J’ai mal à mon fleuve

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Le Saint-Laurent est un trésor national qu'il faut protéger contre les prédateurs et leurs alliés du gouvernement Couillard

Le pétrole va probablement gagner. S’il ne réussit pas à entrer par la porte d’en avant, ses promoteurs vont le faire entrer par la porte d’en arrière. Ça paraissait évident cette semaine, alors que nous avons eu droit à la visite le même jour du premier ministre Stephen Harper, de Justin Trudeau du PLC et de Thomas Mulcair du NPD, tous les trois déclarant leur attachement au Québec et leur intention de faire de nous une province plus riche. Que des sourires, des poignées de main durant leur séjour. En les regardant, je me suis dit qu’ils faisaient une job de bras pour l’Alberta. Nous allons vendre notre fleuve pour une poignée de dollars.

La richesse de notre fleuve, c’est l’eau. Et ça, ça n’a pas de prix, car les humains sans eau n’ont aucune chance de survie. Sur une planète où l’eau devient de plus en plus une ressource en voie de disparition, ne devrions-nous pas continuer le combat pour qu’on la protège, la soigne et la garde précieusement pour la soif qui risque de s’emparer du monde un de ces jours ?

Craindre pour le fleuve qui va servir de voie de sortie pour l’énorme production de pétrole sale de l’Alberta, c’est faire face à la réalité. Nous avons raison de remettre en question les risques que nous allons courir avec les nombreux déversements qui ont eu lieu à travers le monde avec des résultats qui sont encore présents après des années. Nous sommes huit millions de citoyens au Québec. Bien sûr, il y en a une tranche qui est pour l’argent qui pourrait nous être lancé comme de la charité. Mais les autres, ceux et celles qui vivent la responsabilité de laisser un pays en bon état à nos enfants, ils n’auraient pas voix au chapitre ?

L’avez-vous regardé, le fleuve, récemment ? Ou faites-vous partie de ceux et celles qui traversent les ponts en pestant contre la lenteur de la circulation sans jamais jeter un coup d’oeil sur toute cette eau qui coule sous les mêmes ponts ? L’avez-vous découvert au pied de Québec ou du côté de Lévis, où justement une fuite de pétrole a réussi à le souiller cette semaine ? Avez-vous voyagé le long de ses côtes, découvrant les paysages à couper le souffle en cours de route ? Le fleuve est un trésor national et devrait être protégé comme tel.

Mais pour de l’argent (money rules the world) le Québec rêve de vendre son âme au plus offrant. C’est triste, mais c’est ainsi. Ça va dans le sens de M. Couillard, qui rêve de nous rebrancher sur le Canada pour que nous fassions partie du grand melting pot canadien.

Ce qu’on nous propose avec ces bateaux monstrueux qui vont nous passer sous le nez en ne manquant pas de s’arrêter le long de leur trajet comme à Sorel, à Lévis et bien au-delà, est comme jouer à la roulette russe. Où le pétrole va-t-il fuir ou se déverser dans les eaux bleues du Saint-Laurent ? Faites vos jeux… C’est arrivé partout, pourquoi échapperions-nous à cette tragédie ?

Il est grand temps que les Québécois et les Québécoises se réveillent à cette réalité. Pour ma part, j’appuie toutes les manifs, les marches de citoyens conscients du danger que représente ce pétrole sur notre fleuve. Si on ne crie pas très fort, on va se réveiller un beau matin et l’entente aura été faite par des politiciens qui n’ont aucun sens de l’avenir et qui administrent tout ce qui leur passe entre les mains en vertu de la prochaine élection. Moi, ça m’empêche de dormir.

Ce n’est pas la seule chose qui m’empêche de dormir, mais la liste serait trop longue. Récemment, ce qui m’a privée de sommeil c’est l’attitude de M. Couillard refusant de s’engager à créer un registre des armes à feu pour le Québec. De quel droit un homme, même élu avec une confortable majorité, peut-il s’arroger le droit de défaire ce que les femmes du Québec ont tellement travaillé à mettre sur pied ? Quelqu’un peut-il me dire si M. Couillard était au Québec au moment de la tuerie de Polytechnique ? Était-il à l’étranger ? L’ampleur de la démarche des femmes lui a peut-être échappé. Surtout s’il se trouvait dans un pays où les droits des femmes se résument à bien peu de chose.

Je me permettrai de lui suggérer de rencontrer les survivantes qui ont mené à bien leurs revendications au sujet des armes à feu et de se faire expliquer pourquoi sa réaction assez tiède au sujet du registre québécois ne lui sera pas pardonnée.

La lutte contre l’intimidation qu’il a endossée, c’est une chose. La lutte contre la violence faite aux femmes, c’en est une autre. Nous attendons toutes qu’il bouge.


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