L'intimideur en chef

Tribune libre

La méthode politique de Jean Charest est vieille comme le monde. Elle consiste à choisir ses ennemis, qui ne s’y attendent pas, puis de les attaquer selon son intérêt du moment.
Dès qu’il fut élu premier ministre, les syndicats furent ciblés. Puis les fonctionnaires, sans défense, qui devaient passer à la moulinette de la défunte ré-ingénérie de l’État. Jamais un premier ministre québécois ne s’est attaqué avec autant de partisannerie au leadership du chef de l’opposition, jamais avec autant de hargne, jamais, jamais, au point d’en être suspect. Mais il se trouve que Pauline Marois n’a pas peur de Jean Charest. Et elle n’est pas seule dans son camp.
La crise en cours, relativement facile à circonscrire par un chef d’état, devient inaccessible à un chef de parti aux abois. Jean Charest avait pressenti depuis longtemps que les étudiants pourraient constituer un jour ses ennemis du moment. Il a « patienté » longtemps, en effet, de façon à bien cerner son ennemi. La loi qu’il fait maintenant adopter par l’Assemblée Nationale, si elle met le couvercle sur la crise, ne sera pas suffisante pour faire baisser la température. Celle-ci va continuer d’augmenter car la crise n’est plus seulement une affaire de droit mais une affaire de cœur, c’est-à-dire une affaire de dignité.
Dans cette affaire de dignité, il faut bien le dire, Jean Charest tient le mauvais rôle et agit précisément à la manière d’un intimideur, lui pourtant le porteur du dossier Jeunesse au gouvernement. Il y a pas mal de boycotteurs et de marcheurs, jeunes et vieux, qui n’ont plus peur de lui.
Il arrive qu’un intimideur trouve chaussure à son pied, parce qu’ici tout un peuple—c’est Nous ça-- en a plein vous savez quoi.
Vivement des élections.



Laissez un commentaire



4 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    19 mai 2012

    Si la graphie du nombre 69 porte un sens universel, on pourrait en trouver un pour le nombre 78, numéro de la loi inique:
    Le chiffre 7, manuscrit, porte un trait horizontal, facilement vu comme turgide et palpitant comme la trique du violeur. Dans cette position face au 8, il montre une hésitation entre enculer ou niquer les Québécois!

  • Marcel Haché Répondre

    19 mai 2012

    @ O
    Merci de votre réponse si juste. Faudrait voir aussi comment nos journaleux sportifs vont s’écraser devant la demande des Redmen de McGill de jouer leur football dans la ligue de l’Ontario…Tous à terre comme des vers de terre.

    Charest, c’est un très vieux Québec, celui d’avant, celui qui acceptait de partager la gestion la province avec les représentants du West Island. Il n’y a plus d’Éric Kierans au gouvernement, mais il y avait jusqu’à récemment Line Beauchamp, élue par le West Island italien, il y a maintenant Courchesne, élue par le West Island arabe et grecque. Le miniss de la justice est l’archétype du franco de service.
    Sont d’autant plus durs à notre égard (la gang de Mc Gill et Concordia ne sont pas dans la mire) qu’ils dépendent de ce petit pourcentage des voix portés systématiquement contre Nous. Ce vieux Québec n’a plus rien à voir avec le Québec actuel. C’est la raison fondamentale du manque de légitimité d’un gouvernement littéralement dressé contre le Québec nouveau, annoncé par les étudiants.
    Le Québec est bloqué depuis longtemps. Ça achève. Les libéraux itou…

  • Marcel Haché Répondre

    18 mai 2012

    À propos de la loi 78, la même colère que celle des événements d’Octobre me revient. Ce ne sont pas tels et tels articles de la loi qui me pompent, c’est cet immense enfumage politique que les libéraux fournissent encore, surtout ce ton de menace de Jean Charest : « Ça va changer » (au Québec). Comme naguère Trudeau : « vous allez vous faire faire mal », et de Nous envoyer l’armée.
    Mais pour qui se prennent-ils ces minables représentants du West Island ?
    Mais pour qui Nous prennent-ils ?

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    18 mai 2012

    M. Haché,
    Vous avez choisi « L’intimidateur » comme épithète, et c’est fort opportun dans le sens où cette larve truffe ses borborygmes de « combattre la violence, l’intimidation ». Or le choix des qualificatifs est large, toujours à la honte des Québécois qui l’ont vu battre le record des visites à l’étranger… surtout en France !
    Comment donc pareille boule de suif a-t-elle pu ouvrir la bouche en France si souvent sans que les journalistes ne tournent les talons, carrément ? Peut-être a-t-il trop étiré l’élastique : la vulgarité finit par perdre du pouvoir. Le pouvoir des hydrocarbures a placé sur l’échiquier deux goons sans pensée politique, sans projection historique, sans égards à la mission « service » du pouvoir politique. Celui de Paris a mordu la poussière, et a été remplacé par un élu qui utilise du vocabulaire :
    « Les années qui viennent doivent être celles d’une nouvelle hiérarchie des valeurs, au sommet de laquelle la science, l’intelligence, la volonté d’apprendre et de transmettre seront les vertus les mieux reconnues et les plus respectées, bien davantage que l’argent »
    C’est Christian Rioux, ce matin ("La jubilation d'apprendre"), qui nous rapporte ces mots inauguraux de François Hollande comme Président de la République française.
    Au lieu de « bonheur de la connaissance, sens de la curiosité intellectuelle, liberté souveraine de l’esprit et jubilation d’apprendre » notre vendeur de chars rouillés parle : « investissement, réussite, succès, compétition internationale, mondialisation ! » Il ne lui viendrait pas à l’idée qu’un étudiant est au contraire celui qui fait le sacrifice d’un salaire immédiat sans pourtant la moindre garantie pour l’avenir. C.R.
    La balle rebondit depuis trop longtemps dans le camp des indépendantistes… Saurons-nous au moins voter stratégiquement, en accueillant les étudiants pressés d’en découdre avec l’injustice et la rouerie, dès que la boule du boulier tombera sur Now ?