L'Europe tente de sauver la mise

Il n'y a pas de «solution évidente», reconnaît l'Irlande

Le NON irlandais


Catherine Triomphe - Bruxelles - Les dirigeants de l'UE entament une semaine de consultations cruciale pour savoir si le traité censé rendre l'Union européenne plus efficace peut être sauvé après le «non» irlandais, qui culminera avec un sommet transformé en réunion de crise jeudi et vendredi.
Les ministres des Affaires étrangères de l'UE auront aujourd'hui à Luxembourg le premier tour de table à 27 après la «gifle» qu'a représentée le vote irlandais. Hier, le premier ministre irlandais Brian Cowen a avoué qu'il ne voyait «pas de solution évidente».
Il a exclu que son pays puisse à terme ne plus être un membre à part entière de l'UE. «Je veux que l'Europe essaye de fournir une partie de la solution aussi», a souligné Brian Cowen.
Les Irlandais ont rejeté à 53,4 % le traité de Lisbonne jeudi lors d'un référendum. C'est la troisième fois en trois ans qu'un texte institutionnel négocié par les dirigeants de l'UE est rejeté par un de leurs peuples, après les «non» français et néerlandais à la Constitution européenne en 2005.
La réunion de Luxembourg fournira une première occasion au chef de la diplomatie irlandaise Michael Martin pour faire le point avec ses collègues sur les solutions possibles. Pour pouvoir entrer en vigueur le traité doit être ratifié par l'ensemble des 27 pays de l'UE.
Le grand rendez-vous pour l'Europe sera toutefois le sommet de Bruxelles trois jours plus tard, où Brian Cowen sera en première ligne. Les partenaires de l'Irlande attendent de savoir si un nouveau vote est envisageable dans son pays moyennant certains aménagements.
Dans l'immédiat «ce qu'il nous faut, c'est un accord politique au Conseil» pour maintenir les priorités de la présidence française de l'UE, de la lutte contre le changement climatique à la politique de l'immigration, a estimé le secrétaire d'État français aux Affaires européennes Jean-Pierre Jouyet, dans un entretien publié dhier par Le Journal du dimanche.
«Nous allons perdre quelques mois sur le plan institutionnel, mais nous ne perdrons pas de temps en ce qui concerne les projets attendus», a poursuivi M. Jouyet, dont le pays assurera la présidence de l'UE à partir de juillet.
En parallèle, les consultations bilatérales vont s'intensifier entre quelques pays-clés. Le chef de l'État français Nicolas Sarkozy rencontrera aujourd'hui les dirigeants tchèques pour vérifier si, malgré les affirmations contraires du président Vaclav Klaus vendredi, «ils s'engagent bien à poursuivre leur processus de ratification», explique un diplomate européen de haut rang.
La chancelière allemande Angela Merkel rencontrera elle le premier ministre polonais Donald Tusk, qui veut «à tout prix éviter un scénario d'une Union européenne à deux vitesses».
La quasi-totalité des dirigeants européens - Sarkozy et Merkel en tête - ont affirmé que le processus de ratification du traité devait continuer dans les neuf pays qui ne l'ont pas encore approuvé.
Une ratification rapide par la Grande-Bretagne, où la chambre des Lords doit voter mercredi le traité en dernière lecture, leur «redonnerait un peu le moral», selon Andrew Duff.
Les dirigeants européens font le pari risqué d'isoler le «non» irlandais en poursuivant le processus de ratification, ce qui ne laisserait guère d'autre choix aux Irlandais que de revoter.
«Tant que les Irlandais ne disent pas eux-mêmes qu'un nouveau vote est exclu, on peut considérer que le traité a encore un avenir», souligne le diplomate.
Mais les eurodéputés, qui tiennent une session plénière cette semaine à Strasbourg, pourraient presser les dirigeants de «cesser leurs voeux pieux» et renoncer à ce traité, selon M. Duff, convaincu lui que le non irlandais est définitif.


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