L'ALÉNA a-t-il vraiment été payant pour le Québec?

Attendez avant de fêter l'accord avec l'Union Européenne

Tribune libre

Sauf quelques exceptions, tout le monde se réjouit de ce nouvel accord de libre-échange Canada-Union Européenne (AÉCG). Toutefois, sauf pour quelques rares initiés, on en sait bien peu présentement sur cet accord pour lancer les célébrations dès maintenant. Surtout pour le Québec. L'argument principal que l'on utilise pour appuyer cet accord est le supposé succès de l'ALENA de 1992.
Quoiqu'on encense cet accord, quelqu'un en a-t-il déjà fait un bilan objectif?

Ces accords sont tellement complexes qu'il faut attendre quelques dizaines d'années avant de pouvoir en faire un bilan valable. Or, que s'est-il passé au Québec depuis 1992?

- 1994: Hyundai ferme à Bromont - 800 emplois
- 2002: GM ferme à Boisbriand - 1,200 emplois
- 2006: Bombardier (aéronautique) s'installe au Mexique. Aujourd'hui: 2,500 emplois
- 2011: Électrolux déménage de l'Assomption à Memphis - 1,400 emplois
- 2012: Mabe (ex-Camco) délocalise de Montréal vers les É-U et le Mexique - 700 emplois
- 2012: Bombardier choisi le Texas pour fabriquer son Learjet 85 - 450 emplois
- 2012: Bombardier Produits Récréatifs (BPR) délocalise 500 emplois de Valcourt et Sherbrooke vers le Mexique
- 2012: IHD Services Québec (centre d'appels) déménage aux É-U - 330 emplois

En 1997, le secteur manufacturier du Québec représentait 24% de son PIB. En 2012, ce pourcentage avait fondu à 15%

En contrepartie, le secteur minier fonctionnait à plein régime. Toutefois, on ne transforme rien ici. On ne fait qu'extraire le minerai brut, pour s'empresser de l'exporter et créer des emplois ailleurs. C'est vrai que l'extraction pourrait difficilement se faire ailleurs!

Apparemment, le Québec se serait également beaucoup enrichi (PIB). Toutefois, on sait aussi que l'écart entre la classe moyenne et la classe supérieure ne cesse de s'agrandir. Aux É-U, c'en est rendu à un niveau indécent! C'est vers là qu'on s'en va.

Pendant ce temps là, les chantres de l'ALENA nous répètent leur mantra: "Voyez comme le PIB a gonflé. C'est la preuve irréfutable que l'ALÉNA est une bénédiction pour le Québec." C'est un peu court comme bilan. Il y a effectivement apparence de profitabilité. Mais, pour qui?


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2 commentaires

  • Jean Lespérance Répondre

    19 octobre 2013

    En ce qui concerne le PIB, ce que le monde ne sait pas, c'est qu'on peut doubler, tripler le PIB sans que ça rapporte un seul sou. Comment? Grâce aux bons accords que Flaherty a signé avec les centres offshore avec des AERF, (accords d'échanges de renseignements fiscaux) il est possible de vendre au prix coûtant à une filiale installée dans un centre offshore.
    Que disent ces accords? Les profits des filiales des compagnies canadiennes (dans un centre offshore) pourront être rapatriés à la société mère sous forme de dividendes mais seront exhonorés d'impôts au Canada.
    La formulation est malhonnête, en disant pourront être rapatriés, c'est déjà une forme de chantage et dire clairement que les profits seront exhonorés d'impôts, c'est le comble de l'imposture. Donc on vend au prix coûtant ou même à perte à la filiale et on ne paye pas d'impôts ici.
    Je peux vendre pour 100 milliards et ne pas payer une seule cenne d'impôts. Voilà pourquoi le PIB ne veut plus rien dire.

  • Archives de Vigile Répondre

    19 octobre 2013

    Il se signe des accords de libre-échange depuis les 25 dernières années.
    Il est à remarquer que depuis les 25 dernières années, la base industrielle du Canada et du Québec a été déplacée en Asie.
    Les emplois bien rémunérés qui étaient reliés au secteur manufacturier n'existent plus et ont été remplacés par des emplois dans le secteur des services, moins payants, souvent à temps partiel etc...
    Comme vous le dites bien justement, l'écart entre riches et moins fortunés n'a cessé de s'accroître ici depuis les débuts de l'époque du libre-échange.
    Évidemment, tous les politiciens, qu'ils soient au fédéral ou au provincial ainsi que tous les médias mainstream vont acclamer ce nouveau traité de libre-échange avec l'Union Européenne comme un succès fulgurant, étant tous, autant qu'ils sont, au service du Système plutôt qu'au service des citoyens de ce pays.
    Pendant ce temps, la tiersmondialisation du Québec se poursuit.
    Je ne sais pas pour combien de temps encore ils pourront nous emplir.