L’attaque contre Vigile est survenue le 16 mars 2011 à 22h10, il y a une semaine exactement. Le Comité Canada-Israël accusait Vigile d’antisémitisme.

Le lendemain, 17 mars, 09:52, sur Facebook, Louise Beaudoin, la première, au nom du Parti Québécois, se dissocie des propos supposément antisémites se retrouvant dans certains textes affichés sur le site Vigile.net.

Seulement 20 minutes plus tard, à 10:13, c’est au tour d’Agnès Maltais de le faire sur son site web. Bernard Drainville fait de même 39 minutes plus tard, à 10:52. C’est donc madame Beaudoin qui a lancé le bal, et c’est à titre de Porte-parole de l'opposition officielle en matière de relations internationales qu’elle l’a fait.

Dans ses notes biographiques, Madame Beaudoin est décrite comme « une femme politique d’expérience dont l’amour de la langue française, l’ouverture, la compréhension des enjeux internationaux et l’esprit d’analyse font l’unanimité ».

Signalons tout d’abord que les notes biographiques de Madame Beaudoin ne mentionnent pas le fait qu’elle a elle-même séjournée en Israël à l’invitation et aux frais du Congrès Juif du Canada.

On peut déplorer qu’en cette occasion, son expérience et son esprit d’analyse lui aient fait tant défaut. De toute évidence, ni elle ni le Parti Québécois n’ont encore tiré toutes les leçons de l’Affaire Michaud, tant s’en faut. Il a suffi que « l’Inquisition sioniste » lance le mot qui tue, « antisémitisme », pour qu’ils se garrochent sous une table, de peur d’être éclaboussés. Mais passons, ils finiront bien par apprendre et à retrouver un peu de courage et d’esprit critique. J’appartiens au même camp que le Parti Québécois, alors je ne m’acharnerai pas sur lui.

Seulement trois heures et demi plus tard, à 14h24, c’était au tour de Luciano Del Negro du Comité Québec-Israël de publier un communiqué de presse se réjouissant des prises de positions du PQ. La petite « job de bras » machinée par le Comité Canada-Israël avait fonctionné, encore une fois. Notre cher Luciano est rapide sur la gâchette quand il s’agit de se réjouir de la lâcheté de certains de nos politiciens, mais sa réponse tarde à venir quand il est lui-même dénoncé comme un admirateur d’Hitler, l’architecte de l’Holocauste. Mais Del Negro ne savait pas qu’il venait de lancer un baril de poudre qui allait revenir lui sauter au visage trois jours plus tard, le 20 mars, sur Vigile.

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Mais n’anticipons pas. Le 18 mars, Bernard Frappier, l’animateur de Vigile, émettait un communiqué dans lequel il dénonçait la [« mauvaise foi à couper au couteau du Comité Canada-Israël »->36115] et renvoyait la balle dans leur camp.

Le 19 mars, Richard Le Hir, ancien député et ministre du PQ, intervenait dans le débat en se portant [« À la défense de Vigile »->36157] et en signalant à ses lecteurs que les accusations d’antisémitisme lancées contre Vigile n’étaient qu’un prétexte pour discréditer Vigile pour des critiques qui ont été exprimées à l’endroit du régime sioniste d’Israël, et le priver de ses appuis dans les milieux indépendantistes. Il rappelait en outre qu’il avait été l’instigateur en 1997 d’une résolution invitant l’Assemblée nationale à condamner le nationalisme ethnique sous toutes ses formes, une résolution qui avait été adoptée à l’unanimité, qu’il n’avait pas changé d’idée depuis, et que Vigile ne constituait en aucune façon un site antisémite.

[Le 20, je publiais sur Vigile mon article->36178] sur la présence au sein du personnel du Comité Canada-Israël et du Comité Québec-Israël de Del Negro, ce personnage trouble qui, après s’être proclamé grand admirateur d’Hitler, a fait profession d’antisionisme militant, pour finalement s’afficher comme pro-sioniste.

Le 21 mars, Joseph Facal->36128], ce lucide autoproclamé et nouveau héros de la droite et de l’Institut économique de Montréal, sautait dans le débat avec toute la grâce et la subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine, pour renchérir sur les propos du Comité Canada-Israël et [exprimer son dédain pour l’antisémitisme de Vigile.

[Fort heureusement, Bernard Frappier qui veillait au grain->36232], demandait prestement à M. Facal et au Journal de Montréal de se rétracter et de lui accorder un droit de réplique, une demande à laquelle ni M. Facal ni le Journal de Montréal n’ont donné suite. Évidemment, on peut comprendre que M. Facal n’aurait guère apprécié de se faire mettre le nez dans son pipi devant ses propres lecteurs. Comme le déclare Bernard Frappier,

« S’arrêtant à quelques mots tirés hors de leur contexte, Joseph Facal nous accuse, Vigile et moi, d’antisémitisme, du haut de la chaire que lui offre le Journal de Montréal. Pourquoi pas un procès en sorcellerie pendant qu’on y est ? Joseph Facal fait ainsi la démonstration qu’il n’a rien compris de l’Affaire Michaud. Quand on porte des accusations aussi graves que celle d’antisémitisme, on ne peut se contenter de glaner quelques mots, tout aussi malheureux soient-ils, à droite et à gauche dans 5 ou 6 des 40 000 textes sur 15 ans, les tirer de leur contexte, et conclure que l’œuvre d’une personne se résume à ces quelques mots, sans risquer de tomber dans le fascisme le plus abject. »

[ Et aujourd’hui, le Canadian Jewish News->36291] vient confirmer que Richard Le Hir avait bien raison de prétendre que le prétendu antisémitisme de Vigile n’était qu’un prétexte dans cette affaire. Jugez-en plutôt vous-même :

« [Vigile] has crossed the line of acceptability in the content and tone of its criticism of Israel, to which he also feels it pays disproportionate attention. »

Voilà donc la raison, selon le Canadian Jewish News, pour laquelle Vigile devrait être condamné pour antisémitisme. Il s’agit d’une accusation très grave que des organismes comme le B’nai Brith n’hésitent pas à porter devant les tribunaux.

Alors le Comité Canada-Israël portera-t-il cette affaire devant les tribunaux ? NON! Parce que, « As disturbing as he finds much of the content, Marceau (du CCI) doesn’t think it’s a matter that should be investigated by the police. »

Donc, pas de recours à la justice pour une raison bien simple. Le Comité Canada-Israël ne sait que trop bien qu’il ne pourrait obtenir, ni la condamnation de Vigile, ni celle des personnes à qui l’on a reproché certains propos.

Quant à Luciano Del Negro, il devait certainement être coupable de quelque chose, car son nom a subitement disparu hier du site du Comité Canada-Israël.