L'Afghanistan en guise de conclusion

Afghanistan - une guerre masquée


Joël-Denis Bellavance - George W. Bush a fait un vibrant plaidoyer en faveur de la poursuite de la mission canadienne en Afghanistan, hier, affirmant que les nations libres doivent lutter contre «les extrémistes» qui veulent étrangler la démocratie naissante dans ce pays autrefois dirigé par les talibans.



Le président américain a toutefois reconnu qu'il incombera au Parlement de décider si les soldats canadiens resteront en sol afghan au-delà de février 2009, date à laquelle leur mission doit prendre fin.
M. Bush a tenu ces propos hier à la conférence de presse de clôture du sommet de Montebello, qui réunissait les leaders des trois pays membres de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA). La veille, le premier ministre Stephen Harper a profité d'un tête-à-tête avec le président des États-Unis pour l'informer qu'Ottawa entend rapatrier ses 2300 soldats en février 2009 si son gouvernement n'obtient pas l'appui des trois partis d'opposition pour prolonger à nouveau la mission canadienne.
«Je crois que le Canada a fait un travail fabuleux en Afghanistan. () Le Canada a envoyé ses meilleurs soldats pour permettre à une jeune démocratie non seulement de survivre, mais aussi de s'épanouir. C'est une contribution importante dans la lutte globale contre les extrémistes. () La question fondamentale est de savoir si les nations libres vont aider les jeunes démocraties à survivre devant cette menace. Le Canada a répondu à l'appel de manière brillante», a déclaré M. Bush en réponse à une question d'un journaliste canadien.
Le président Bush a ensuite ajouté qu'il appartient au gouvernement canadien et au Parlement de décider si la mission des soldats dans la province de Kandahar, la région la plus dangereuse de l'Afghanistan, doit se poursuivre. Pour l'heure, il est peu probable que cela soit le cas, puisque le NPD réclame le retrait immédiat des troupes tandis que le Parti libéral et le Bloc québécois estiment que la mission doit prendre fin au plus tard en février 2009.
«Le gouvernement et le Parlement vont prendre des décisions qui sont dans le meilleur intérêt du peuple canadien et du peuple afghan. Les États-Unis sont fermement engagés en Afghanistan. Nous voyons cela comme faisant partie de la guerre contre les extrémistes radicaux. Nous croyons que lorsque la démocratie prendra racine en Afghanistan, ce sera un dur coup contre ceux qui veulent nous imposer un régime totalitaire», a affirmé M. Bush.
Il a poursuivi en disant que la lutte contre les «extrémistes» constitue «l'appel du 21e siècle».
Pour sa part, le premier ministre Harper a tenu à affirmer que «le Parlement va prendre sa propre décision sur la prolongation de cette mission. En même temps, nous les Canadiens pouvons être très fiers du travail fait par nos troupes, nos diplomates et nos agences de développement. Nous avons fait des progrès importants pour l'une des populations les plus démunies du monde».
Soixante-sept soldats et un diplomate canadiens ont perdu la vie depuis le début de la mission en Afghanistan, en 2001. Le chef libéral Stéphane Dion a accusé M. Harper d'avoir raté une occasion en or d'informer le président Bush que le Canada retirerait ses troupes de l'Afghanistan en 2009. «Il a été incapable de le dire clairement au président», a dit M. Dion, qui a aussi dénoncé le manque de transparence durant le sommet.
Mesures communes
M. Harper, son homologue américain et le président du Mexique Felipe Calderon ont conclu le sommet de deux jours hier en affirmant que le Canada, les États-Unis et le Mexique doivent resserrer davantage leurs liens économiques, dans un contexte de mondialisation des échanges, tout en respectant la souveraineté de chacun des pays.
Les trois amigos ont d'ailleurs annoncé une série de mesures destinées à améliorer la collaboration entre les pays dans divers domaines dans le cadre du Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité (PSP).
- Ils ont adopté un plan nord-américain pour lutter contre l'influenza aviaire et une pandémie d'influenza. Un groupe de coordination de haut niveau composé de membres des trois pays a été mis sur pied pour affronter une telle crise.
- Les trois pays comptent se donner des normes de qualité communes pour les produits et les aliments importés en Amérique du Nord. Cette mesure fait suite au rappel de millions de jouets fabriqués en Chine par la compagnie Mattel. «Nous devons cerner les produits non sécuritaires et empêcher qu'ils entrent au pays, en particulier les produits destinés à nos enfants», a dit à ce sujet Stephen Harper.
- Ils ont aussi convenu de travailler ensemble pour rendre les frontières à la fois plus efficaces et sûres tout en respectant «les liens d'amitié et commerciaux qui unissent les trois pays».
Durant la conférence de presse, M. Harper s'est ouvertement moqué des manifestants et de ses adversaires politiques. Le premier ministre a notamment tourné en dérision les accusations du chef libéral Stéphane Dion selon lesquelles il était en train de négocier une entente secrète avec les Américains pour exporter de l'eau en vrac.
Il a aussi ridiculisé les propos de ceux qui croient que le PSP mènerait à la construction d'une gigantesque autoroute nord-américaine. «Deux de mes opposants ont spéculé sur des projets de détournement massif d'eau et la construction de super autoroutes sur le continent, peut-être même interplanétaires», a dit M. Harper.
Le président Bush a pour sa part dit trouver «comiques» les propos de ses détracteurs qui lui prêtent de sombres intentions qui, selon lui, ne collent pas à la réalité.
Répondant à ceux qui dénoncent le secret entourant ce genre de sommet, M. Harper a affirmé hier que ces rencontres sont essentielles pour améliorer les relations commerciales entre les trois pays et favoriser la libre circulation des biens et des personnes. Il a donné en exemple le cas d'une entreprise qui fabrique des jujubes et qui doit se plier à des règles différentes au Canada et aux États-Unis. Il a soutenu que la souveraineté du Canada ne serait pas mise en péril si l'on harmonisait les règles de fabrication de ces jujubes.


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