Il a le physique de l’emploi et de son époque. Il est jeune, 26 ans, et les femmes de tous âges le trouvent mignon. Il dégage également une assurance vaniteuse et quelques traits psychorigides.

Gabriel Nadeau-Dubois est adoré par une partie de la gauche médiatique et des animateurs apprécient son empressement à participer à des shows télévisuels, des tribunes radiophoniques et des événements politico-intellectuels.

Québec solidaire lui offre sur un plateau d’argent la circonscription de Gouin, détenue depuis­­ quelques années par la pionnière Françoise David, qui rentre dans ses foyers.

Gabriel l’archange noir fut la star incontestable de la révolution avortée du printemps érable, qui lui a servi de tremplin politique. Le jeune homme qui s’exprime dans une langue soutenue, héritage d’une famille intellectuelle, a choisi de militer à gauche de l’échiquier politique québécois.

Printemps érable

Durant les longs mois du printemps érable, Gabriel Nadeau-Dubois fut le membre le plus radical du trio de jeunes porte-parole des étudiants. Il s’est imposé par son charisme, son intransigeance­­ et son mépris des interlocuteurs­­, en particulier de la ministre­­ de l’Éducation de l’époque, Line Beauchamp.

Gabriel Nadeau-Dubois ne recule devant rien. Il a refusé de dénoncer les actes de violence des carrés rouges; il a flirté avec la désobéis­sance civile et il a dénoncé la démocratie parlementaire au profit de la démocratie participative. Il annonçait déjà, pendant ces mois de perturbations sociales, un populisme dont il a découvert les parfums enivrants.

Le populisme peut être de droite comme de gauche. Lorsque le futur député de Québec solidaire accuse toute la classe politique d’avoir trahi le Québec depuis 30 ans, il cherche simplement à conforter les nombreux citoyens en colère et frustrés qui hurlent sur les réseaux sociaux­­, où ils sont stationnés en permanence­­, que les politiciens sont tous des pourris.

Narcissisme

Amorcer une carrière en brûlant le terreau historique, politique et social des dernières décennies, bousculant par la même occasion des modèles de rigueur, d’honnêteté et de dévotion au peuple, incluant René Lévesque, cela s’appelle dégoupiller une grenade.

Le jeune Nadeau-Dubois n’agit pas par inconscience – ce serait insulter son intelligence que de l’affirmer –, mais par une brutalité et un narcissisme qui révèlent une personnalité moins engageante que son joli sourire ne l’annonce.

C’est un politicien dur qui souhaite, en prime de sa circonscription où le PQ s’est désisté dans cette élection partielle, devenir le co-porte-parole de Québec solidaire. Cette dernière fonction le placera à l’avant-scène médiatique. Manon Massé devra protéger son territoire.

Gabriel Nadeau-Dubois reproche

à la classe politique de nous avoir

divisés selon notre origine, notre religion et notre région. Propos suspects de la part de cet étrange rassembleur qui vit entouré de fans qui l’idolâtrent.

Ce pourfendeur du néo-capitalisme, un indépendantiste qui honnit le PQ, la CAQ et le PLQ, possède sa vision du Québec. Un Québec, sorte d’enclave paradisiaque en Amérique du Nord, où «les grandes entreprises, le lobby médical et les firmes d’ingénieurs» ne trahiraient plus le peuple dont il sera le leader.

Mais à quel prix?