LETTRE OUVERTE À ANDRÉ PRATTE

Je mets fin à mon abonnement au journal La Presse

Je n’espère pas de changement à court ou à moyen terme. L’Empire et sa descendance ne savent que trop l’importance de cette machine de guerre idéologique qu’est le journal La Presse.

Crise sociale - JJC le gouvernement par le chaos


Monsieur Pratte,
Je veux par la présente vous signifier que je mets fin à mon abonnement au journal La Presse. J’ai mis 48 heures avant de prendre cette décision, ne voulant pas agir à la suite du coup de sang ressenti à la lecture de l’édition du samedi 19 mai. Je fais référence à la manchette choc faisant état d’un sondage pour le moins tendancieux, à votre éditorial et à la chronique de Lysiane Gagnon.
Ce journal me manquera assurément. C’est un rituel de commencer ma journée avec Le Devoir et La Presse. Les pages des sports, les chroniques de Foglia, de Michèle Ouimet, de Rima Elkouri, les excellents reportages des Noël, Lessard et autres excellents journalistes font de La Presse un très bon journal au demeurant. Tout cela, croyez-vous, vous autorise à présenter La Presse comme un journal objectif. Ce qu’il est d’ailleurs en temps normal, je le reconnais volontiers.
Mais il se transforme aussi en une incroyable machine de guerre lorsque les questions de fond finissent par se poser. C’est ce qu’a fort bien compris l’Empire Power, qui consent à essuyer des déficits importants pour que cette machine de guerre soit bien huilée aux moments jugés opportuns.
Cette machine de guerre mise au service du fédéralisme, de l’entreprise privée et des gouvernements contre les mobilisations populaires a fait ses preuves lors des référendums et des élections, en particulier celle de mai 2011 alors qu’un autre sondage lui aussi tendancieux faisait tout à coup apparaître le NPD comme l’alternative québécoise.
Samedi dernier, vous vous êtes surpassé, M. Pratte. L’intelligence que je vous reconnais vous fait certainement saisir l’ampleur du mouvement social qui s’est développé depuis quelques mois. Vous préférez n’y voir que « le serpent de la violence et du désordre », qui est le fait de casseurs qui parasitent le mouvement étudiant et à qui on laisse suffisamment de corde pour que les images télévisées provoquent une réaction de rejet global dans les chaumières insuffisamment informées. Quand on montre la lune à un idiot, il regarde le doigt…
Je sais que vous avez déjà été rebelle et que vous en avez payé le prix, il y a près de 20 ans, quand le grand patron de l’Empire avait estimé que vous aviez fait preuve d’impolitesse à son égard.
Le syndicat des journalistes et vos collègues vous avaient appuyé, ce dont vous aviez témoigné dans une entrevue au Devoir, dans laquelle on pouvait lire que « Louant « la solidarité » de ses collègues de La Presse, M. Pratte a dit que « cette semaine, j’ai appris toutes sortes de choses. »
On aurait pu croire à l’époque qu’à travers toutes ces choses, vous aviez appris les vertus de la solidarité. Mais vous êtes par la suite revenu au lieu auquel vous destinait votre naissance, soit la défense de la loi, de l’ordre et du système.
Je ne vous en fais pas grief. C’est la trajectoire normale pour qui n’est pas un être d’exception. Quant à madame Gagnon, qui fut en son temps une grande journaliste, il est navrant de voir une Callas se transformer devant nos yeux en directrice de chorale de sous-sol d’église.
Dans votre sondage, sous le titre : Intentions de vote après répartition, on pouvait relire la question précédente portant sur Line Beauchamp ! En temps normal, on aurait pu croire qu’il s’agissait d’une malencontreuse erreur comme il s’en produit parfois.
Mais vous connaissant, je ne suis pas du tout convaincu que la confusion n’était pas semée volontairement, cette question étant la seule n’allant pas dans votre direction éditoriale alors qu’elle faisait état d’une avance du PQ dans les intentions de vote.
Je n’espère pas de changement à court ou à moyen terme. L’Empire et sa descendance ne savent que trop l’importance de cette machine de guerre idéologique qu’est le journal La Presse.
Bien à vous,
Michel Rioux


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