L’ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt: attrapé en tentant de faire le ménage

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La mafia rouge débusquée à Laval

L’ancien maire de Laval Gilles Vaillancourt a été piégé en voulant démanteler le système de corruption qui lui a permis de voler des millions de dollars à ses concitoyens pendant au moins 15 ans.


C’est ce qu’on apprend dans Gilles Vaillancourt – Le Monarque, un livre-choc de notre Bureau d’enquête publié aux Éditions du Journal.


Vaillancourt a été arrêté en 2013 lors du plus gros coup de filet de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), mais de nombreux éléments de preuve étaient restés secrets parce qu’il a évité un procès en plaidant coupable à des accusations de fraude et de complot.


L’ouvrage de près de 300 pages révèle, entre autres, comment deux de ses acolytes, soit le directeur général de la ville Gaétan Turbide et le directeur général adjoint Jean Roberge, ont permis de prouver que c’est bien Vaillancourt qui dirigeait la magouille à Laval.


Ordinateur « oublié »



Jean Roberge

Témoin repenti


Une poignée d’entrepreneurs et d’ingénieurs se partageaient les contrats publics à Laval en échange d’une « dîme » de 2 %, versée en liasses de « billets verts, bruns et roses ». Ces pots-de-vin ont enrichi le maire et ses comparses, en plus de payer des dépenses électorales.


Sentant la soupe chaude quand des histoires de corruption défrayaient la chronique à l’automne 2010, Vaillancourt a demandé à ses deux plus hauts fonctionnaires de « fermer le système des contrats truqués ».


Turbide et Roberge, qui ont eux-mêmes marché dans cette combine, resteront silencieux jusqu’à ce que l’UPAC perquisitionne l’hôtel de ville en décembre 2012.



Gaétan Turbide

Témoin repenti


« Leur premier contact avec les enquêteurs se fait sous un prétexte en apparence banal : ces derniers ont laissé derrière eux un de leurs ordinateurs portables lors de leur visite à l’hôtel de ville. Oubli calculé ou bien heureux hasard ? Roberge, qui était en poste au moment des perquisitions, est le premier à prendre le téléphone et à appeler l’UPAC », lit-on dans Le Monarque.


Ce n’est donc qu’après la démission du maire que les témoins repentis acceptent de collaborer avec la police.


« Turbide et Roberge ont tout vu ; leurs témoignages permettent d’établir clairement l’implication du roi de Laval », ajoutent les auteurs Jean-Louis Fortin et Sarah-Maude Lefebvre.


Les dessous de l’enquête


« Il fait un froid de canard à la mi-décembre 2017 lorsque Gilles Vaillancourt pose ses valises à la résidence Carpe Diem, située dans un quartier industriel de Laval. Dans la maison de transition qui l’accueille à sa sortie de prison, le Monarque apprend à partager son quotidien avec des criminels bien différents des bandits en cravate qu’il a toujours côtoyés. » – Extrait du livre


Le livre expose en détail les dessous de l’enquête Honorer et les rouages de ce stratagème où les contrats coûtaient jusqu’à 30 % trop cher aux contribuables lavallois. Il raconte aussi la jeunesse et l’ascension politique de celui qu’on surnommait le « maire à vie ».


Les auteurs ont consulté des milliers de pages de documents judiciaires et mené une trentaine d’entrevues avec des gens qui ont côtoyé Vaillancourt, dont trois anciens ministres.


L’ex-maire est en libération conditionnelle depuis décembre 2017 après avoir passé un an derrière les barreaux et restitué 8,6 millions $. Il a refusé de participer à la préparation de ce livre.




♦ Gilles Vaillancourt – Le Monarque sera en librairie mercredi prochain.