L'harmonie discordante des libéraux québécois

Commission Bastarache


Jean Dussault - Quand le parti avait malhabilement gratifié Jean Charest de « grand bâtisseur », comme Godbout, Lesage et Sauvé, le ministre Sam Hamad avait interprété le geste comme un « grand signe d'amour ». Sans doute celui qui rend aveugle.

Partisanerie, quand tu nous tiens.

C'est une chose de se serrer les coudes quand les choses vont mal ; d'être solidaire, surtout en public. Mais l'exagération sonne toujours faux. Il suffit de se rappeler un autre conseil général, celui du parti de Mario Dumont à Drummondville en octobre 2008. Les adéquistes savaient qu'ils s'en allaient à l'abattoir électoral et ils avaient néanmoins hurlé leur admiration au chef pendant... 18 minutes. Personne n'avait cru que ça changeait quoi que ce soit aux perspectives, et tout le monde avait compris que ce n'était que de la frime. Comme, tiens, un deux de pique aux cartes.

Quand ça va mal...

À la blague, le chef du PLQ a reconnu vendredi soir que « le seigneur nous a testés cette semaine ». Hélas, pour Jean Charest, l'ange qui est venu lui porter ombrage à quelques heures de l'ouverture du conseil général est la ministre de la Justice elle-même. Sur plus d'une antenne, Kathleen Veil a révélé qu'elle partageait la liste des personnes aptes à la magistrature avec le premier ministre. Le même premier ministre qui avait répété la semaine dernière que « çà se passe de la même façon depuis trente ans ». D'autres ministres de la justice, libéral ou péquiste, ont affirmé avoir toujours gardé sous leur veste la magistrale liste.

La main dans le sac

Tout un chacun déterminera si ceci ou cela est approprié, mais il y a un problème additionnel et plus grave. Comme dans le cas du salaire que lui verse son parti, Jean Charest a attendu que quelqu'un d'autre divulgue une information sur son compte avant de l'admettre. À croire qu'il était incapable d'imaginer que cela donne l'impression qu'il aurait préféré que, dans un cas comme dans l'autre, cela ne se sache pas.

Depuis dimanche, Jean Charest ne répond plus à aucune question sur le processus de nomination des juges et « pour ces autres choses-là, les Québécois jugeront, je ne peux pas vous dire plus que çà ». Un pari risqué de sa part...

Une belle occasion

Il n'y aucun doute que Jean Charest traverse la pire crise de sa longue carrière politique. Longtemps qualifié d'« homme téflon », il constate aujourd'hui que presque toutes les allégations lui collent à la peau. Injuste ou pas, c'est comme ça. Un merveilleux moment pour le premier ministre de prouver qu'il est vraiment à son meilleur quand ça va vraiment mal.


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