L’esprit de droite

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« D’abord, il définit la droite comme étant animée par trois grandes idées phares, soit les « valeurs familiales », l’« esprit d’entreprise » et l’« identité nationale ». »

Il existe probablement autant de définitions du concept de droite qu’il existe de personnes s’en revendiquant. Tous ont leur propre opinion sur ce que signifie être de droite, ce qui ultimement, mène à une division de la droite que la gauche ne semble pas connaître. L’indépendance d’esprit est certes une qualité, et il faut rejeter le rigorisme propre au camp de la gauche, mais celle-ci ne devrait pas nuire à une certaine forme d’unité.


Pour parvenir à rallier la droite sous une même bannière, le jeune Louis Le Carpentier, auteur sérieux qui nous a déjà gratifiés de quelques ouvrages chez Reconquista Press, vient de produire L’esprit de droite.


D’abord, il définit la droite comme étant animée par trois grandes idées phares, soit les « valeurs familiales », l’« esprit d’entreprise » et l’« identité nationale ». Ce sont là pour lui les trois impondérables qui définissent la pensée de droite, « radicalement – c’est-à-dire dans sa racine -, conservatrice, entreprenaliste, et nationaliste ». Les divisions actuelles proviennent quant à lui du fait que certains courants mettent davantage l’emphase sur une de ces valeurs, au détriment des deux autres.


Dans son court ouvrage, facile à lire et à digérer, Le Carpentier nous offre un portrait de l’homme de droite. En fait, à bien le lire, ce n’est pas tant une description de ce qu’est l’homme de droite, mais de ce qu’il devrait être. Il nous propose ainsi un guide du « comment être un homme de droite conséquent » ou même simplement « comment être un homme d’honneur dans ce monde sans honneur ».


Il préconise, à l’instar de Dominique Venner, le stoïcisme comme façon d’être. Du côté des valeurs, il met en avant la vertu, le respect de la hiérarchie, la liberté, mais assujettie aux devoirs, car ceux-ci l’emportent sur les droits. On le comprend, ce que Louis Le Carpentier nous exhorte de faire, c’est de devenir des paladins modernes, des chevaliers, preux et sans reproches.


En fin d’ouvrage, il nous présente aussi brièvement un court traité philosophique – qui tranche avec la lourdeur habituelle des travaux de ce genre – qui permet de démonter en quelques pages les sophismes de la démocratie et du progressisme. On ressent bien l’influence thomiste de ce penseur pour qui le bien commun prime tout.


Seulement, peut-être parce que je ne me suis jamais qualifié de droite et que ce n’est pas là une position stratégique ou esthétique, quelques points me semblent pour le moins discutables. À mes yeux, son attachement à l’impérialisme, au colonialisme et à la libre entreprise me semble non seulement dépassé, mais aussi non-désirable en soi. Par exemple, le colonialisme a toujours mené à des catastrophes, car la démographie l’a toujours emporté sur les autres considérations comme le pouvoir politique. De même, la libre entreprise n’est pas le modèle le plus humain de concevoir l’économie, de nombreuses alternatives, comme la gestion de l’offre notamment ou les coopératives, existent, il faut simplement s’y intéresser.


Malgré ces critiques, il n’en demeure pas moins que cet ouvrage tombe à point nommé. Avec le confinement, nous sommes seuls avec nous-mêmes et justement, Louis Le Carpentier nous offre, tel un philosophe brandissant un miroir, une occasion unique d’introspection, car avant de changer le monde, il faut d’abord être en mesure de se changer soi-même.