Conflits au Proche-Orient

Journalisme de mots, publicité, et vision simple d'une réalité complexe !

Christian Rioux dans Le Devoir

Tribune libre

Monsieur Christian Rioux ne lésine pas devant la tâche. Aujourd'hui il nous présente une longue entrevue avec Élie Barnavi, membre du Parti travailliste israélien et historien. Il a participé aux négociations "parallèles" qui avaient suivi les accords d'Oslo et il a même été ambassadeur d'Israël en France.
«Historien» est un titre bien utile pour masquer la fine démarche diplomatique. Souvent les titres servent à donner une carapace à la crédibilité et souvent ils ne sont pas le gage de propos "objectifs".
On le présente de façon à nous faire comprendre que cet Homme ne dit pas de sottise, c'est un universitaire qui a choisi de délaisser un temps le Musée de l'Europe à Bruxelles, dont il est le directeur scientifique, pour interpeler directement le président américain avec un livre en forme de signal d'alarme:
«Aujourd'hui, ou peut-être jamais» (André Versaille éditeur).
Publicité ou entrevue?
Imposition d'une vision?
Bref, rien de ce qu'il dit n'est remis en question et rien non plus n'est confronté à la réalité. Un peu comme si les mots dominaient le réel, enveloppaient les faits d'un voile opaque, éliminaient les condamnations.
«Un rapport de l'ONU accuse Israël de crimes de guerre»
Dans cette longue entrevue, Gaza n'existe pas, le Liban ne s'est pas fait détruire (une fois de plus) en 2006, les territoires ne sont pas occupés, le mur à Jérusalem n'existe pas, la colonisation ne se poursuit pas, bref, la réalité n'a aucune importance et la solution est «simple», elle repose entièrement sur Obama, alors…
Sans dire de grandes sottises, Monsieur Barnavi nous présente avec une sagesse grandiose et une assurance imperturbable, sa solution à toute épreuve. Lui seul… sait!
Il y en a eu tellement avant lui qui pourtant ont su! C'est à son tour… et demain… que sera demain si aujourd'hui le beau discours dit tout, mais où rien de pratique n'est fait, faute de manque de bonne volonté?
Élie Barnavi ne dit pas de sottises, mais il n'en demeure pas moins qu'on accorde, à mon avis trop d'importance à un beau discours. On devrait plutôt nous faire survoler ce conflit éternel à travers ses accords, ses beaux discours et ses bombardements affreux. Nous comprendrions mieux. Je ne crois pas qu'on puisse présenter une solution dans un journal, mais on peut par contre nous aider à comprendre. Nous aide-t-on à comprendre en nous exposant les faits, l'Histoire, les enjeux et les intervenants ou si on ne fait que toujours nous exposer des opinions qui nous transportent d'un bord à l'autre?
Quel est donc le rôle de l'information. Transporter ses lecteurs ou les informer?
Monsieur l'historien dit:
« S'il y a un endroit au monde où le président américain est en mesure de changer radicalement la donne, c'est bien au Proche-Orient. »
Obama ne peut rien faire seul et surtout contre la mauvaise volonté de certains.
Barnavi dit:
« La seule chose que l'opinion israélienne ne pardonnerait jamais à ses dirigeants, c'est une rupture avec les Américains. »
C'est bien possible. C'est même trrrès probablement possible mais ces nouvelles (sic, plutôt publicité) qui nous rapportent la vision d'une seule personne, aussi qualifiée et impliquée soit-elle, ça me rebute toujours un peu.
On pourrait donner la parole à des dizaines de personnes tout aussi compétentes, qualifiées, impliquées et nous aurions probablement des dizaines d'avis probablement divergents et surtout complémentaires.
Le point de vue de M. Barnavie est bien intéressant, mais de le présenter comme s'il possédait "LA" solution m'apparaît discutable.
Comment un seul homme peut-il pavoiser avec autant d'assurance et si peu d'humilité devant ce problème du Proche Orient? Un problème qui s'éternise depuis plus de soixante ans, qui fait des vagues et qui a des hauts et surtout des bas.
Je pourrais dire comme M. Barnavie: "la solution est simple, tout le monde la connaît, il suffit qu'Israël cesse sa colonisation, sa domination et surtout soit «de bonne volonté».
LA BONNE VOLONTÉ D'ISRAËL.
Tout le monde le sait et le voit, c'est LA pierre d'achoppement.
Obama peut-il influencer un règlement au Proche-Orient?
Encore ici, si les États-Unis démontraient clairement leur détermination, probablement que oui, il y aurait une lueur au bout du long tunnel vers la Paix.
De la détermination ferme et sans équivoque. Pas du patinage diplomatique, non, des demandes de sanctions à l'ONU, une coupure nette de "l'aide" militaire US et une aide véritable pour reconstruire la Palestine et lui permettre de se donner des institutions dignes d'un pays afin de rendre cette dignité qui a été tellement bafouée. Rendre un pays et la dignité à ce peuple qui a dû se réfugier un peu partout.
Au lieu de nous rapporter la pensée de ce représentant d'Israël en long et en large (on peut acheter son livre), il aurait été plus intéressant pour les lecteurs du Devoir de lire plusieurs points de vue ou encore un résumé des nombreux "accords" qui n'ont jamais installé LA PAIX.
Accords et guerres, une danse sinistre où se mêle diplomatie, hypocrisie et surtout manque de bonne volonté.
- Résolution 181 de l'ONU (29 novembre 1947). Plan de partage de la Palestine entre un État Juif et un État Palestinien. Adoptée par 33 voix (dont les États-Unis et l’URSS), contre 13 voix opposées et 10 absentions (dont la Grande-Bretagne). Refusée par les Arabes et critiquée par les sionistes qui s’y rallient malgré tout. La résolution ne sera jamais appliquée. Six mois après son vote, le 15 mai 1948, débute la première guerre israélo-arabe, après cinq mois de guerre judéo-palestinienne
- Guerre de Palestine 1947-1948 et guerre civile.
Guerre israélo-arabe 1948-1949, environ 400 000 Palestiniens-nes prennent la route de l'exode. C'est le démantèlement d'un peuple. On appelle cette guerre, « guerre d'indépendance d'Israël »! Environ 5 800 morts israéliens et 12 000 Palestiniens plus 1400 morts égyptiens. Israël a conquis des territoires ce qui pousse 750 000 Arabes Palestiniens (sur 900 000) à l'exode. 600 000 Juifs des pays arabes prennent leur place.
- Accords d'armistice israélo-arabes de 1949

78% de La Palestine passe à Israël
- Résolution 194 de l'ONU (11 décembre 1948) qui dit, entre autres « permettre aux réfugiés qui le désirent, de rentrer dans leurs foyers le plus tôt possible et de vivre en paix avec leurs voisins, des indemnités doivent être payées à titre de compensation pour les biens de ceux qui décident de ne pas rentrer pour tout bien perdu ou endommagé »
- Guerre des frontières d'Israël de 1949 à 1956 (à la frontière avec la Jordanie et la Bande de Gaza). Une guerre qui provoque le Massacre de Qibya (14 octobre 1953).
Une opération représailles pour venger la mort d'une Israélienne et ses deux enfants tuées par une grenade est alors menée par Ariel Sharon qui avait 25 ans.
42 victimes, dont 38 femmes et enfants.
- Guerre de Suez (1956)
- Guerre des Six Jours (du 5 au 10 juin 1967). La guerre fut déclenchée comme une « attaque préventive » d'Israël contre ses voisins arabes.
- Résolution 242 de l'ONU (22 novembre 1967) demande « le retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés lors du récent conflit et l'instauration d'une paix juste et durable au Proche-Orient ».
- Guerre d'Usure (1968-1970)
- Guerre du Kippour (6 au 24 octobre 1973)
- Résolution 338 de l'ONU (22 octobre 1973) adoptée par le Conseil de sécurité par quatorze voix contre zéro. Demande un cessez-le-feu immédiat et l’application de la Résolution 242.
- Résolution 3236 de l'ONU (22 novembre 1974) réaffirme les droits inaliénables du peuple palestinien en Palestine, y compris le droit à l’autodétermination sans ingérence extérieure et le droit à l’indépendance et à la souveraineté nationales.
- Résolution 3376 de l'ONU (10 novembre 1975) met en place un comité qui a pour tâche de recommander un programme de mise en œuvre, destiné à permettre au peuple palestinien d’exercer les droits inaliénables reconnus par la résolution 3236. (comité toujours existant)
- Résolution 3379 de l'ONU (aussi le 10 novembre 1975) décrète que le sionisme est une forme de racisme et de discrimination raciale".
- Accords de Camp David (17 septembre 1978). Poignées de main mémorable Bégin, Sadate et Carter. (Bégin et Sadate Nobel de la PAIX 1978, Carter en 2002)
- Le Traité de paix israélo-égyptien est signé le 26 mars 1979 à Washington, à la suite des Accords de Camp David de 1978.
- Résolution 476 de l'ONU (30 juin 1980) déclare nulle et non avenue la décision d'Israël de modifier le statut de Jérusalem. Israël voulait faire de Jérusalem « une et indivisible » sa capitale.
- Invasion du Liban (1982)
- Accord israélo-libanais (17 mai 1983) qui dit qu'Israël se retire des territoires libanais qu'elle occupe contre un engagement libanais de contrôler sa frontière avec Israël afin d'empêcher des miliciens palestiniens et libanais de commettre des attentats en territoire israélien. Accord ratifié par le parlement libanais, mais annulé le 5 mars 1984 par le gouvernement.
- Guerre des pierres. Première Intifada (de décembre 1987 jusqu'aux accords d'Oslo 1993). C'est la naissance du Hamas.
- Conférence de Madrid (3 jours en octobre 1991). Au lendemain de la guerre du Golf (Irak qui a pris fin en mars), c'est la première tentative internationale (Europe, Russes et Américains) pour trouver la PAIX au Proche-Orient. C'est le début de plusieurs rencontres (12 à Washington et plusieurs à Moscou et dans les capitales européennes).
Accord de Paix avec la Jordanie, échec avec la Syrie.
- Résolution 4686 de l'ONU (16 déc. 1991) L’abrogation de la résolution de l’ONU assimilant le sionisme à un racisme, elle révoque la résolution 3379 de 1975.
- Accords d'Oslo (1993 – 1994) qui ont été élaboré à Washington ce qui a permis une autre poignée de main mémorable, Arafat et Rabin sous le regard bienveillant de Bill Clinton le 13 septembre 1993. Accord complété à Oslo le 4 mai 1994. Accord de principe sur un autogouvernement à Gaza et à Jéricho. Retraits des troupes israéliennes. Partage de l'eau.
- Traité de paix israélo-jordanien (26 octobre 1994). Les contestations de territoires sont résolues par ce traité. C'est le second traité de paix entre Israël et un pays arabe, après le traité de paix israélo-égyptien.
- Accord intérimaire sur la Cisjordanie et la Bande de Gaza entre Arafat et Rabin signé à Taba le 24 septembre 1995 puis de nouveau à Washington le 28 septembre 1995, en présence des représentants russes, américains, européens, égyptiens, jordaniens et norvégiens.
- Accords de Wye Plantation (23 octobre 1998) signés entre Israël et l'Autorité palestinienne et négociés à la suite de l'Accord intérimaire sur la Cisjordanie et la Bande de Gaza. On parle de nouvelles évacuations israéliennes sur 13% de la Cisjordanie.
Un accord signé par Arafat et Netanyahou, en présence de Bill Clinton à la Maison blanche. Le texte a été ratifié par la Knesset par 75 voix favorables contre 19 opposées à l'accord. Suite au déclenchement de la Seconde Intifada (septembre 2000), le plan d'évacuation fut gelé et n'a jamais été appliqué.
- Sommet de Camp David II (juillet 2000) Cliton, Barak, Arafat. Impasses et échec.
« La bonne volonté est absente ».
- La résolution 1322 de l'ONU (7 octobre 2000) adoptée par le Conseil de sécurité par 14 voix pour et une abstention (États-Unis). Elle condamne l’acte de provocation commis le 28 septembre 2000 au Haram al-Charif site de la Mosquée Al-Aqsa. Le 28 septembre 2000, le Premier Ministre israélien Ariel Sharon – à l'époque chef de l'opposition –dans une provocation délibérée, est entré dans le complexe d'Haram Al-Sharif suivi de plusieurs centaines de policiers israéliens pour "souligner les droits des Juifs". Le lendemain, l'Intifada Al-Aqsa éclatait.
- Début de la 2e guerre des pierres, Intifada (septembre 2000)
- Sommet de Taba (Sinaï, 21 au 27 janvier 2001) Bill Clinton, Ehud Barak, Yasser Arafat. Un dialogue de sourds. Il n'y a pas de bonne volonté.
- La résolution 1397 de l'ONU (12 mars 2002) dit que considérant la vision d’une région dans laquelle deux États, Israël et la Palestine, vivent côte à côte, elle exige la cessation immédiate de tous les actes de violence, y compris tous les actes de terreur et toutes provocations, incitations et destructions.
- Initiative de Genève (1er déc. 2003). Des accords pleins d'espoir. Partage de la souveraineté sur Jérusalem, droit de retour des Palestiniens et une indemnisation des réfugiés. 58 personnalités soutiennent l'accord (Carter, Gorbatchev, Boutros-Ghali, Martti Ahtisaari, Jacques Delors, Mary Robinson et Sadako Ogata, Bernard Kouchner, Simone Veil, Lech Wałęsa, John Hume, Nelson Mandela, etc.)
- Guerre sanglante du Liban (2006). 500 000 déplacés. 1 000 morts civils, dont 30 % d'enfants de moins de 12 ans. La majorité des infrastructures du Liban détruites, de nombreux quartiers résidentiels complètement rasés. 34 jours de combat dément.
- Guerre de Gaza (2008 – 2009). Encore des atrocités. Bombardement massif. Des armes inégales. Un total manque de respect pour la population palestinienne.
1 315 Palestiniens ont été tués dont plus de 410 enfants et 100 femmes, et plus de 5 285 autres ont été blessés. Les civils composent 65 % des tués.
Côté israélien, 3 civils et 10 soldats israéliens tués et 113 soldats ainsi que plus de 84 civils ont été blessés.
Et Annapolis… (novembre 2006)
Comment ai-je pu oublier Annapolis?
Certains parlaient même de donner le prix Nobel de la Paix à George War Bush!
« Bush arrache un accord Olmert-Abbas »
« M. Olmert a déclaré qu'Israël était prêt à faire un «compromis douloureux» pour arriver à faire la paix avec les Palestiniens. «Je pense que la réalité qui a été créée dans notre région en 1967 va changer de façon considérable. Cela va vraiment être très dur pour beaucoup d'entre nous, mais c'est inévitable. Je sais que beaucoup de mes concitoyens s'en rendent compte, et nous y sommes prêts.»
Danny Dayan, porte-parole du groupe de colons juifs Yesha: «Les efforts transparents pour achever des négociations dans un délai permettant à GEORGE BUSH d'obtenir « le prix NOBEL DE LA PAIX » conduiront à une catastrophe. »
Aujourd'hui encore,
«Il y a les mots, il y a la réalité. Les journalistes préfèrent les mots!»
Annapolis avec son grand tapage médiatique s'est avéré être une mascarade diplomatique.
Une fois de plus LA BONNE VOLONTÉ n'était pas au rendez-vous.
Une mascarade pour nous faire oublier les atrocités commises au Liban (juillet, août 2006)
« George W. Bush, prix Nobel de la paix?... »
Serge Charbonneau
Québec


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