autres endroits, la guerre et la révolte, voulant changer les mœurs des pays concernés. Les premiers soldats français sont d’ailleurs entrés au ViêtNam pour défendre ces missionnaires ce qui a contribué fortement à l’instauration d’une autre colonie. En parcourant les routes là-bas avec ma petite moto, une Honda Cub, j’ai pu voir, à perte de vue, entre SàiGon et Bien Hoa, les plantations d’hévéas, ‘’propriété’’ de Michelin autrefois. Ces hévéas produisaient du latex de très grande qualité. Le ViêtNam regorge de richesses naturelles diverses ce qui a alléché les colonisateurs français.
Vers la fin du protectorat français, un peu avant 1954, la France qui relevait depuis peu de la grande guerre, a demandé l’aide militaire des USA pour mater la révolte des patriotes viêtnamiens, les Viêt Minh, dirigés par Hồ Chí Minh. Les américains leur ont coupé l’herbe sous les pieds car ils voulaient, en fait, prendre leur place. Après la bataille décisive de Điện Biên Phủ, les conseillers militaires américains ont commencé à s’inflitrer au ViêtNam et la guerre a repris jusqu’aux massacres innommables perpétrés par eux. Si vous croyez que je raconte des salades, tentez de vous procurer le livre de Pierre Blais, chez VLB, ‘’Le Loup Solitaire’’. Cet auteur a vécu ce dont je parle, il l’a vécu de l’intérieur faisant partie de l’armée américaine. Il y a plusieurs années, j’ai réalisé un reportage avec le président de l’Association des Vétérans Québécois de la guerre du ViêtNam dont faisait d’ailleurs partie Pierre Blais. Son témoignage fut très prenant, on aurait pu couper l’air du studio au couteau tellement il était lourd.
Cet aparté du thème principal de mon texte était pour préciser que je trouve un peu étrange de minimiser les 5,000,000 de morts au ‘’profit’’ de l’opium qui n’a pas vraiment été au cœur de toutes ce horreurs américaines. Comme je le disais, le ViêtNam serait un pays riche si ce n’était des prédateurs occidentaux. C’est un pays qui a aussi une riche culture de 4,500 ans. Ce pays est aussi situé aux confins sud de la grande Chine, endroit stratégique par excellence, poste que les Américains auraient bien voulu contrôler.
Un jour, quand j’étais là-bas, j’ai demandé à un vieux monsieur qui, lui, avait vécu la colonisation française, quelle était, pour lui, la différence entre l’époque française et américaine. Il m’a répondu ceci : ‘’…au moins, les français avaient une culture.’’….et c’est ça qu’au Québec on brade pour une sous-culture commerciale issue d’un géant aux pieds d’argile, sur le point de s’écrouler malgré les apparences?
Ivan Parent

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Ivan Parent403 articles

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Pianiste pendant une trentaine d'années, j'ai commencé
à temps partiel d'abord à faire du film industriel, de la vidéo et j'ai
fondé ma compagnie "Les Productions du LOTUS" Les détails seront visibles sur mon site web.
Site web : prolotus.net





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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    13 mars 2012

    C’est ma dernière intervention en ce qui concerne le ViêtNam. Comme je l’ai mentionné précédemment, cela a dévié de mon texte original. C’est un aparté que je n’avais pas prévu et qui n’intéresse pas nécessairement les autres lecteurs de Vigile. Je me suis expliqué à ce sujet. Je ne sais sur quoi a été basé votre long et savant exposé sur l’opium mais si certaines assertions concernant le ViêtNam avaient une certaine exactitude, d’autres, par contre, déviaient de la vérité. De vos derniers textes, transpire un mépris certain vis-à-vis cette nation. À propos de la marijuana, votre phrase ‘’ Je savais la pratique courante.’’ …est une erreur, un préjugé regrettable, méprisant, ce qui enlève de la crédibilité à vos textes précédents. Je connais et fréquente la communauté viêtnamienne depuis les années 80 et je n’ai jamais vu ce que vous affirmez. Je ne dis pas que cela n’existe pas mais c’est très loin d’être une pratique courante comme vous le prétendez. Je ne veux pas initier une polémique avec vous à ce sujet sur Vigile, c’est inintéressant pour les autres, mais j’accepte mal qu’on tente de salir ces gens et de déformer leur histoire.
    Avant de raconter des inexactitudes, je vous suggère fortement de vous permettre de vivre parmi eux, là-bas, d’apprendre la langue et de voir ‘’sur-place’’ ce qui en est. Il ne faut pas tomber dans les préjugés occidentaux, surtout ceux qui prétendent que les habitants des différents pays asiatiques sont tous pareils, rien n’est plus faux. Vivez là-bas un certain temps et vous ferez la différence entre un Viêtnamien du nord, du sud, un Chinois, un Japonais, un Khmer ou un Coréen.
    En terminant, vous devriez savoir que la communauté viêtnamienne est celle qui s’intègre le mieux au Québec, c’est celle qui a adopté le plus la langue française. Dans un temple bouddhiste que je fréquente, (CHÙA HUYỀN KHÔNG) le dimanche après-midi, on donne des cours de langue viêtnamienne aux enfants des familles car ceux-ci ont plutôt tendance à parler français à la maison. Histoire de ne pas oublier complètement la langue et la culture de leurs parents. Ces cours sont aussi offerts gratuitement aux occidentaux qui veulent élargir leurs horizons, tout ceci dans une grande ouverture d'esprit.
    Ivan Parent

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mars 2012

    Le problème américain, c'est qu'une taupe soviétique dirigeait leur politique étrangère.
    Petite image du jour :

    La France y fut cruel selon de les moyens du bord. Mais l'objectif était de développer le pays pour en profiter.
    Reconstruire l'Inde de Dupleix plus à l'Est.
    Les Américains y faisaient que passer.
    "Burn a village in order to save the village"
    Je ne suis jamais allé au Vietnam. J'ai connu cependant un Français d'origine vietnamienne. Son grand-père fut un colon français, ce qui fit de lui un grand Asiatique.
    Le Vietminh a pratiqué un nettoyage ethnique sur tous ces Vietnamiens issus du métissage.
    À défaut d'aller au Vietnam, celui-ci s'est rapproché de moi. Une famille en provenance de Vancouver a acheté la maison de mes parents. Je vis à côté. Pas un traître mot de français. À peine de l'anglais. Puis une descente de police : Plantations de marijuana.
    Je savais la pratique courante. Mais l'ancienne demeure familiale me cause un pincement.
    Après moult rénovations pour cause de moisissure, elle fut revendue à une autre famille vietnamienne. Pas plus de français. Celui que je vois le plus souvent est un moine bouddhiste effectuant ses méditations à l'aube et prenant sa marche zen le matin.
    Je suis plus sur la droite sur le spectre politique. C'est peut-être parce que j'ai vécu six ans avec la fille d'un officier de l'Armée de Libération du Peuple chinois, lui-même un chargé de la propagande communiste. Elle me l'avait présenté comme un historien de l'Armée. Mais les Communistes n'ont que faire des historiens. Ils veulent des chantres et des poètes qui font passer de la fiction pour de l'Histoire.

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mars 2012

    Merci M. Déry pour ce très intéressant exposé sur l’opium. Comme je l’ai mentionné dans mon texte, j’ai parcouru en petite moto les plantations d’hévéas que, bien sûr, les français ont apportées et qui étaient exploitées par Michelin. Tout cela est bien intéressant mais s’éloigne du sujet de la langue française. J’ai simplement mentionné que les américains avaient fait 5,000,000 de victimes, une shoa ‘’made in USA’’. Je n’ai pas vos connaissances en opium mais j’ai goûté ce pays de l’intérieur, j’ai apprécié cette culture, sa population si accueillante et généreuse, et j’ai marié une des leurs après y avoir vécu. Ma référence aux victimes de cette guerre était pour souligner qu’au Québec nous sommes prêts à brader notre culture française ancestrale pour adopter l’anticulture des assassins au sud de notre frontière. Je n’ai, bien sûr, pas assisté aux massacres mais j’en ai vu les séquelles, les plaies plus de trente ans après, les fœtus difformes causés par l’agent orange produit par Monsanto, les mêmes qui fabriquent l’aspartame que certains mettent dans leur café et consomment de différentes façons, gommes à mâcher et sucreries. J’ai vu ces éclopés, ces blessés de guerre qui vous sourient quand ils vous rencontrent en vous disant ‘’tchao ong!’’ ….bonjour monsieur. Des images inoubliables. Plusieurs personnes agées parlent encore le français, toujours considéré comme une grande culture.
    Les Français ont exploité le pays, réduit en esclavage une partie de la population mais ne sont jamais descendu aussi bas dans l’horreur, la sauvagerie que ceux qui les ont remplacé. Même après les accords de Genève plusieurs Français sont restés là-bas après avoir fondé une famille. Ces derniers avaient senti toutes les richesses culturelles et autres inhérentes à ce pays.
    Ivan Parent

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mars 2012

    M. Parent,
    Merci de me faire l'honneur d'un billet pour me répondre.
    Pour les hévéas producteurs de caoutchouc naturel, ce sont les colonisateurs français qui l'ont introduit au Vietnam très tôt au XXe siècle.
    L'hévéas est une plante d'Amazonie. Un Britannique avait fait sortir des graines illégalement du Brésil pour casser le monopole de ce pays en essayant de le produire en Malaisie.
    Cela n'avait pas fonctionné. Les Français ont réussi en Indochine.
    Pour l'écriture latinisé de l'Annamite, si vous observez bien, vous verriez que la phonétique est retranscrite selon une graphie plus portugaise que française. Les Jésuites portugais y ayant séjourné bien avant les Jésuites français.
    L'annamite est très éloigné du chinois. Les Mandarins annamites se devaient d'apprendre le chinois pour connaître les idéogrammes. Les mots annamites diffèrent énormément du chinois en général. Le missionnaire Alexandre de Rhodes basé à Macao a voulu raccourcir la chaîne d'apprentissage en développant une écriture phonétique de l'Annamite.
    Dictionarium Annamiticum Lusitanum et Latinum
    Ce dictionnaire fut précédé par ceux des missionnaires portugais Gasparal de Amoral et Antoine Barbosa.
    Cette innovation sera adopté par la suite par le colonisateur français qui cherchait à développer un corps d'interprètes pour les besoins de l'occupation. Les mandarins dépositaires de la culture annamite la mépriseront, mais les nationalistes vietnamiens s'en empareront pour y développer l'éducation dans les masses généralement illettrées.
    Avant de discuter de l'opium, il faut parler un peu de géoéconomie.
    L'Asie du Sud-Est est une ancienne zone de commerce international, principalement dû aux épices. Les Romains y ont même étendu des relations commerciales terrestres avec la Chine via la route de la Soie et l'empire grec des Indes.
    Des comptoirs de commerce fut aussi éloignés que le Vietnam.
    L'Insulinde était la source de plusieurs épices recherchées, ce qui explique que les Musulmans soient allés directement dans la région avant de conquérir l'Inde.
    La Chine a perdu son monopole de la soie quand deux moine Nestoriens ont transmis à Byzance une canne de bambou recelant des œufs du bombyx du mûrier. Il restait toutefois le monopole du thé (chaí/chaya). Les Anglais puritains vont développer une forte demande pour cette boisson non-alcoolisé. Comme la Chine fut un exportateur net et que les Occidentaux (nambans) n'avaient pas de produits de haute valeur à offrir, la Chine exigeait de se faire payer en argent sonnant. Ou plutôt en des vaisseaux d'argent (sycee/yuanbao/yamboo). La Chine ayant connu un désastre économique avec la monnaie de papier qui a fait écroulé la dynastie Yuan.
    Les premières sources d'argent furent obtenues dans le commerce triangulaire entre l'Asie du Sud-Est, la Chine et le Japon avec l'argent provenant des rivières japonaises.
    Lorsque la source japonaise s'est tarie (et le Japon qui s'est refermé en arrêtant le système des Shuinsen (sceaux vermillon), les Compradores et Nambans importaient l'argent de la mine de Potosí sous la forme de pesos de huit réals.
    Les Anglais et Hollandais s'y alimentaient via la piraterie ou la course dans les Antilles.
    La mine du Potosí a décliné sa production dès le milieu du XVIII siècle. Une des causes de l'indépendance américaine fut l'obligation de payer les impôts à l'Angleterre en pièces sonnantes d'argent ou d'or. Le colonial scrip n'étant pas acceptable. Aussi les Américains devaient payer une taxe lorsqu'ils achetaient leur thé aux marchands qui ne relevaient pas de la East India Co. La cherté du thé fit que plus on descend dans le Sud, plus le thé est coupé avec le sucre de canne. Cela a mené au Boston Tea Party.
    Une fois les USA indépendants, la East India Co décida de faire pousser de l'opium au Bengale et dans le Coromandel.
    La East India est une compagnie à charte avec monopole commerciale accordée par Londres pour le commerce entre les Indes Orientales et le Royaume-Uni. Multinationale de façade, la compagnie a entourloupé les différents rajahs accordant des droits de comptoirs en les poussant les uns contre les autres, ruinant ainsi leurs états. La corporation prenait en charge les états faillis comme ses propres possessions (et non des possessions anglaises). Elle engageait des mercenaires locaux (sipahis ou cipoys) ou d'ailleurs pour sécuriser ses états. La East India Co a réussi à faire plier les comptoirs français ne laissant que Pondicherry, ainsi que le comptoir portugais de Gao. Une fois l'emprise devenue indisputable après la Guerre de Sept Ans, la East India Co décida de pousser les paysans indiens à cultiver l'opium au lieu des cultures vivrières traditionnelles. Les paysans y furent contraints via les magouilles commerciales.
    http://www.youtube.com/watch?v=sNhADTcnx4k
    http://www.youtube.com/watch?v=MVfCqUWs9mo
    Il s'ensuivit une famine généralisée qui fit mourir un quart ou un tiers des Bengalais selon les estimations (7 à 10 millions d'âmes).
    http://en.wikipedia.org/wiki/Bengal_famine_of_1770
    Cette famine causée par un système d'imposition rigide a des parallèles avec la Grande Famine Irlandaise qui surviendra plus tard. Mais le compte-rendu de Williams Bolts a éclairé les vices de gouvernance.
    William Bolts (1740–1808) was a private merchant of Dutch origin known for his book, The Considerations on Indian Affairs (1772), which detailed the exploitation and despoiling of Bengal by the East India Company (EIC) and its officials which began shortly after the Battle of Plassey in 1757.
    In the 18th century, Britain had a huge trade deficit with Qing Dynasty China and so in 1773, the Company created a British monopoly on opium buying in Bengal. As the opium trade was illegal in China, Company ships could not carry opium to China. So the opium produced in Bengal was sold in Calcutta on condition that it be sent to China.[19]
    Despite the Chinese ban on opium imports, reaffirmed in 1799 by the Jiaqing Emperor, the drug was smuggled into China from Bengal by traffickers and agency houses such as Jardine, Matheson & Co and Dent & Co. in amounts averaging 900 tons a year. The proceeds of the drug-smugglers landing their cargoes at Lintin Island were paid into the Company's factory at Canton and by 1825, most of the money needed to buy tea in China was raised by the illegal opium trade.
    In 1838, with the amount of smuggled opium entering China approaching 1,400 tons a year, the Chinese imposed a death penalty for opium smuggling and sent a Special Imperial Commissioner, Lin Zexu, to curb smuggling. This resulted in the First Opium War (1839–1842). After the war Hong Kong island was ceded to Britain under the Treaty of Nanking and the Chinese market opened to the opium traders of Britain and other nations. A Second Opium War fought by Britain and France against China lasted from 1856 until 1860 and led to the Treaty of Tientsin.

    http://www.youtube.com/watch?v=fEo3B8hBBtA
    Comme la East India Co ne pouvait délivrer l'opium directement en Chine, elle a eu recours à des intermédiaires. Les firmes Jardine&Matheson et Dent&Co organisaient les transactions à échanges indirectes en gérant les relations. L'opium est une plante originaire de la Perse et de l'ouest de la Mésopotamie. Il ne faut pas se surprendre que la majorité des contrebandiers initiaux furent des Parsi de Bombay (24 maison en tout). Les clans iraniens gèrent encore des entreprises de contrebande d'opium et d'héroïne en Europe et en Asie. Par exemple, les Yakusa leur ont laissé le terrain des ports japonais.
    Mais celui qui a dominé le trafic de l'opium fut David Sassoon, un Juif Mizrahi originaire de Bagdad qui a dû fuir un changement de régime dans l'empire Ottoman pour s'établir à Bombay. David Sassoon a su bénéficier de contacts dans la communauté séfardi de Londres pour pistonner ses entreprises et profiter d'informations privilégiés en matière de politiques pour devenir l'homme le plus riche de l'empire britannique (Il ne maîtrisait même
    pas l'anglais, mais ses fils s'angliciseront). L'un de ses petit-fils, Edward Albert Sassoon a pu marier Aline Caroline Rothschild, l'une des héritiers de la branche française des Rothschild, malgré la tradition endogame de cette famille.
    Si la East India Co utilisait les contrebandiers perses, c'est pour se blanchir de la contrebande. Tout comme les compagnies de tabac utilisent les réserves amérindiennes pour faire fi des lois. Par la suite, les clans iraniens s'effaceront, et les Sassoon développeront les activités de comptoirs imposés par le Traité de Nankin en utilisant de plus en plus les services de caboteurs américains pour livrer la marchandise aux comptoirs. Les familles américaines qui participèrent à ce commerce ont formé l'épine dorsale du Skull&Bones.
    La contrepartie chinoise de ce trafic se voulait défiante de l'autorité mandarine associée à la dynastie Qing. Ces réseaux formés de clans se structuraient aussi sous la forme de sociétés occultes qui devinrent les Triades (Tiandi-hui/Sanhe-hui). Malgré leur affirmation patriotique, ils vont contribuer à l'empoisonnement du peuple chinois, car la richesse est source de pouvoir. Avec elle, les triades peuvent soudoyer des fonctionnaires et saper l'autorité mandchou. Pour paraphraser Chiang Kaishek, les Diables Blancs ne sont qu'une maladie cutanée, et les Qing sont un cancer.
    De ces Triades émergeront les sociétés xénophobiques liées aux Pavillons Noirs et aux Boxers. Sun Yatsen était un trésorier de haut grade dans les Tiandi-hui. Il a participé dans plusieurs sociétés issues de ces triades avant de mener la Ligue Nationaliste Chinoise qui pratiquait le trafic de l'opium autant que l'extorsion en Chine et dans les Chinatowns de l'Occident. Le Parti Nationaliste de Chine (Kuomin Tang/Guomindang) est l'expression politique de cette ligue. Les Hongmen/Hungmun dits Franc-maçons chinois furent leur soutien en Chine comme dans la Diaspora chinoise, comme ils le sont aujourd'hui pour le Falun Dafa. (La secte du Falun Gong partage les locaux de la Ligue Nationaliste du 1101, rue Clark à Montréal).
    Les Français, tassés de l'Inde par les Britanniques après la bataille de Palashi (Plassey) en 1757, utiliseront l'entente de la Concorde pour se rebâtir un empire équivalant en Indochine sous Napoléon III (L'Empire, c'est la Paix). À souligner que Napoléon III était financièrement dépendant de la banque de James Meyer Rothschild (branche française), dont la petite-fille Aline Caroline épousa Edward Albert Sassoon. La France sera aux côtés de l'Angleterre pour obtenir plus de concessions en Chine. La compétition fraternelle entre les branches de Nathan Mayer et de James Mayer feront que la France cultivera elle-même son opium dans sa nouvelle colonie d'Indochine. L'avantage français étant sa proximité des comptoirs chinois au Yunnan et sur la façade du Pacifique.
    L'inconvénient fut sa fragilité stratégique puisque les Pavillons Noirs chinois aidés de mercenaires anglo-saxons
    ont empêché la main-mise française sur le Tonkin et bloqué le trafic sur la Rivière Rouge (Route de l'Opium). Les Pavillons Noirs se réclamaient des Taiping, mais ils étaient le produit des Tiandi-hui.
    Les Britanniques mettront fin au monopole de la East India Co après la révolte des Cipoys (Première Guerre d'Indépendance de l'Inde) en 1857, et le protectorat fut nationalisé en 1877 sous le mandat de Benjamin Disraeli (Victoria devenant l'impératrice suzeraine).
    La production de l'opium fut occulté par son déplacement dans les confins de l'Assam et en Birmanie nouvellement mise sous protectorat. C'est la naissance du Triangle d'Or.
    Les Japonais se sont intéressé à l'Indochine en favorisant le parti de guerre Thaï contre la France en 1940. Ils ont commencé à occuper l'Indochine juste avant l'attaque de Pearl Harbour. (Darlan a ordonné la non-résistance française puisque les lignes d'approvisionnement ne fonctionnaient plus et que la guerre contre la Thaïlande a épuisé les stocks de munitions.) Le Kuomintang a requis l'aide de mercenaires américains (les Tigres Volants de Chennault) pour maintenir sa dominance dans la région du Triangle d'Or et maintenir une ligne d'approvisionnement via la fameuse Route de Birmanie. Le Groupe de Volontaires Américains, noyau du China Air Task Force fut réintégré à la USAAF en juillet 1943 après des négociations avec Jiang Kaïshek.
    Les Américains ont soutenu le Viet Minh même si les Communistes attaquaient les Français de toutes allégeances. FDR fit clairement savoir à la conférence de Washington que la France serait dépossédée de l'Indochine. FDR a proposé de donner l'Indochine à la Chine nationaliste. Chiang Kaïshek a répondu "Sous aucune considération !" (http://books.google.com/books?id=v5YlBtzklvQC&pg=PA235&dq=chiang+kai-shek+vietnam+Under+no+circumstances&hl=en&ei=hI4OTZGwIcL98Aasn5iVDg&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CCgQ6AEwAQ#v=onepage&q=chiang%20kai-shek%20vietnam%20Under%20no%20circumstances&f=false)
    Le Kuomintang a toutefois occupé le Tonkin pour accepter la reddition japonaise (Une question de face) et y est resté jusqu'en 1946 pour forcer la France à renoncer à ses concessions chinoises.
    Claire Chennault fonda le Civil Air Transport après la guerre pour desservir la zone du Triangle d'Or et alimenter les forces de Chiang Kaïchek en armes et munitions dans sa lutte finale contre les Communistes. Les États-Unis lâchent brutalement Chiang Kaïshek en 1948. En octobre 1949, les Communistes contrôlent Pékin et avancent au Sud. L'Armée Révolutionnaire s'effondre. Les officiers et officiels du KMT fuient à Taïwan ou changent d'allégeance. Les irréductibles au Yunnan passent la frontière et se convertissent en seigneurs de guerre et trafiquants d'opium.
    La France réoccupe le Tonkin. L'intérêt stratégique est d'isoler le VietMinh de la Chine communiste. Elle n'y parviendra pas vraiment. Le Vietminh est renforcé par des troupes chinoises (trois divisions) et Giap inflige un sérieux revers aux Français avec le désastre de la route colonial 4 en 1951.
    Il reste à prévenir la main-mise communiste sur la Plaine des Jarres (productrice de pavot). La bataille de Dien Bien Phu s'amorce pour défendre la cuvette stratégique. L'aide des partisans montagnards Hmongs fait défaut. Le CAT de Chennault, acheté par la CIA en 1951, assure la logistique. Faute d'appui aérien, la position devient intenable et le CAT ne peut plus passer. L'Armée française capitule à DBP.
    Par la suite, Eisenhower, qui avait lâché la France, commence à soutenir un régime non-communiste vietnamien à Saïgon qui inclut les éléments du KMT vietnamien (VNQDD) après la mort de Diem en 1963. Après la mort de Claire Chennault, sa veuve chinoise, Chen Xiangmei/Anna Chen Chennault, s'occupera de CAT devenu Air America.
    En refermant les portes de la Chine, les Communistes ont fait baissé la valeur commerciale de l'opium. L'opium servait toutefois de monnaie locale des seigneurs de guerre et son exportation finançait les lignes d'approvisionnement.
    D'où l'intérêt de la CIA dans son trafic. Toutefois, la politique d’apaisement des États-Unis envers la Chine sous Nixon conduisait à l'abandon du Vietnam et au déclin de la production de la Plaine des Jarres. Il ne reste plus que la zone rebelle de l'État Shan dans le nord birman. Le régime birman étant devenu essentiellement un satellite chinois.
    Quant au thé, les Chinois ont perdu le monopole avec les plantations de théiers développés en Inde. Ce qui réglait la question du déficit commercial récurrent.
    De nos jours, il s'est redéveloppé un autre déficit commercial important. Le tabac est devenu le nouvel opium du pauvre pour profiter de la forte accoutumance des Chinois.