Justin le pitre, Justin l’insulteur

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« [...] de l’occupation militaire du Québec en octobre 1970 à l’attentat du Métropolis, ce ne sont pas les souverainistes qui ont cru aux vertus de la force armée. »

Le voyage raté de Justin Trudeau en Inde a au moins une vertu: il vient d’un coup de révéler à la grandeur de la planète que celui qu’on prenait pour un premier ministre lumineux est à bien des égards un pitre qui fait honte à son pays en confondant une tournée diplomatique avec un bal costumé. Justin faisait rêver, maintenant, il fait rire, et il est bien possible qu’une bonne partie de son électorat se détourne enfin de lui. Ceux qui le soutiennent passionnément se poseront peut-être même quelques questions. Justin serait-il moins un demi-dieu que le porteur d’un patronyme l’ayant propulsé trop haut pour ses capacités?


Ajoutons une chose: du simple point de vue de la décence politique, Justin Trudeau s’est montré odieux dans ce voyage, en présentant aux autorités indiennes le mouvement souverainiste québécois comme un mouvement violent et globalement antidémocratique. À tout le moins, c’est ce que rapportent les autorités indiennes. Le bureau du premier ministre a ensuite nié cette version. Était-ce encore une blague, comme au moment de l’affaire peoplekind? Justin est-il toujours condamné à s’expliquer?  La diabolisation du nationalisme québécois est le repoussoir nécessaire à la célébration du récit enchanté canadien.


On a toutes les raisons de croire que ce sont les autorités indiennes qui disent la vérité. Cela pour deux raisons : d’abord, cela correspond à la vision du mouvement souverainiste qu’ont historiquement entretenu les Trudeau et les trudeauistes. Au fond d’eux-mêmes, ils assimilent le nationalisme québécois à une forme de suprémacisme ethnique. Au moment des débats sur Meech, le père Trudeau n’avait-il pas avoué sa crainte de voir le Québec déporter ses anglophones si on le reconnaissait comme société distincte? Le trudeauisme repose sur une vision paranoïaque du nationalisme québécois.


On ne doit jamais oublier que cette vision dégradante du Québec est au fondement même du régime canadien de 1982, qui a été pensé par son fondateur comme un cadre civilisateur capable de contenir, de contrôler et de refouler les pulsions antidémocratiques de son propre peuple. Trudeau père était convaincu que les Québécois, laissés à eux-mêmes, étaient étrangers à la démocratie et n’étaient qu’une petite tribu ethnocentrique. Le fils le croit aussi, même s’il n’a manifestement pas les capacités conceptuelles pour expliquer son point de vue. Alors il diabolise à gros traits.


On veut bien croire qu’un peuple n’a pas à surréagir dès qu’on l’insulte, mais les propos calomnieux de Justin Trudeau sont odieux, et c’est la moindre des choses de le dire. Le combat souverainiste est démocratique et la seule fois où une tendance de l’indépendantisme québécois s’est perdue dans l’activisme violent, elle a été condamnée sans nuance par le mouvement national. Pour le reste, de l’occupation militaire du Québec en octobre 1970 à l’attentat du Métropolis, ce ne sont pas les souverainistes qui ont cru aux vertus de la force armée. Il n’était pas inutile de le rappeler.