L’esprit de vengeance de la FTQ

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FTQ : quand l’émotion prime sur l’analyse politique

La vengeance est mauvaise conseillère. On le répète depuis des siècles. Ça n’a pas empêché le nouveau président de la FTQ d’en appeler à la vengeance contre Pierre Karl Péladeau pendant une entrevue à la télévision, si ce dernier, bien sûr, finissait par se porter candidat à la chefferie du Parti québécois. Le ton du président était à la rancune. Il se peut que la FTQ n’ait pas digéré le fameux lockout décrété par PKP il y a quelques années, mais l’appel du président invitant ses membres à tous devenir membres du PQ pour voter contre la possible candidature de PKP était une attaque directe à notre reste de démocratie qui doit assurer à chaque citoyen ou citoyenne le droit de voter selon son choix et sa conscience. La FTQ semble l’avoir oublié.

Je peux me permettre d’écrire cette chronique et de gronder la FTQ, car j’ai toujours été convaincue que les syndicats sont essentiels pour qu’il y ait un équilibre entre les forces qui s’affrontent dans notre société. Je suis profondément syndicaliste. Je le suis devenue le jour où mon père, chauffeur d’autobus pour la Ville de Montréal, est passé du statut de rien à syndiqué et que j’ai pu constater la différence dans sa vie à lui et dans la nôtre de sa famille. J’ai aussi travaillé avec les Métallos à Rouyn-Noranda. J’y ai connu les luttes entre les syndicats pour obtenir d’être l’interlocuteur officiel devant les patrons. J’ai été mêlée d’assez prêt à la grève d’Asbestos pour bien en connaître les douleurs. Plus tard, j’ai combattu l’emprisonnement des trois chefs syndicaux sous le gouvernement Bourassa, risquant sans doute mon poste à la télévision par mes commentaires à ce sujet. J’ai peut-être été la seule chroniqueuse du Journal de Montréal à avoir renoncé à son emploi en refusant de franchir un piquet de grève virtuel qui aurait fait de moi une briseuse de grève. Je n’ai jamais franchi un piquet de grève de ma vie, qu’il soit réel ou virtuel. Et j’en suis fière.

Ce que je défends aujourd’hui, c’est mon droit de parole et le vôtre, membres de la FTQ. Je ne suis plus membre du PQ depuis 1981 et je ne le deviendrai pas maintenant, sauvegardant ainsi mon droit d’émettre des opinions. Vous, au contraire, vous pouvez choisir le parti que vous voulez et vous voterez pour qui vous voudrez. Les candidats auront fait connaître leurs positions, vous serez des votants informés et vous voterez selon vos convictions. Pas parce que le président de la FTQ vous a dit quoi faire.

C’est une mauvaise habitude à la FTQ de « marchander » ses appuis. Ils l’ont fait si souvent que c’est entré dans les moeurs : tu me donnes ce que je demande et je te garantis les votes de mes membres. Des fois, ça peut même ressembler à du chantage. Le résultat à la fin, c’est une manipulation de la démocratie qui fait mal à toute la société. Une remise en question de ces comportements serait de mise. Je suis sûre qu’il y aura quelqu’un à la FTQ pour rappeler tout le monde à la réflexion.

Et puis, au bout du compte, Pierre Karl Péladeau sera candidat à la chefferie du PQ s’il le désire. Vous voterez pour lui ou pour quelqu’un d’autre, vous aurez le choix. Vous évaluerez les qualités des uns et des autres et vous voterez comme vous le souhaitez. Ils ont tous des qualités et ils ont tous des défauts. Heureusement, car s’ils étaient tous parfaits ce serait insupportable. Nous avons un plein gouvernement de parfaits en ce moment. Vous voyez ce que ça donne.

Les syndicats ne peuvent pas régler leurs comptes sur le dos des Québécois et des Québécoises. Des batailles, on en gagne et on en perd et c’est la vie. Et la démocratie, le peu qu’il nous en reste, mérite que chacun d’entre nous agisse avec modération parce que notre nation est fragile et que la liberté de penser est devenue une denrée rare qu’il faut protéger chaque jour.

Alors, Monsieur le Président de la FTQ, dites clairement à vos membres qu’ils sont libres d’adhérer au parti de leur choix et qu’ils pourront voter pour la personne qui leur paraît la plus apte à remplir la tâche colossale que les gouvernants actuels vont nous laisser dans quelque temps. Il y aura du travail en masse pour reconstruire le Québec sur les ruines qu’on nous prépare.

Et si PKP était le candidat désigné, si le parti et le peuple le choisissaient, j’espère que vous donneriez la chance au coureur. Bien sûr, il aura besoin de votre aide, de vos lumières et de vos conseils. Les autres candidats aussi. Que vous défendiez vos membres, c’est normal. C’est ce qu’on attend de vous. Mais que vous défendiez le Québec et ses représentants dûment élus, c’est un devoir de citoyen que vous ne pouvez pas mettre de côté. Même par vengeance.


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