L’arrestation d’Ismaël Habib a pris de court la GRC

Procès historique au Canada pour un jeune qui a voulu rejoindre l'EI

Comment expliquer que l'enquête visant de jeunes Québécois soupçonnés d'avoir commis des actes terroristes en 2012-2013 ne soit toujours pas terminée? Notamment par le fait que la GRC a dû se concentrer sur le cas de l'un d'entre eux, indiquent des documents judiciaires obtenus par Radio-Canada.
Les accusations contre Ismaël Habib, selon lesquelles il aurait voulu obtenir frauduleusement un passeport pour rejoindre le groupe armé État islamique, ont ralenti une grande enquête de la GRC visant plusieurs autres Québécois.
En février 2016, Ismaël Habib était arrêté à Gatineau dans une tout autre affaire. Cet événement a bousculé l’agenda des policiers.
Il aurait dit vouloir faire exploser son véhicule avec ses proches à l’intérieur, soutient un agent de la GRC dans une déclaration sous serment.
Compte tenu « du sérieux de la menace », la GRC a décidé de se concentrer sur son cas afin de déposer des accusations liées à la sécurité nationale.
La police le surveillait d’ailleurs de près. Elle avait gagné sa confiance en l'intégrant dans une fausse organisation criminelle grâce à une importante opération clandestine.
« Ce volet d’enquête a eu pour effet de nuire malheureusement à la progression des autres analyses », explique la police fédérale dans les documents.
Depuis 2012, la GRC enquête sur Ismaël Habib et d’autres jeunes Québécois partis combattre le dictateur syrien Bachar Al-Assad. Ceux-ci sont soupçonnés d'avoir commis des actes terroristes en ayant participé à l’enlèvement de deux Américains en Syrie et à une extorsion à leur endroit.
La majorité de ceux qui sont partis en Syrie sont aujourd’hui de retour au pays.
L’un des suspects a même pu faire un égoportrait avec Justin Trudeau à Montréal, en 2015, sans être embêté par les gardes de sécurité du premier ministre.
Le FBI a par ailleurs fourni des informations aux autorités canadiennes pour leur enquête.
Les documents obtenus par Radio-Canada contiennent des allégations policières qui n'ont pas été prouvées en cour.
Saisies importantes
Lors de quatre perquisitions effectuées en 2015, la GRC a saisi de nombreux appareils et supports électroniques dans les résidences de suspects visés par sa grande enquête.
41 DVD/CD
37 téléphones cellulaires
22 ordinateurs
11 cartes mémoire
7 tablettes électroniques
6 disques durs externes
6 clés USB
4 iPod
3 cartes SIM
3 consoles de jeux vidéo
2 caméras vidéo
1 appareil photo
L’analyse de ces appareils, effectuée à temps plein par plusieurs enquêteurs, a demandé beaucoup de temps.
La quantité « très volumineuse » de matériel trouvé sur les appareils saisis fait aussi partie des imprévus de l’enquête, indique un affidavit de la GRC.
Deux articles posant « un défi technologique plus important » ont dû être confiés à un service spécialisé de la GRC à Ottawa en juin 2016, « pour procéder à l'extraction des données ».
Une première au Canada
Ismaël Habib est le premier adulte au Canada à subir un procès pour avoir voulu rejoindre une organisation terroriste à l’étranger.
À ce jour, il est aussi le seul à avoir été accusé dans le cadre de l’enquête de la GRC sur le groupe de jeunes Québécois.
Son procès est toujours en cours à Montréal. S'il est reconnu coupable, il risque un maximum de 10 ans d'emprisonnement.
Avec la collaboration de Sonia Desmarais


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