Justin Trudeau expulse les 32 sénateurs libéraux de son caucus

«La seule façon de faire partie du caucus libéral est d'avoir été élu par la population», a dit le chef libéral

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La poigne brutale du père, sans l'intelligence ni la culture. Ça promet...

Ottawa — Justin Trudeau expulse les 32 sénateurs libéraux hors de son caucus, une tentative de se sortir de la mêlée alors que les scandales entourant la Chambre haute se sont multipliés au cours de la dernière année.
Selon le chef libéral, le Sénat est devenu une institution marquée par le favoritisme et la partisanerie extrême, qui ne sert plus les Canadiens.
Pour régler ces deux problèmes, il a annoncé que les sénateurs nommés par le Parti libéral siégeront désormais comme indépendants et ne feront plus parti du caucus libéral.
«La seule façon de faire partie du caucus libéral est d’avoir été élu par la population», a fait valoir Justin Trudeau.
«Au lieu d’être séparés des préoccupations politiques et électorales, les sénateurs devaient faire non pas ce qui est bon pour leur pays ou leur région mais ce qui est bon pour le parti», a rappelé le chef libéral qui veut une fin à cette façon de faire.
Les anciens sénateurs libéraux ne feront plus partie des opérations politiques ni des levées de fonds pour le Parti, a-t-il précisé. Le budget alloué par le parti sera aussi éliminé.
Les sénateurs libéraux n’ont pas été consultés ni avisés du projet du chef avant le jour même de son annonce publique. «Une surprise», disent-ils.
La plupart des sénateurs libéraux — désormais indépendants — sont sortis en bloc parler aux médias, afin de montrer un front uni. «Nous sommes libérés», ont-ils dit en choeur.
Mais ils semblaient résister aux changements et s’accrocher à l’étiquette libérale.
Certains ont d’abord avancé qu’ils étaient toujours des sénateurs libéraux, bien qu’indépendants, et qu’ils étaient toujours membres du caucus libéral. Mais alors qu’ils se sont fait souligner par les journalistes que leur chef avait mentionné qu’ils étaient hors du caucus libéral, ils se sont défendus en disant qu’ils seraient membres du «caucus libéral du Sénat».
James Cowan, le leader libéral au Sénat, a dit que son équipe formait toujours l’opposition officielle à la Chambre haute.
«Cela ne changera pas grand-chose», a-t-il même déclaré, semblant ainsi contrecarrer l’ampleur de la réforme du chef.
Défi aux conservateurs
Justin Trudeau a aussi mis au défi Stephen Harper de faire la même chose avec ses 57 sénateurs et les exclure du caucus conservateur.
Peine perdue, le gouvernement ayant rejeté mercredi sans une seconde d’hésitation les propositions libérales. «Un écran de fumée», a commenté le ministre d’État à la réforme démocratique, Pierre Poilievre.
«Le seul changement que M. Trudeau annonce est que les sénateurs ne vont pas assister à une seule réunion par semaine», a-t-il ironisé. «En plus de cela, sa proposition va créer un Sénat encore plus mauvais qu’il ne l’est déjà, si vous pouvez imaginer pareille chose.»
Car avec son plan, non seulement les sénateurs ne seraient pas élus, mais ceux qui les choisiraient ne le seraient pas non plus, a-t-il commenté.
«Et c’est pour se distancer du rapport du vérificateur général», a-t-il ajouté, refusant de dire s’il avait eu accès à ses conclusions.
En point de presse mercredi matin, M. Trudeau avait toutefois assuré qu’il n’avait pas d’information particulière sur l’audit que mène actuellement le vérificateur général sur les dépenses de tous les sénateurs. Et que ce n’est donc pas parce que des sénateurs libéraux allaient être sévèrement blâmés qu’il a pris cette décision de les exclure, pour sauver sa réputation avant la tempête.
M. Trudeau a confié s’être assis avec les sénateurs nommés dans le passé par les anciens leaders du Parti libéral du Canada (PLC) Paul Martin, Jean Chrétien ou Pierre Trudeau, une demi-heure avant son annonce, et avoir trouvé difficile de les informer de sa décision.
Il se dit aussi contre un Sénat où les membres seraient élus, comme le proposent les conservateurs.
Quant à la position du NPD d’abolir tout bonnement le Sénat, elle n’est pas plus valable, estime M. Trudeau. Cela va nécessiter un important amendement constitutionnel, raille M. Trudeau.
Les néo-démocrates s’insurgent contre le projet des libéraux. Ils soulignent avoir déjà présenté une motion pour qu’il soit mis fin aux activités partisanes des sénateurs, notamment leur participation à des rencontres du caucus. Les libéraux de Trudeau avaient alors voté contre, soulignent-ils.
S’il est élu premier ministre, M. Trudeau assure par ailleurs qu’il mettra en place, avec la collaboration d’experts, un processus de nomination non-partisan, ouvert et transparent.
Il attend toutefois le jugement de la Cour suprême du Canada sur le projet de réforme du Sénat des conservateurs avant de se prononcer sur le mécanisme qui pourrait être utilisé pour cela.


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