Un véritable scénario hollywoodien

Jean-Claude Duvalier de retour en Haïti

Un dictateur repenti au secours de qui?

Tribune libre

SERAIT-IL L’ÉLU DE LA FRANCE ET DE WASHINGTON?

Les grands stratèges des puissances qui veulent le bien du peuple Haïtien n’ont pas dit leurs derniers mots. Il y aura bientôt un Président qui arrivera au terme de son mandat sans qu’il y ait de successeur élu. De plus, il est peu probable qu’un second tour puisse être organisé à court terme. Le rapport soumis par l’OEA ne semble pas convaincre le Conseil électoral provisoire, ni le Président Préval. Des troubles sont donc à prévoir, rendant la tenue d’un second tour plutôt problématique.
Nous savons depuis longtemps que Washington et la France ne veulent pas que l’actuel Président prolonge son mandat, pas plus qu’ils ne souhaitent que Jude Célestin, le candidat du Gouvernement, ait quelque chance d’accéder au second tour et à la Présidence. Surtout pas question qu’Aristide revienne au pays. Alors, il faut imaginer un scénario, type hollywoodien, qui pourrait répondre prioritairement aux attendes de la France et de Washington tout en permettant de contrôler les sauts d’humeur du peuple.
Hier soir, est arrivé, comme par hasard, l’ex dictateur Jean-Claude Duvalier, président « à vie » d’Haïti. Déjà nos journaux officiels préparent nos cœurs et nos esprits à voir en ce retour du dictateur sanguinaire, que l’on dit repenti, le commencement d’une ère nouvelle. D’ailleurs, à son arrivée à Port au Prince, il a baisé, comme le font les papes, le sol de sa terre natale, geste plein de dignité et de respect. En somme, s’il a été un dictateur et un fraudeur de la pire espèce, pourquoi ne reviendrait-il pas avec l’âme d’un repenti et d’un missionnaire? Déjà, nous rapportent les journaux, certains disent qu’à l’époque de Duvalier le pays avait plus de stabilité et que la sécurité était plus grande. De quoi, évidemment, à faire rêver en ce temps de crise mais aussi à faire oublier que la stabilité et la sécurité, à cette époque, étaient dues non pas à la satisfaction des besoins du peuple, mais à la machine infernale de répression des tontons macoutes. De cela, les articles ne parlent pas trop.
Des bulletins d’information disent que la secrétaire d’État des États-Unis, Mme Hilary Clinton se rendra en Haïti, ce lundi-ci, ainsi que le secrétaire général de l’OEA, Jose Insulza. Il n’est pas dit s’ils allaient loger au même Hôtel où loge l’ex-dictateur. Cette simultanéité de la présence de ces trois personnages à ce moment-ci, augure quelque chose d’inédit. Quoiqu’il en soit, s’ils sont là, c’est de toute évidence pour le plus grand bien du peuple et de la démocratie. Comment penser un seul instant qu’ils puissent en être autrement ? Ne sont-ils pas « la communauté internationale » et la « conscience des peuples »?
Il m’arrive d’imaginer cet échange sur Haïti entre Obama et Sarkozy lors de leur toute dernière rencontre.
Obama « Pourquoi pas un dictateur, converti en sauveur du genre Jean-Claude Duvalier? Il a encore des contacts dans le milieu et il pourrait compter sur le soutien de nos deux pays. »
Sarkozy « À y regarder de plus près, la démocratie lorsqu’un peuple ne veut pas comprendre, est impossible. Un bon dictateur saura mettre de l’ordre et apporter de la sécurité. »
Obama « Les investisseurs pourront travailler à la reconstruction d’Haïti, sachant que l’argent de la reconstruction est toujours là entre les mains de Bill Clinton et qu’ils seront bien payés. »
Sarkozy « Ce ne sera pas Jean-Claude Duvalier qui va oser réclamer à la France les milliards de dollars qu’Aristide voulait qu’on rembourse à Haïti. »
Obama et Sarkozy « Avec Jean-Claude Duvalier nous aurons une personne sur qui nous pourrons compter pour faire régner la sécurité et la paix dont nous avons besoin sur ce coin de pays. »
Si ce pauvre peuple d’Haïti a déjà été indépendant en 1804, il est temps qu’il réalise que son destin lui a échappé depuis longtemps. Mais jusqu’à quand?
Oscar Fortin
Québec, le 17 janvier 2011
http://humanisme.blogspot.com

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citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 janvier 2011

    Il y a surtout un deal! On veut accabler davantage Haiti. Duvalier n'est juste qu'un pion.Paris,Washington,et Port-au-Prince savaient que M. Duvalier allait venir en Haiti.
    Les politiciens sont des hypocrites.Ils veullent poser le grappin sur Haiti ( entendez par la, la communauté internationale)...Que veullent-ils exactement? ...,il y a entr'autre, les ressources naturelles d'haiti...Il y a aussi 10 milliards de dollars pour la reconstruction(sic) d'Haiti.
    En dernière,on vient d'apprendre que M. Duvalier aurait été arrêté par la justice haitienne.(Ca fait parti du scénario).Bref! Sachez que les politiciens ne sont pas des enfants de choeur. Certains agissent sous le couvert de " raison d'état "...,d'autres...

  • Archives de Vigile Répondre

    18 janvier 2011

    M.Charbonneau je ne puis que souscrire pleinement à cette colère qu'alimente autant d'hypocrisies et de mensonges. La tromperie devient la façade de l'honnêteté et l'honnêteté,pour sa part, devient suspecte de tous les crimes.
    Merci pour votre encouragement.

  • Serge Charbonneau Répondre

    18 janvier 2011

    La «communauté internationale» si prompte à dénoncer les "dictateurs" est bien silencieuse.
    Quelle a été la déclaration de Ban Ki Moon sur le retour du dictateur ?
    Rien
    Quelle est celle de Obama, ce grand prix Nobel de la Paix qui aime la guerre et fait la morale à tous et chacun ?
    Rien
    Quelle est la déclaration de Clinton qui est celui qui a pris "en charge" Haïti qui n'a personne d'aussi "compétent" pour mener à bien son sort ?
    Rien
    Et Sarkozy, ce justicier qui sait mettre au pas la «racaille» ?
    Rien
    Et Kouchner, le "french doctor", cet autre grand défenseur des droits humains et "dénonceur" de dictateurs ?
    Rien
    Tout ce beau monde si rapide à commenter et faire la morale.
    Rien
    Et les médias qui attendent bien sagement la digne "conférence de presse" de "l'ancien président". Oui, parfois on l'appelle simplement et dignement "l'ancien-Président" et non pas "le dictateur déchu".
    La «communauté internationale» qui gèle les avoirs de Gbagbo et interdit ses déplacements, qui émet un mandat contre El-Béchir et qui empêche Aristide de retourner dans son pays en plus d'empêcher que son parti se présente aux élections… elle est bien silencieuse et inactive la superbe «communauté internationale».
    Et cette «communauté médiatique» si morale pour nous présenter les «tricheurs» et lesdits dictateurs qui "s'accrochent" au pouvoir en se faisant réélire.
    Elle est bien attentive et patiente pour entendre les «explications» de Jean-Claude le nouveau démocrateur (dictateur "démocrate") qui va nous faire comprendre toute l'émotion que son grand cœur contient. Nos journalistes vont-ils aller jusqu'à nous tirer la larme de l'œil pour nous montrer que Jean-Claude a "changé" et que comme tout citoyen "honnête" d'Haïti il peut rentrer au Pays, lui qui a commis ses crimes avant que les lois les empêchant existent (TPI).
    Vraiment, une fois de plus, nous constatons l'hypocrisie qui mène le monde.
    Les dictateurs véritables peuvent vivre sans se faire importuner et même tenter de se faire réhabiliter.
    Serge Charbonneau
    Québec

  • Archives de Vigile Répondre

    17 janvier 2011

    Monsieur Poulin, ce n'est pas vraiment un oubli, mais une manière de dire qu'il compte pour bien peu dans pareil circonstance, pour ne pas dire pour rien du tout. Ces choses se règlent entre grands seulemement... C'est triste à dire pour un pays qui a connu son prix Nobel de la paix en son premier ministre Lester B. Pearson, dans les années 1960.
    Plus j'écoute les nouvelles, plus je vois les préparatifs d'un coup d'État militaires des alliés de Duvalier qui garde encore un prestige au sein des forces armées. La communauté internationale, mise devant un fait accompli, finira par le voir comme un moindre mal dans un Haïti sans gouverne.
    Nous en sommes à des spéculations. Avec les déclarations de Michael Jean contre Duvalier, le silence du Canada le placerait à l'abri des critiques.
    bonne soirée

  • Raymond Poulin Répondre

    17 janvier 2011

    Petit oubli : ce n’est pas un dialogue mais un trialogue : n’entendez-vous pas, en sourdine aux pieds d’Obama, un caniche prénommé Stephen opiner de ses petits jappements tout joyeux? Ah! la bonne assiette pour ses maîtres des multinationales canadiennes, qui lui refileront leurs meilleurs os!