Lucien Bouchard

L'homme de Talisman Energy

La rémunération du nouveau président de l'APGQ sera entièrement assumée par l'entreprise de Calgary

Gaz de schiste


Alexandre Shields - C'est la multinationale Talisman Energy, une société qui a reçu des avis d'infractions du ministère de l'Environnement dans le cadre de ses opérations au Québec, qui rémunérera Lucien Bouchard lorsqu'il prendra la tête de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APGQ). C'est d'ailleurs cette entreprise basée à Calgary qui avait suggéré le nom de l'ancien premier ministre au comité chargé de trouver un successeur à André Caillé.
Selon ce qu'a précisé au Devoir une porte-parole de Talisman, l'entreprise paiera «des honoraires professionnels» pour les services de M. Bouchard par le biais d'une entente signée avec Davies Ward Phillips & Vineberg, le cabinet d'avocats où travaille l'ancien premier ministre. Selon ce qu'on peut lire sur le site du cabinet, Lucien Bouchard «est un associé qui fait partie des groupes de pratique Droit des sociétés et droit commercial, Droit de la concurrence et examen de l'investissement étranger, et Litige».
Il n'a toutefois pas été possible de connaître la teneur de la rémunération qu'il touchera lorsqu'il entrera en fonction le 21 février prochain. À l'APGQ, on a confirmé que M. Bouchard ne sera pas rémunéré par le lobby des énergies fossiles. En fait, aucun membre du conseil d'administration de l'APGQ n'est rémunéré par l'association elle-même, a rappelé son directeur, Stéphane Gosselin. Lui-même ne savait pas quelle forme allait prendre la rémunération de l'ancien premier ministre. «C'est une entente avec Talisman», a-t-il laissé tomber.
Dans le cas du président sortant, André Caillé, c'est l'entreprise Junex qui lui fournissait une rémunération puisqu'il y agit à titre de «conseiller stratégique senior». En avril 2008, lorsqu'il est entré en poste, Junex lui a accordé 600 000 options d'achat d'actions au prix de 1,68 $ chacune. Selon le contrat, il devrait avoir touché toutes ses options d'ici avril prochain. Celles-ci sont valides pour une période maximale de 10 ans à condition que M. Caillé demeure en poste à titre de conseiller stratégique de la compagnie durant toute cette période.
Au-delà des questions de rémunération, M. Gosselin — ancien chef de cabinet du ministre du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation — a surtout salué l'arrivée de M. Bouchard à la tête de l'APGQ. «Ça confirme que le dossier est important pour le Québec puisqu'il attire des gens de grande qualité.»
Talisman a en outre recruté l'automne dernier Daniel Gagnier, chef de cabinet du premier ministre Jean Charest de 2007 à octobre 2009, à titre de conseiller au sein d'un comité consultatif mis sur pied pour soutenir les activités de la compagnie au Québec. En plus de M. Gagnier, l'entreprise a recruté James C. Cherry, président et chef des opérations d'Aéroports de Montréal, et Michel Patry, directeur et professeur à l'Institut d'économie appliquée à HEC Montréal.
L'entreprise, qui mène des projets dans plusieurs régions du globe, bénéficie également des services d'un lobbyiste, Daniel Bernier, qui représente ses intérêts notamment auprès du ministère des Ressources naturelles et du ministère de l'Environnement. Selon le Registre des lobbyistes du Québec, son mandat est valide jusqu'au 28 février, date du dépôt du rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement sur le gaz de schiste. M. Bernier — chef de cabinet de la ministre du Tourisme du gouvernement Charest de 2003 à 2005 — oeuvre au sein du Groupe GVM, propriété de François Pilote, un ami de Jean Charest, et qui fait des sondages internes pour le Parti libéral.
Talisman n'a pas un dossier sans tache en ce qui a trait à ses activités d'exploration gazière au Québec. Elle a reçu jeudi un avis d'infraction du ministère de l'Environnement parce qu'elle n'est toujours pas parvenue à colmater son puits de Leclercville, qui fuit depuis maintenant plus d'un mois.
Elle a aussi écopé à la fin octobre de deux autres avis d'infraction pour des infractions à son puits de Gentilly-2, près de Trois-Rivières. L'entreprise aurait eu recours l'été dernier à quatre millions de litres d'eau dans le cadre de travaux de fracturation hydraulique à son puits horizontal Gentilly. Mais plutôt que de faire traiter toute l'eau contaminée lors des travaux de fracturation hydraulique à Drummondville, comme le stipulait l'autorisation, la compagnie en aurait entreposé une quantité sur un de ses sites.
Le ministère de l'Environnement de la Pennsylvanie a également expédié un avis d'infraction à la multinationale après avoir constaté une fuite de gaz et de liquides de fracturation survenue à son puits de Tioga le 17 janvier.


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