Flottille pour Gaza

L'assaut de l'armée israélienne vivement condamné

Israël affirme être victime d'une «provocation politique»

"Libérez Gaza" - 1ère Flottille humanitaire - le "Mavi-Marmara" -



Les condamnations pleuvent sur Israël après la mort d'au moins dix personnes dans l'assaut donné tôt aujourd'hui par l'armée contre une flottille humanitaire de militants pro-palestiniens qui voulaient forcer le blocus de la Bande de Gaza. L'État hébreu soutient que ses forces sont tombées dans une embuscade armée et ont tiré pour se défendre.
Ces nouvelles violences ne sont pas pour améliorer l'image d'Israël à l'étranger, déjà ternie par des accusations de crimes de guerre pendant l'offensive dans la Bande de Gaza à l'hiver 2008-2009 et le blocus de ce territoire pauvre. Elles surviennent en outre à la veille de la visite prévue du Premier ministre Benyamin Nétanyahou aux États-Unis, où il devait discuter de la relance du processus israélo-palestinien avec le président Barack Obama.
Les États-Unis «regrettent», la Turquie s'insurge
Les États-Unis «regrettent profondément les vies perdues et le fait qu'il y ait des blessés», a fait savoir la Maison Blanche. Ils «sont en train d'oeuvrer pour comprendre les circonstances entourant cette tragédie».

La Turquie, qui soutenait officieusement l'opération «Flottille de la paix», a immédiatement rappelé son ambassadeur, convoqué l'ambassadeur israélien à Ankara, annulé des manoeuvres militaires conjointes avec l'État hébreu et demandé une réunion d'urgence du Conseil de sécurité des Nations unies. Une manifestation a rassemblé environ 10 000 Turcs près du consulat d'Israël à Istanbul.

Ankara est l'un des rares alliés de l'État hébreu dans la région mais les relations sont tendues depuis l'offensive à Gaza notamment. Selon le site Web israélien Ynet, le ministre israélien de la Défense Ehoud Barak a appelé des responsables gouvernementaux turcs pour discuter de la situation.
L'Union européenne condamne
L'Union européenne a condamné un recours excessif à la violence et demandé aux autorités israéliennes d'ouvrir une enquête «immédiate et exhaustive», comme l'ONU. Les ambassadeurs d'Israël ont été convoqués en France, au Danemark, en Suède, en Espagne et en Grèce. À Amman, en Jordanie, des centaines de manifestants ont exigé la rupture des relations diplomatiques avec l'État hébreu.

Le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré trois jours de deuil en Cisjordanie et demandé des réunions d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU et de la Ligue arabe. Son rival Ismaïl Haniyeh, chef du gouvernement du Hamas dans la Bande de Gaza, a dénoncé la «brutalité» israélienne.
Versions divergentes
Les versions divergent sur les circonstances de l'intervention meurtrière contre le bateau turc de tête de la «Flottille de la paix pour Gaza». Les commandos israéliens ont donné l'assaut alors que les six navires - dont trois cargos -, transportant environ 700 personnes et 10 000 tonnes de matériel et aide humanitaire, se trouvaient dans les eaux internationales au large de la Bande de Gaza. L'étroit territoire côtier est soumis à un blocus israélien depuis que les islamistes du Hamas y ont pris le contrôle par les armes en juin 2007.

Selon un journaliste de la chaîne de télévision panarabe Al-Jazira, les militaires ont ouvert le feu avant l'abordage, alors que l'État hébreu affirme qu'ils ont été attaqués une fois à bord.
Ils sont «tombés dans une embuscade» et «ont été attaqués à l'arme à feu et à l'arme blanche», a déclaré le porte-parole du gouvernement, Avi Pazner, sur la chaîne France-24.
Les soldats se seraient trouvés face à «une centaine de militants qui sont connus pour être des militants islamistes», «des terroristes». Il a assuré qu'une enquête serait menée.

Ehoud Barak a dénoncé une «provocation politique» de la part de forces anti-israéliennes. «L'intention des organisateurs était violente, leurs méthodes étaient violentes et les résultats sont malheureusement violents», a également lancé Danny Ayalon, ministre adjoint aux Affaires étrangères.

Civils attaqués
«C'est dégoûtant qu'ils soient montés à bord et aient attaqué des civils», a déclaré de son côté Greta Berlin, porte-parole du mouvement Free Gaza à l'origine de l'expédition.
L'organisation estime que le blocus est injuste car il pénalise les 1,5 million de Gazaouis, et illégal au regard du droit international. C'était le neuvième convoi pour Gaza depuis août 2008, dont cinq qui avaient été autorisés à passer.

Israël avait prévenu dimanche qu'il bloquerait la flotte partie de Chypre et proposait de transférer la cargaison dans un port israélien. Selon des militants, l'armée a donné l'assaut lundi avant l'aube après avoir demandé au convoi de s'arrêter à environ 130km de la côte.
L'armée israélienne affirme que des militants étaient armés de bâtons, de couteaux, et que deux de ceux qui ont été tués avaient tiré sur les militaires avec des pistolets. «Ils ont préparé cette attaque», a accusé une porte-parole, le colonel Avital Leibovitch, précisant que cinq soldats étaient blessés, dont deux grièvement.

On ignore les nationalités des militants tués. Paris a déclaré qu'il ne semblait pas y avoir de Français. Les dizaines de blessés ont été évacués par hélicoptère vers des hôpitaux israéliens, tandis que les bateaux étaient remorqués vers le port israélien d'Ashod. Parmi les passagers de la Flottille se trouvaient notamment la lauréate nord-irlandaise du prix Nobel de la paix 1976, Mairead Corrigan Maguire, un rescapé de la Shoah âgé de 85 ans, Hedy Epstein, et des députés européens.


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