L’armée syrienne reprend une ville-clé dans la province d’Idleb

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Ankara et Damas en pleine crise


Après plus de trois mois d’offensive, l’armée syrienne vient de connaître sa première victoire significative dans la province d’Idleb, la dernière tenue par les islamistes.


La ville de Khan Cheikhoun vient, en effet, d’être reprise après de durs combats contre l’ex-Front al-Nosra rebaptisé, depuis, Hayat Tahrir al-Cham (HTC). Les pertes ont été sensibles de part et d’autre et, finalement, craignant de ne pouvoir sortir de l’encerclement qui était en train de se finaliser, les islamistes ont choisi de se replier vers le nord, en direction de la ville d’Idleb.


C’est, incontestablement, un succès important pour la Syrie. Depuis trois mois, les soldats syriens piétinaient et l’absence des renforts habituels iraniens et libanais se faisait cruellement sentir. La détermination a payé ainsi, bien sûr, que l’appui décisif de l’aviation, en particulier russe. Cette dernière avait pourtant commencé timidement à appuyer l’offensive syrienne, comme si la Russie manifestait une certaine réserve. Peut-être pour tester les réactions d’Ankara, qui a de nombreux postes d’observation dans cette région et soutient activement plusieurs milices islamistes, rivales d’HTC.


La prise de Khan Cheikhoun embarrasse beaucoup la Turquie, qui a d’ailleurs tenté d’envoyer renforts et munitions au secours des islamistes, pourtant rivaux des siens. Un correspondant de l’AFP a vu un convoi d’environ cinquante véhicules militaires faire route vers le sud en direction de Khan Cheikhoun. Les aviations russe et syrienne ont effectué des bombardements d’intimidation contre cette colonne, tuant trois islamistes pro-turcs et l’obligeant à stopper.


Le ministère turc a vivement protesté et affirmé que ce convoi n’était pas destiné à aider les islamistes de Khan Cheikhoun mais à ravitailler son poste d’observation de Morek, situé tout près de là. Hypothèse peu probable mais c’est, en effet, une des inquiétudes de la Turquie : préserver ses nombreux postes d’observation dans toute la province. La Russie avait donné son aval, il y a quelques mois, pour ces installations qui étaient censées endiguer les progrès d’HTC au profit des milices pro-turques. Mais ces dernières ont été supplantées par HTC (parfois dans le sang) et ces postes permettent, en fait, à la Turquie de maintenir sa présence militaire dans la région d’Idleb, à la grande fureur de Damas.


Aujourd’hui, l’armée syrienne encercle la ville de Morek et risque donc de se heurter aux forces turques, ce qui serait une première.


Au-delà de la reprise d’une ville importante de la province d’Idleb, ce succès syrien a une autre conséquence, plus importante encore : la reconquête d’une partie de l’autoroute Damas-Alep, coupée depuis des années. La reprise d’Alep n’avait pas permis de remettre en service cette autoroute stratégique, dont une portion importante traverse la province d’Idleb. Avec cette victoire, c’est une portion de plusieurs kilomètres qui repasse sous le contrôle de Damas, mais la jonction complète est loin d’être achevée.


La reconquête d’Idleb ne fait que commencer.