Je me souviens. Le premier juillet, le reste du Canada fête son pays. Le 17 avril 1982, en présence de la Reine Élisabeth II qui visite actuellement le Canada, le Québec s’est retrouvé bien seul.
Pierre-Elliott Trudeau, la reine Élisabeth II et le procureur général du Canada, Jean Chrétien, signent la Loi de 1982 sur le Canada. Cette loi, aussi connue sous le nom de « Canada Bill », rapatrie au pays la Constitution en y ajoutant une charte des droits et libertés et une procédure de modification de la Constitution. Le Canada devient officiellement un État indépendant après 115 ans d’existence.
Désireux de rassurer ses compatriotes québécois quant aux conséquences de cet événement, le Premier ministre Pierre-Elliott Trudeau déclare : « Or l’histoire montrera qu’avec les garanties inscrites dans la charte des droits et libertés, jointes à une formule d’amendement qui permet au Québec de se retirer, avec pleine compensation financière, de toute entente constitutionnelle touchant la langue et la culture, rien de ce qui fait l’originalité du Québec n’a été sacrifié ». Amer, le premier ministre du Québec, René Lévesque, parle pour sa part de la Constitution comme : « celle des autres, pour un pays qui est plus que jamais le pays des autres, dans lequel on n’aurait plus d’autre place, que de plus en plus réduite, de plus en plus dépendante; la place d’une colonie plus ligotée que jamais. Cette place, nous la refusons et la refuserons toujours » (Source : Université de Sherbrooke).
Aujourd’hui premier juillet, le reste du Canada fête son pays. Le chef de l’État en titre du Canada, Élisabeth II, devrait prononcer un de ses rares discours. Cette présence de la reine Élisabeth II au Canada, qui est maintenant âgée de 84 ans, est la 22e depuis le 6 février 1952, date de son accession au trône. L’édition 2010 du spectacle du midi de la fête du Canada sur la colline parlementaire, à Ottawa, rendra hommage à la reine et au duc d’Édimbourg. Les contribuables canadiens paieront 1,1 million $ de plus en raison de l’aménagement d’une loge royale pour sa Majesté et le prince Philip, d’une scène reconfigurée avec l’ajout de deux écrans et de la programmation artistique.
Comme le rapporte le site Canoë, le président de la Fédération canadienne des contribuables, Kevin Gaudet, qui critique habituellement les dépenses gouvernementales, se dit d’accord avec ces dépenses puisque la fête du Canada est un événement important. Terminons enfin en précisant que, selon un un sondage Angus-Reid, réalisé à l’occasion de la fête du Canada, les Québécois sont, à 79%, ceux qui se sentent le plus différents des autres Canadiens (48% à l’échelle nationale). Quand il s’agit de se définir, les Québécois sont ceux qui s’identifient le plus à leur province.
À l’échelle nationale, quand les Canadiens rencontrent quelqu’un pour la première fois, ils diront à 72% qu’ils sont canadiens et ne se définiront comme albertains ou manitobains qu’à 28%. Au Québec, 68% se diront d’abord québécois (Source : Cyberpresse).
Un rappel douloureux. En 1840, on a réuni les colonies du Haut-Canada et du Bas-Canada pour former la Province du Canada. Le Haut-Canada était principalement anglophone tandis que le Bas-Canada était principalement francophone. Après la création de la Confédération, le Haut-Canada est devenu la province de l’Ontario et le Bas-Canada est devenu la province de Québec. Le 17 avril 1982, le gouvernement du Canada et toutes les provinces canadiennes, sauf le gouvernement du Québec, se mettent d’accord pour rapatrier la Constitution canadienne. Le gouvernement du Québec exigeait que ce rapatriement soit l’occasion pour réévaluer les pouvoirs entre le gouvernement du Canada et les gouvernements provinciaux et pour décentraliser davantage la fédération.
Cette position a fait consensus auprès de huit provinces pendant la négociation mais, au terme du processus, le Québec se retrouve seul. La loi constitutionnelle sera promulguée le 17 avril 1982 en présence de la Reine Élisabeth II. Comme l’explique Wikipedia, au Québec, « la nuit des Longs Couteaux » est un nom utilisé en référence à la nuit du 4 novembre 1981, au moment où l’acte constitutionnel de 1982 a été accepté par le premier ministre du Canada Pierre Elliott Trudeau, ainsi que 9 des 10 premiers ministres provinciaux, à l’insu du premier ministre du Québec René Lévesque, qui dormait à Hull, ville voisine d’Ottawa située au Québec.
Au Canada anglais, le même événement est décrit comme le Kitchen Accord (« entente de la Cuisine ») puisque les négociations ont eu lieu dans une cuisine de l’hôtel Château Laurier d’Ottawa où étaient hébergés les premier ministres concernés. Comme l’explique Robert Dutrisac, du quotidien Le Devoir, dans la nuit du 4 au 5 novembre 1981, sept premiers ministres provinciaux du Canada anglais s’entendaient avec Ottawa sur une nouvelle Constitution pour le Canada, rapatriée l’année suivante. Ils avaient négocié toute la nuit en l’absence des représentants québécois, et sans en parler à la délégation québécoise. Ce fut ce qu’il est convenu d’appeler « la nuit des longs couteaux ».
Le matin du 5 novembre, les sept premiers ministres plaçaient René Lévesque devant le fait accompli : ils avaient renié leurs signatures et brisé le front commun des huit provinces. Le Québec annonça le 25 novembre 1981 qu’il utiliserait son droit de veto sur l’entente, mais la Cour suprême du Canada, composée d’une majorité de juges nommés par Trudeau, statua le 6 décembre que le Québec n’avait jamais possédé ce droit.
Pour revoir le fil des événements, ce reportage de Radio-Canada et cet autre reportage qui montre toute la confusion qui régnait au matin du rapatriement de la constitution canadienne. Le vendredi 3 novembre 2006, Benoit Pelletier, ministre libéral du Québec, lisait, lors d’une interpellation à l’Assemblée nationale, ce texte mûrement préparé. « La reconnaissance de la spécificité du Québec n’est pas un caprice, elle est même nécessaire, car la constitution d’un pays est un miroir, et il est impérieux que, dans ce miroir, dans la Constitution, les Québécois se reconnaissent pleinement ». (Source Le Devoir) En 1999, le NPD a adopté une motion exigeant la «canadianisation» du chef de l’État canadien. En 2006, l’aile québécoise du parti de Jack Layton a proposé de se débarrasser de la monarchie et de transformer le Canada en république.
Pierre Chantelois
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