L'indépendance recentrée

Un million de têtes molles ne feraient pas un parti de têtes dures

Tribune libre

Lorsque l’État permet et encourage les communautarismes, en vertu même de la doctrine de l’inter-multiculturalisme, lorsque des sommes faramineuses y sont englouties en pure perte, la nôtre incidemment, notre propre affaiblissement national, il faut alors remarquer aussi toute la subtile hésitation que l’inter-multi engendre auprès des partis politiques.
Pour ne pas heurter ces différents électorats qui grandissent sans cesse, qui sont FACILEMENT FÉDÉRÉS PAR LES PARTIS CHARTISTES FÉDÉRALISTES, à la moindre adversité politique d’un seul groupe, les partis politiques québécois, le P.Q. mais surtout, et tout particulièrement Québec Solidaire et le Bloc, tous jouent profils bas. Cela induit de la confusion auprès de l’électorat des Tremblay d’Amérique, en même temps qu’un sentiment d’impuissance.
Qui Nous défend ?
L’immigration est perçue irritante quelques fois, souvent quant aux « accommodements », et malgré des chiffres de présence à l’Aide Sociale qui sont désastreux, rien moins que scandaleux, l’immigration apparaît bienfaisante, incontournable. Quand on croit être né pour un p’tit pain, qu’on pense notre cause incertaine, l’immigration apparaît alors naturelle, nécessaire, comme étant l’expression même de la Raison.
Lorsque les différents communautarismes sont bien installés, confortant l’État qui les conforte, qui les a créés, les conditions sont alors réunies pour eux de passer de plus en plus facilement et tout naturellement à la procédure de la réunion des familles. Le réservoir de ces familles étant immense, le processus mis en marche est sans fin. Ce processus, c’est celui de la reconnaissance de la citoyenneté.
Le Canada est un très prodigue pourvoyeur de citoyenneté nouvelle.
Ultimement, l’État, qu’il soit canadien ou québécois-- cela n’a aucune importance ailleurs que dans le cerveau de Gérard Bouchard-- l’État lui-même, l’État inter-multi, se sera donné une formidable base civique, et donc électorale, une véritable clientèle, TOUJOURS EN FAVEUR de la venue de plus en plus grande d’immigrants. Et cela fera de plus en plus hésiter, mais de moins en moins subtilement, les partis politiques favoris des Tremblay d’Amérique. Parmi nos leaders « souverainistes-fédéralistes », à Québec, mais surtout à Ottawa, bien des ouaouarons se transforment alors, bien inutilement, en grenouille à petite bouche…
C’est dans ces conditions que le P.L.Q.pourrait devenir un véritable parti de gouvernement au Québec—contrairement à ce que croit la gauche, je reste poli—lui seul parti capable de fédérer son électorat, alors même que les Tremblay d’Amérique diviseraient en majorité leurs votes au profit de l’opposition aux libéraux.
Si le P.Q. n’y porte pas attention, particulièrement les indépendantistes, les Tremblay d’Amérique pourraient être toujours dans l’opposition dans leur propre maison !
Quoi qu’on en dise, l’A.D.Q. a mérité. Il était normal que ce soit un tiers parti qui mette le problème immigration en relief. Comme il était normal aussi que ce soit un tiers parti, de gauche, qui se dise souverainiste, Québec Solidaire, mais qui devienne aussi le plus farouche partisan de l’inter-multiculturalisme. Le P.Q., lui-même déjà à gauche sur l’échiquier, et toute la gauche en général, sont empêtrés plus ou moins dans l’inter-multi, et sont là en maudite bonne compagnie : celle des libéraux, la droite honnie.
Vigile fait souvent allusion aux faux consensus. S’il est un de ces « consensus » à dénoncer, c’est bien celui qui voudrait faire croire que les Tremblay d’Amérique au Québec aient un jour donné leur accord à pareils taux d’immigration.
La vérité, c’est que l’État québécois, pourtant social-démocrate depuis 40 ans, mais lâche et sournois, capitulard aussi, notre État a pris à cet égard le relais de l’État fédéral contre Nous.
L’envers de cette triste vérité, à proclamer haut et fort, est aussi que jamais, JAMAIS-JAMAIS, les Tremblay d’Amérique n’ont voté pour çà !
Voter ? Nos adversaires sont prompts, par ailleurs, à affirmer l’avoir fait. Affirmer que nous aurions déjà voté, en votant Non, par deux fois Non à nous-mêmes … QUE CELA DEVRAIT SUFFIRE… et que, la « mondialisation » aidant, nous pourrions passer à autre chose… sortir de notre cocon… Nous ouvrir…
Suffire ? Cela ne devrait pas « suffire » à nous intimider. Nos adversaires ont les mains longues mais la mémoire courte : n’ayant pas eu à souffrir, ils se souviennent peu du référendum de¨95. Ils s’appliqueraient même à l’oublier. Ce faisant, c’est Nous qu’ils tentent d’oublier. Si les fédéralistes québécois ne manquent pas encore d’entêtement, les indépendantistes, de conviction, notre camp manque de résolution et de fermeté : unies ou convergées, un million de têtes molles ne feraient pas un parti de têtes dures…Et puis d’ailleurs, à ce chapitre, il existe déjà un tel parti, un parti de têtes dures et de cœurs fidèles…Faut être mesquin et de bien petite nature, sans aucun doute de la famille grenouille à petite bouche, très mauvais stratège aussi, pour avoir déjà déconsidéré le P.I., et s’être réjoui de ses modestes résultats électoraux. Mais faut-il se surprendre ? Ce sont les mêmes « stratèges » (ayoye!) qui poussent maintenant afin de laisser les libéraux au pouvoir, les évènements et l’indépendance du fameux peuple souverain ne se présentant pas comme ils avaient prévu…
Malgré toute la règlementation, aussi tout le fla-fla qu’a fait récemment la ministre James au fait que les parrainés d’Haïti, n’iraient pas bientôt à l’aide sociale, ce n’est pas à cette ministre de nous le dire, c’est à son compagnon ministre, pomme pourrie d’un gouvernement pourri, le ministre Hamad, c’est à lui de nous dire et nous expliquer ce qui arrive aux parrainés dont les parrains manquent à leurs obligations. À lui, et non pas à la ministre James, pomme plus pourrie encore, de nous expliquer que l’État québécois des Tremblay d’Amérique paie ou ne paye pas, (mon œil !) depuis très longtemps un service des « garants défaillants »
Toute l’immigration au Québec est une passoire, coûteuse.
De A à Z !
Cette immigration se fait au nom de la supposée « tolérance » et du bla-bla humanitaire de l’inter-multiculturalisme. Pourtant, c’est Nous qui sommes dans la mire canadienne. C’est Nous la cible depuis toujours. Mais c’est Nous qui payons !
C’est Nous qui payons, ici et maintenant, notre propre affaiblissement national.
Il serait plus que temps de changer de ton avec les fédéralistes, particulièrement avec la catégorie des Gérard et autres trous de culs de même espèce, avec quelques souverainistes aussi, amis et faux amis, et prendre à témoin les Tremblay d’Amérique. Je n’ai jamais eu honte d’être un Tremblay d’Amérique, mais il m’arrive quelques fois maintenant d’être gêné d’être québécois : on nous méprise chez- nous. On méprise souvent notre jeunesse, et plus souvent encore notre vieillesse, et bien trop facilement. Pour cela, on divise la nation. Les libéraux divisent la nation.
L’indépendance qui reste à faire, si évidemment nécessaire, à portée de main, de cœur, fidèle, ce n’est pas de l’indépendance d’un « territoire » dont il s’agit, au diable le Labrador, le Plateau, le « west island » et autres balivernes ! Ou celle encore de nos « valeurs », dernière cuvée frelatée du nationalisme « civique », si lâche et si délétère, au diable une bonne fois ces courageux stratèges du reniement de soi et leurs stratégies de deux de pique! Ou pire encore, la pire entre toutes, l’indépendance de « l’État du Québec », simplement alors la « souveraineté du Québec ». Comme une incantation. Depuis 40 ans ! 40 longues années sans succès la même incantation ! Et jusqu’à tout récemment encore, toujours, à Ottawa-les-têteux : « vive la souveraineté »… Et toujours applaudi…
C’est la nôtre, au contraire, notre indépendance à Nous—à Nous, ben oui mon Gilles, à Nous— dont il devrait être question. Et radicalement. Ce serait même urgent. Cela aurait sans aucun doute, SURTOUT, un formidable effet d’entraînement auprès de bien des tièdes, qui commenceraient eux aussi à dire Nous !
(Chaque fois que le peuple indépendantiste souffle sur les braises, la chaleur revient. N’oublions jamais ni Bourgault ni Falardeau ! Non plus que bien des combattants, décidés et hargneux, qui sont dans la continuité du sniper de Trois-Pistoles, celui de l’Action Nationale, celui de Vigile…)
Nous sommes AU CENTRE d’une libération à faire. D’une libération inédite. Laissons les vieilles formules. Nous ne sommes ni à gauche ni à droite de nous-mêmes. Nous sommes d’un vieux peuple en attente, riche mais menacé. Vrai que nous n’avons pas dit notre dernier mot. Nous commençons seulement. Nous commençons seulement à nommer les choses. S’en vient pourtant un vent auquel nous ne pourrons plus nous soustraire encore bien longtemps.
Devant le mur destiné à notre propre confinement politique, sinon même notre dissolution, sans échappatoire ni alternative, rien d’autre que la fidélité à Nous-mêmes. Notre résolution part de là, de nulle part ailleurs.
Vive l’indépendance !


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 avril 2010

    Monsieur Haché
    Félicitations pour votre texte que je viens de relire. Espérons que les chefs Marois et Duceppe de nos 2 partis (cons)fédéralistes qui se disent souverainistes, (hic!) se réveillent et comprennent votre message qui est très clair. WAKE UP! (pour employer votre expression)
    André Gignac le 19/4/10

  • Archives de Vigile Répondre

    19 avril 2010

    @ Gilles Bousquet
    Quelle est la différence entre des partis souverinainistes qui divisent le vote selon vous et le PQ qui a le gros du bâton et qui ne s'en sert pas pour faire l'indépendance? Minables petits politiciens péquistes opportunistes et (cons)fédéralistes qui ne sont qu'à la recherche du p'tit pouvoir provincial. Et qu'est-ce qu'on attend pour changer ce systême électoral désuet digne de l'époque des dinosaures pour instaurer le systême proportionnel au Québec? Il faut évoluer cr....
    André Gignac le 19/4/10

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2010

    Virage péquiste
    Le PQ a un nouveau positionnement depuis une fin de semaine à Lévis.La gang à Pauline veut aider les moins pauvres à devenir plus riches. Silence sur le comment y arriver.
    Toujours un silence total sur l’idée d’indépendance.Cela n’est pas prioritaire.Elle partage l’opinion de Lucien Bouchard,l’indépendance n’est pas faisable,peut être que oui dans un future lointain.
    Un gouvernement du PQ quêtera des arrangements administratifs sectoriels de souveraineté avec le Canada.Le Québec sera toujours une province tour à Babel linguistique et ghettoisée,ordonnance de la cour Suprême du Canada monarchique.
    Lorsqu'elle est devenue chef sans opposition du PQ en 2007, Mme Marois avait promis de réviser la version péquiste de la social-démocratie.Promesse tenue.C’est chose faite.La discussion est orientée par ses apôtres.À prendre ou aller voir ailleur pour le cénacle.
    Point positif.Mme marois a libéré le PQ de sa couronne d’épines,le club des ex-vieux syndicalistes extrémistes,gros parleurs petits faiseurs,avec le même ADN que des ex-syndicaleux prenant des vacances dans le Sud avec les boss,à la fin d’un film québécois.

  • Gilles Bousquet Répondre

    18 avril 2010

    M. Duval, Mme Marois n’a jamais dit qu’elle refusait de tenir un référendum. Elle ne va pas en tenir un si elle n’a pas de bonnes chances de le gagner…nuance importante…me semble. Mme Marois n’a jamais dit qu’elle refuserait d’en tenir un à courte échéance. Si le PQ prend le pouvoir en 2013, ça va être quoi le concept de la souveraineté à ce temps-là et la stratégie à adopter en conséquence ?
    J’aimerais savoir ce que propose M. Duval. Un référendum rapide sur la souveraineté du Québec, suite une victoire éventuelle du PQ ? Forcer immédiatement la démission du PLQ que nous venons d’élire ? Comment ?

  • Xavier Duval Répondre

    18 avril 2010

    Attendre 3 ans c'est long et encore faut-il gagner, mais ce n'est pas du tout ma crainte, il faut dire les choses telles qu'elles le sont. Ce qui est inquiétant est si le PQ continue à refouler la question nationale et refuse de tenir un référendum par peur de perdre... Seules sont perdues d'avance les batailles qu'on ne livre pas (Charles De Gaulle)

  • Gilles Bousquet Répondre

    18 avril 2010

    M. Haché écrit : «C’est la nôtre, au contraire, notre indépendance à Nous—à Nous, ben oui mon Gilles, à Nous— dont il devrait être question. »
    Le Nous comprend qui exactement M. Haché ? Tous les Québécois francophones et anglophones ? M. Charest ? M. Chrétien qui vit à Ottawa avec un chalet en Mauricie ? Les Musulmans, les Juifs aussi ?
    M. Haché écrit encore : «Et puis d’ailleurs, à ce chapitre, il existe déjà un tel parti, un parti de têtes dures et de cœurs fidèles…Faut être mesquin et de bien petite nature, sans aucun doute de la famille grenouille à petite bouche, très mauvais stratège aussi, pour avoir déjà déconsidéré le P.I., et s’être réjoui de ses modestes résultats électoraux »
    Certains souverainistes pouvaient se réjouir des modestes résultats électoraux du PI vu que si les 3 actuels partis indépendantistes/souverainistes québécois, tiraient chacun le tiers des votes souverainistes, il n’y aurait pas plus de 3 ou 4 députés souverainistes à notre Assemblée nationale,
    Faut juste pas que ça arrive, pour des raisons d’efficacité électorales, aux souverainistes du Québec. Ça me semble facile à comprendre. Ceux qui fondent des partis souverainistes, divisent le vote souverainiste. M. Bourgault en était bien conscient, ce qui est c’est encore vrai.
    Pour contrer cet éparpillement des partis souverainistes, faut que chaque souverainiste vote stratégiquement, dans son comté, pour le candidat indépendantiste qui a plus de chances de défaire le candidat fédéraliste, selon le dernier sondage publié dans soin, précédant l'élection.

  • Archives de Vigile Répondre

    18 avril 2010

    J’ai plein d’espoir.
    Patience.
    Ça passe vite 3 ans.
    Ça donne plus de temps pour que la relève s’affirme.
    Charest et sa gang finiront au fond du ravin.