Ensemble, ils partagent beaucoup de choses. Ils sont beaux, séduisants, jeunes et légers. À leurs yeux, le monde est bon, l’avenir ne peut être que brillant et la mondialisation ne se laissera guère freiner.
Mélanie est de toute évidence la ministre chouchoute du cabinet du premier ministre. Il est à parier que, le 1er juillet 2018, ils fumeront légalement leur premier joint ensemble. Mélanie Joly est le double féminin de Justin, le gentil mâle. Mais soyons objectifs et lucides, politiquement, elle est moins douée et plus démunie que lui.
L’entrevue qu’elle a accordée à Paul Arcand sur sa politique à l’égard de Netflix illustre – hélas ! – les limites de sa compétence. Laquelle inclut son incapacité à s’exprimer en français. En ce sens, elle est le produit de l’échec de l’enseignement de la langue au Québec.
Doutes
Que cela plaise ou non aux égalisateurs et niveleurs sociaux, être ministre dans un gouvernement exige des qualités d’intelligence, d’éthique, mais aussi de correction langagière. Relire des déclarations de la ministre est un exercice pénible et triste. Comprend-elle ce qu’elle affirme ? Combien de temps lui donnera-t-on le bénéfice du doute ? L’imagine-t-on face aux dirigeants arrogants et puissants de Netflix jouant les séducteurs tout en évaluant ses faiblesses politiques ?
La politique aberrante du gouvernement libéral, qui refuse de taxer ce mastodonte culturel qui envahit la planète, illustre bien son incurie. Mélanie Joly déclare à Paul Arcand : « Comment avoir une taxation ? Il n’y a pas un pays au monde qui est arrivé à trouver une réponse parce que ces entreprises ne sont pas dans leur juridiction. »
Ce charabia quasi incompréhensible en français exprime son ignorance du dossier Netflix puisqu’à travers le monde la plupart des pays industrialisés taxent les entreprises étrangères. Il n’y a que le Canada qui fait un pareil cadeau au géant américain Netflix. Or, soit la ministre du Patrimoine est ignorante, soit elle ment. Et dans son cas, on peut raisonnablement croire qu’elle est ignorante.
Lieux communs
Car Mélanie Joly est la reine du surfing en politique. Elle bat Justin Trudeau pour l’usage immodéré qu’elle fait des réseaux sociaux. Il y a dans sa façon de s’adresser aux citoyens un mélange de guimauve, de lieux communs, de mièvrerie et de flatterie populiste.
La ministre du Patrimoine a-t-elle donné des bisous aux dirigeants de Netflix pour les remercier de tout son cœur du beau cadeau de 500 millions que l’entreprise va investir dans la production de films à contenu canadien ? Leur a-t-elle dit qu’il existe au Canada une « langue francophone », comme elle a qualifié récemment la langue française ?
Mélanie Joly incarne, et on le regrette, le principe de Peter. C’est-à-dire qu’elle a atteint son degré d’incompétence en accédant au ministère du Patrimoine, dépositaire et producteur de la culture canadienne. Mais Justin le malin doute de l’existence de cette culture. Il en a une vision postnationale plus large. C’est un communautariste. À ses yeux, le Canada est un amalgame de cultures. Et Mélanie est son porte-voix.