Il y a des libéraux et des caquistes qui se réjouissent à l'idée que Pierre Karl Péladeau sera le prochain chef du PQ. Il va «s'autopeluredebananiser», prédisent-ils, paraphrasant la fameuse expression qui décrit la chute inopinée sur une pelure de banane.
Il y a beaucoup de péquistes qui, au contraire, se félicitent de la venue providentielle de celui qu'ils voient comme le sauveur du parti, voire comme celui qui pourra réaliser la souveraineté du Québec.
Comment des gens qui vivent sur la même planète et observent les mêmes événements peuvent-ils avoir des perceptions aussi contradictoires? Après tout, on a beau être partisan, on n'est pas nécessairement aveuglé. Le phénomène du «wishful thinking» (on prévoit ce que l'on souhaite) n'explique pas tout non plus. Comment expliquer que l'homme que certains voient comme un futur gagnant soit pour d'autres un futur raté de la politique?
La réponse, c'est qu'il y a deux PKP. Celui qui risque de rater son coup, et celui qui a des chances de le réussir. Les deux hypothèses sont réalistes. Seul l'avenir dira laquelle est fausse, et encore peut-être faudra-t-il plusieurs années pour le savoir.
PKP est un chef d'entreprise intraitable, connu pour ses crises de colère et sa brutalité dans ses rapports professionnels. Comme patron de Québecor, il a l'habitude de tout régenter jusque dans les moindres détails, et de ne travailler qu'avec des gens qu'il a lui-même choisis. Exactement le contraire du comportement requis pour un politicien, qui doit être capable de faire des compromis, et qui ne choisit ni ses alliés ni ses collègues.
MAIS on peut aussi dire que sa réputation d'autocrate ne le desservira pas nécessairement auprès des électeurs qui veulent un chef fort, capable d'inspirer le respect et de décider sans passer son temps à consulter.
PKP se fiche éperdument des règles élémentaires de la politique. Il se moque des correspondants parlementaires, qu'il accuse de «harcèlement», et passe par-dessus la tête des journalistes pour communiquer directement avec le public sur Facebook.
MAIS on peut aussi dire qu'il est rafraîchissant de voir un politicien tenir tête à la presse parlementaire. Après tout, pourquoi ne pas parler directement à la population avec les outils de l'ère moderne, plutôt que de passer par l'intermédiaire de journalistes qui risquent de mal le citer ou de déformer ses propos?
PKP dit, sur Facebook ou au micro, tout ce qui lui passe par la tête, sans réflexion ni sens de la mesure. Pour un homme qui aspire au poste de premier ministre, c'est irresponsable et dangereux.
MAIS on peut aussi dire qu'il sait s'excuser quand il a gaffé. Et cette spontanéité, aux antipodes de la langue de bois, va le servir auprès des citoyens qui en ont marre des politiciens «préformatés».
PKP est très mauvais orateur - débit hachuré, ton criard, français approximatif, digressions saugrenues... Quand il écrit son texte, c'est encore pire.
MAIS on peut aussi dire qu'il y a eu des politiciens qui ont bien réussi sans être particulièrement éloquents. Pensons à Stephen Harper ou à Robert Bourassa (surtout dans son premier mandat). Justin Trudeau ne s'exprime pas mieux et ses principaux adversaires, François Legault et même Philippe Couillard, ne sont pas de grands orateurs.
Corrections
Le nom de la mère de Pierre Karl Péladeau est Raymonde Chopin (et non Jobin). Par ailleurs, la députée Martine Ouellet n'a pas assisté à l'assemblée de PKP à Saint-Jérôme (elle avait toutefois un sosie dans la salle!). Enfin, c'est une conseillère et non la présidente des jeunes péquistes qui a pris la parole à cette assemblée.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé