Quelques idées claires d'un grand souverainiste

Jacques Parizeau répond à quelques questions précises.

Tribune libre

Il est intéressant et important de revoir les commentaires que M. Jacques Parizeau a formulés,sur son blogue, aux conséquences que je vois à une déclaration d'indépendance. Vous constateriez, que plutôt que de classer dans la catégorie des vendus et des hostiles à la souveraineté, M. Parizeau a réagi avec courtoisie, sagesse et rigueur à certains des points que j’avais soulevés.
Je reformule les points en question et je donne sa réponse ensuite.
Q. - Le Québec voudrait-il conserver la dollar canadien comme sa devise (toujours avec la photo de la Reine ?). Si oui, il n’y aura pas besoin de discussions et de comités, comme dans la plupart des autres domaines, mais il faudra que les Québécois comprennent que les taux d’intérêts et les autres politiques monétaires seront toujours décidées par la Banque du Canada. Comme c’est le cas aujourd’hui, ce seront les intérêts du Canada qui serviront de base à ces décisions. Les provinces et le Québec indépendant n’auront pas plus d’influence sur ces décisions qu’ils n’en ont aujourd’hui. Par exemple, si une politique de maintien du dollar canadien fort est appliquée par la Banque centrale, les exportateurs canadiens et québécois devront faire avec.
R. - M. Parizeau a concèdé :"Un Québec indépendant garde le dollar canadien.
La question est réglée depuis 1995. Dans le monde d’aujourd’hui, lancer une nouvelle monnaie est à peu près impossible. On peut la faire tomber en quelques jours. Il est maintenant établi, reconnu et accepté que si le Québec veut garder le dollar canadien, on ne peut l’empêcher. On perdra l’autonomie d’une politique monétaire."
Q.- Comme le PQ prévoit que les Québécois conserveront la nationalité canadienne et le passeport canadien, il faudra que les Québécois s’astreignent à envoyer leurs demandes et leur paiements à Ottawa, pour obtenir un passeport et autres documents qui seront probablement en anglais seulement. En effet il ne serait pas étonnant qu’il y ait au minimum un mouvement pour que la politique de bilinguisme ne soit pas maintenue intégralement. On sait qu’il y a déjà beaucoup de résistance et même d’opposition à cette politique. Ce mouvement ne va certainement pas diminuer en cas de séparation du Québec. Il se posera immédiatement une autre question importante. Les enfants qui naîtront au Québec n’auront certainement pas automatiquement la nationalité canadienne. Pour voyager, il leur faudra un document. Probablement un passeport québécois. Si les parents désiraient que leur enfant obtienne la nationalité canadienne, il faudrait sans doute en faire la demande, mais il restera à décider si la règle des trois années de résidence au Canada s’appliquerait.
R. - Au sujet de la nationalité canadienne, M. Parizeau soutient "qu’un Québec indépendant ne devrait pas s’opposer à la double nationalité, québécoise et canadienne, mais que dans cette nouvelle situation, le Québec n’a rien à faire de particulier". Il ne s’étend pas sur ce que devront faire ceux qui possèdent déjà la citoyenneté canadienne. Ils auront donc à présenter leur demande de passeport à Ottawa, et les nouveaux Québécois, nouveaux-nés et immigrants, auront à soumettre une demande de citoyenneté à Ottawa, et à observer les critères d’obtention de cette citoyenneté. Sans doute une résidence de trois ans au Canada.
Q. - L’Organisation internationale de la Francophonie perdra probablement un pays membre (le Canada) et ses 25 millions de citoyens. Comme il est à prévoir, la résistance au bilinguisme s’intensifiera et il faudrait que les pressions des citoyens soient très fortes pour que le Canada maintienne sa présence et sa contribution financière à la Francophonie. Reste à imaginer ce que fera le Nouveau-Brunswick. Comme l’écrivait, en juin dernier, le professeur et chercheur à l’INRS, Mario Polese, "Advenant l’indépendance du Québec, le français écoperait. L’espace francophone en Amérique s’en retrouverait rétréci, ce qui, dit-il, est un recul à mes yeux."
R. - M. Parizeau ne discute pas de ce que ferait le Canada, mais il prétend que les Acadiens voudront certainement demeurer au sein de la Francophonie.
Q. - Référendum ou élection référendaire.
R. - M. Parizeau rejette l’idée d’une élection référendaire. Il écrit: "Un référendum ne décide rien, il autorise. C’est à l’Assemblée nationale de décider.Cette dernière représente... le peuple tout entier. Mais, l’élection a porté sur plusieurs questions et pas seulement sur la souveraineté. On veut donc confirmer par un référendum la volonté claire du peuple de devenir indépendant.
Je comprends fort bien que certains jugent qu’une élection serait suffisante mais les précédents ont été créés et les citoyens les ont confirmés."
Nous sommes donc un peu mieux renseignés sur ce que pense M. Parizeau et sur les grandes idées qui guideront sans doute encore longtemps, les souverainistes sérieux.

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Georges Paquet20 articles

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Membre du service diplomatique canadien de 1967 à 2002, notamment au Nigeria, en France, en Belgique (auprès de l'Union européenne), à Haïti, à Rome (auprès du Saint Siège) et en Côte d'Ivoire





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15 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    28 novembre 2009

    Mais non, JRMS, une vraie confédération est tout le contraire de la fédération canadienne. Une confédération est formée d'États full-souverains, pas de provinces sous l'autorité du pouvoir central comme est fait le Canada.
    Je ne comprends pas votre dédain d'une confédération qui est un mot porteur puisqu'il a été utilisé faussement par les fédéralistes depuis 1867. Fédéralistes qu'il faut gagner en bonne partie à une solution autre que la fédération actuelle, si nous voulons devenir majoritaires. Le mot confédération me semble plus "vendeur" que d'autres pour devenir souverains tout en conservant un certain lien afin de mieux aller chercher la nécessaire solide majorité.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 novembre 2009


    Une confédération est une union d'États souverains, monsieur
    Bousquet.
    D'abord le statut reconnu d'État sans inféodation
    pour chaque État membre, union ensuite suivant les modalités
    qui ont fait consensus entre tous les États membres, sans
    perte de souveraineté pour aucun.
    Au Canada, la "confédération" n'est qu'un euphémisme
    pour faire accepter en partant l'État post-impérial,
    unitaire et arbitraire d'Ottawa, au service de l'oligarchie
    de Bay Street à Toronto.
    C'est du dol et du vol et M. Georges Paquet,
    expert en demi-vérités et en euphémismes, oeuvre à l'appui
    de cet État inféodant et unitaire. Remarquez qu'il ne parle que de "nations", jamais d'État, de pouvoirs, de compétences et de statuts. Pour lui, cette question est réglée.
    Que toutes les provinces d'Empire de l'espace continental
    canadien deviennent des États avec pleins pouvoirs et que
    leurs dirigeants se rencontrent ensuite sans pression, ni
    fusil dans le dos comme en 1867 et on pourra alors parler
    de confédération.
    Autrement, ce qu'on appelle confédération n'est qu'idée, euphémisme,
    théorie, idéologie et piège mortel pour nous.Quiconque défend cette soi-disant "confédération" est incompétent, malhonnête, ignorant comme une mule ou tout celà à la fois.
    JRMS

  • Gilles Bousquet Répondre

    27 novembre 2009

    M. Parent est inutilement insolent dans ses fausses conclusions.
    Premièrement, je ne connais pas M. Paquet et deuxièmement, je suis, pour l'instant, contre sa proposition que je qualifie d'utopie, selon ce que j'en comprends mais je lui accorde le droit de l’exprimer sur Vigile ou ailleurs si ça lui tente.
    Relisez plus haut, vous allez voir que vous vous trompez lourdement de croire en notre complicité. Moi, je continue à croire que la seule solution qui a une chance de débloquer est un Québec souverain relié au ROC par un lien que je nomme confédération. Est-ce assez clair ?

  • Archives de Vigile Répondre

    27 novembre 2009

    Ha ha!...c'est d'un ridicule consommé ce mariage Paquet / Bousquet. On se tape dans le dos mutuellement en croyant qu'on va couvrir les innommables saletés des fédéralistes actuels en faisant semblant d'apporter des ''réflexions'' sur des textes qu'on a déformés à souhait. Vous êtes une belle paire de fédéraleux qui utilisez un site indépendantiste pour déblatérer vos insignifiances. Vous prenez les lecteurs de Vigile pour des attardés?...des valises? Vous croyez que l'intelligence de tous ceux qui participent à Vigile ne sont pas capables de vous voir venir?...une bande de rabat-joies de bas étage. Les œillères fédérales sont contraignantes alors nous, les Québécois, nous n'en voulons pas au grand dam de ceux qui vont ''légalement'' pêcher l'argent dans nos poches, qui nous volent littéralement et vous vous en faites les complices. Honte à vous.
    Ivan Parent

  • Gilles Bousquet Répondre

    27 novembre 2009

    M. Fernand Lachaine,
    Je tente seulement de comprendre l’idée originale de M. Paquet que je crois utopique comme je l’ai écrit plus haut, à moins que je ne la comprenne pas correctement.
    Pour moi, les fédéralistes ne sont pas des ennemis mais des adversaires que nous devons respecter afin de les mieux changer en souverainistes, si nous voulons gagner un jour.
    J’attends ses dernières réponses avec intérêt en étant ouvert à toutes bonnes idées neuves qui pourraient débloquer notre fédération sclérosée.

  • Fernand Lachaine Répondre

    27 novembre 2009

    Note à Monsieur Bousquet,
    Je suis désagréablement surpris de lire ce genre de conversations que vous avez avec un représentant de l'ennemi.
    Ce monsieur ne veut rien d'autre que le renforcement de l'unité canadienne. Tous ses écrits en font foi.
    Ses réponses à vos questions sont floues afin de créer une confusion chez-vous et d'autres lecteurs.
    Ne soyez pas naïf, monsieur Bousquet, SVP. Jamais, je dis bien jamais, les représentants de l'unité canadienne vont négocier pour un quelconque changement autre que les petits maquillages de surface que propose
    ce "mossieur".
    Ne perdez donc pas votre temps à ce genre de balivernes. Il y a tellement de projets pour renforcer le Québec , comme rassembler tous les souverainistes à former "l'unité québécoise" et où vos capacités de négociateur apporteront plus de résultats.
    Fernand Lachaine

  • Georges Paquet Répondre

    26 novembre 2009

    Merci M. Lapointe d'avoir porté à mon attention votre excellente analyse d'avril 2008. Vous avez adopté un angle d'analyse qui se défend très bien. Il se peut fort bien que si le Canada évoluait vers une reconnaissance théorique et pratique de ses trois nations, il en obtienne des avantages au plan de ses relations internationales. Mais mon propos voulait aller audelà de Stephen Harper et des leaders actuels, quoique leur état d'esprit d'ajourd'hui me paraît favorable.
    Ce que je dis, c'est que la voie d'un troisième référendum pour la recherche d'une issue à la question nationale, telle qu'elle est posée, reste valable et ouverte. Mais les leaders souverainistes ne veulent pas la prendre, du moins dans un avenir rapproché. Et je crois qu'ils ont raison.
    Reste donc une alternative qui permettrait au Québec, comme porte-parole, et un jour comme représentant formel de tous les francophones, de discuter d'égal à égal avec les deux autres nations, et d'obtenir pas le fait même, un droit de veto qu'il croyait avoir jadis.
    Comme vous le savez bien, la politique restera l'art du possible. Et les États, comme toute grande institution, évoluent assez lentement. Donc, mon projet est plutôt un commencement qu'une fin. Et je crois que les esprits seraient mûrs pour aller dans cette direction. Autant Michael Ignatieff qui revendique la paternité de la reconnaissance des Québécois comme nation dans un Canada uni, que Stephen Harper et le NPD. Et je ne vois pas en quoi le Québec serait piégé s'il acceptait d'aller dans cette direction.
    J'admets qu'il y a toujours deux côtés à une médaille, mais si je prends comme exemple le vote positif -très bien accueilli au Québec- que le Bloc québécois a accordé à la résolution qui reconnaît que les Québecois (dans la définition juridique qu'il faut lui donner) forment une nation dans un Canada uni, on peu accepter de reconnaître en même temps un Canada uni et une nation francophone, dont le coeur est au Québec, qui veut prendre toute sa place dans ce Canada uni et qui veut y exercer une influence d'égal à égal avec les autres nations.
    Encore une fois, je me situe au commencement d'un processus qui, avec des leaders clairvoyants et persévérants, pourrait mener à des arrangements institutionnels et constitutionnels importants et satisfaisants.
    Merci encore.

  • Louis Lapointe Répondre

    26 novembre 2009

    Bonjour M. Paquet,
    Je reconnais bien l'ancien et habile diplomate canadien en vous. Voici un texte écrit en 2008 expliquant pourquoi cette théorie des trois nations est un leurre qui affaiblirait encore une fois le Québec au profit d'une meilleure image du Canada dans ses relations internationales.
    Pourquoi ouvrir la constitution ? Petit essai de politique-fiction (2),
    billet de Louis Lapointe,
    vendredi 4 avril 2008

    Ce n’est certainement pas la réforme du sénat ou du mode de nomination des juges à la Cour Suprême du Canada qui pourrait inciter Stephen Harper à ouvrir la constitution pour se jeter dans la tourmente constitutionnelle.
    Il faut alors chercher ailleurs les motifs d’une telle initiative que beaucoup d’analystes comparent au suicide politique. Il faut les chercher dans les rapports internationaux du Canada avec les États-unis, la France, la Chine et l’Inde, là où l’influence économique et politique du Canada est non seulement en perte de vitesse, mais surtout en chute libre. Là où il y a urgence !
    L’objectif de Stephen Harper serait d’abord de redorer l’image internationale du Canada comme défenseur des droits humains. À ce titre, les causes du Québec, des Autochtones du Canada et des Tibétains seraient fondamentales, il en va de l’importance stratégique des relations du Canada avec la Chine. Dans un contexte où s’il souhaite créer un rapport de force avec la Chine, et trouver une place dans l’échiquier mondial, le Canada se doit de se démarquer davantage sur la question des droits humains. Malheureusement, tant que le Canada sera aux prises avec les problèmes québécois et autochtone, il n’aura aucune crédibilité auprès de la Chine et de la communauté internationale. Comme il a déjà reconnu le Québec comme nation au sein d’un Canada uni, il ne lui reste plus qu’à régler le problème autochtone pour s’autoriser à plaider la cause du peuple tibétain auprès de l’ONU afin d’amener la Chine dans les câbles des droits humains, car seule la politique peut encore contrer cette puissance économique qui connaît une fulgurante croissance. Stephen Harper l’a compris et doit se repositionner rapidement.
    Tout le monde conviendra que la stratégie de régler le problème autochtone ne risque pas de disloquer le Canada. On doit plutôt s’attendre à ce que le Canada soit plus généreux envers les autochtones qu’il ne l’a été envers le Québec. De deux maux, Stephen Harper choisira probablement le moindre, il favorisera donc les demandes des autochtones au profit des demandes traditionnelles du Québec à qui il n’accordera que l’enchâssement de la reconnaissance de Nation dans la constitution et un vague encadrement du pouvoir fédéral de dépenser.
    Le Canada n’a pas le choix, il a même tout à gagner dans un tel pari, puisque s’il ne fait rien, il perdra le peu du rapport de force qui lui reste face à la Chine et l’Inde ainsi que sa participation au G8 qui est de plus en plus menacée. Stephen Harper le sait. Le Canada a donc besoin de retrouver rapidement sa crédibilité en politique internationale qui a beaucoup décliné depuis que les conservateurs ont pris le pouvoir au début de 2006. La solution : une grande réconciliation dont le grand succès serait de réunir tout le monde à la même table, les trois peuples fondateurs. Tout milite donc pour que le Canada réalise « La Grande Réconciliation » : un traité constitutionnel où apparaîtraient les signatures de Stephen Harper, du Grand Chef Phil Fontaine et de Jean Charest.
    Nul doute que les Canadiens ont besoin d’une image plus optimiste de leur pays par les temps qui courent, Stephen Harper souhaite la leur donner. Ils veulent retrouver ce bon vieux Canada des casques bleus et des grands espaces. Kyoto et l’Afghanistan leur ont cruellement fait mal. S’il veut survivre, le Canada doit donc se démarquer au plan politique, à défaut de se développer au plan économique. Il lui faut donc une voie de secours, une voie politique : celle d’une grande réconciliation. En redevenant le champion des droits humains par la reconnaissance de la grande nation autochtone, le Canada serait à nouveau de toutes les grandes discussions, comme à l’époque des Pearson et des Trudeau. Qui sait, peut-être Stephen Harper se méritera-t-il le prix Nobel de la paix ! C’est peut-être un rôle mineur, mais il est essentiel dans le concert des nations. Dans l’esprit de Stephen Harper, le Canada doit redevenir un exemple pour le monde s’il veut continuer à exister, malgré son inéluctable déclin économique, à l’ombre de la Chine et de l’Inde. Sa place au G8, sera celle du grand pacificateur des nations.
    S’il donne un rôle prépondérant aux autochtones, il faudra un prix de consolation pour le Québec : la reconnaissance comme nation, l’encadrement du pouvoir de dépenser et quelques miettes. Personne ne s’en formalisera outre mesure, puisque le Canada aura participé à la naissance d’une grande nation autochtone canadienne. Dans cette perspective, juste à le voir aller, on peut facilement imaginer que Jean Charest deviendrait le digne successeur d’Adélard Godbout, un peu à l’image du rôle que ce dernier a joué à l’occasion de la Deuxième Guerre mondiale.
    Comme je l’expliquais dans deux récents billets, c’est probablement dans cette perspective qu’il faut voir l’annonce d’un changement dans les relations de la France avec le Québec et le Canada. Des relations où la France accompagnerait le Canada dans son nouveau rôle de gendarme des droits humains lorsque le Canada quittera l’Afghanistan. D’ailleurs, je me demande si tout cela ne serait pas le résultat d’une certaine vision folklorique et bucolique qu’entretiendrait Nicolas Sarkozy à l‘égard du Québec, du Canada et des autochtones, que Paul Desmarais n’aurait pas tenté de dissiper. Le Québec ne serait alors que le prétexte pour ouvrir une constitution où la prépondérance dans les discussions serait aussitôt donnée aux Autochtones plutôt qu’au Québec, comme ce fut le cas à l’occasion des négociations sur les accords du lac Meech.
    Nul doute que le Canada applaudirait à la réalisation d’un tel scénario, sachant que son objectif inavoué est de diminuer le pouvoir du Québec au sein du Canada, comme cela a toujours été le cas à l’occasion de chaque réforme constitutionnelle depuis la proclamation de l’Acte de l’Union en 1840. Se réconcilier avec deux nations ethniques pour sauver le Canada sans leur concéder trop de droits, quelle aubaine ! Surtout, quelle image pour la planète ! Cela aurait également pour conséquence d’isoler davantage le Québec au plan international, en relativisant ses velléités d’indépendance face aux revendications beaucoup plus sympathiques des peuples autochtones établis sur son propre territoire.
    Louis Lapointe

  • Gilles Bousquet Répondre

    26 novembre 2009

    Correction : Le 7 ième paragraphe de mon dernier questionnaire devrait se lire : «Les Italiens de St-Léonard qui parlent 3 ou 4 langues, ils feraient partie de quelle nation ?

  • Gilles Bousquet Répondre

    26 novembre 2009

    M. Paquet, merci pour votre réponse.
    Votre forum canadien à trois têtes : anglaise, française et autochtone, me semble être une utopie comme vous me le décrivez.
    Pour commencer, le concept des peuples fondateurs, anglais et français, me semble faux pour nos Premières nations.
    Faudrait aussi nommer correctement vos 3 nations. Est-ce les Canadiens anglais, les canadiens français et les Premières Nations ou les Canadiens, les Québécois et les Indiens ?
    Qui prendrait l’initiative de former ce forum et de quelle autorité ?
    Est-ce qu’un franco-Ontarien ferait partie de la nation des Québécois ?
    Les Italiens de St-Léonard quoi parent 3 ou 4 langues, ils feraient partie de quelle nation ?
    M. Chrétien, natif de Shawinigan, qui parle 2 deuxièmes langues, à ce moment-ici et qui demeure en Ontario, on le place où da les 3 nations ? Même chose pour M. Paul Martin, né en Ontario avec une mère et une épouse anglaise, qui demeureraient au Québec...plus ou moins.
    Si le Québec devient un État séparé francophone, ceux qui vont demeurer ici vont devenir des Québécois dont certains seraient handicapés parce qu’ils ne parleraient pas français.
    Si le Québec ne se sépare pas, on va simplement, à la longue, redevenir Canadien français du Québec, ce qui semble vous convenir mieux que la simple séparation.
    Une meilleure solution plus réaliste me semble encore une vraie confédération canadienne formée d’États souverains, pas trop loin de l’Union européenne sauf que je ne sais pas si ça serait faisable, vu que la force de l’inertie semble favoriser fortement la fédération actuelle.

  • Georges Paquet Répondre

    26 novembre 2009

    Merci pour votre intérêt et pour vos bonnes questions.
    Je n'ai pas de réponse pour chacune de vos questions. Je considère que ce forum serait un commencement plutôt qu'une fin. Une fois les trois nations reconnues comme égales et comme composantes essentielles du Canada, la réforme du Sénat pourraît être abordée. Mais oui, le sénat devrait être formé du tiers de chacune des trois nations.
    Maintenant, le noeud de la question demeurera. Est-ce que le Gouvernement et le Parlement tiendront compte des recommandations et des pressions venant de ce forum. Je n'en sais rien, mais ce Forum sera sûrement difficile à ignorer. Les media, le public, les intellectuels, des gens comme vous et mois pourrions arriver à faire la différence.
    Oui, l'espoir est permis.
    Au sujet des billets de banque on peut facilement résoudre la question, en en émettant une série dans chacune des langues officielles. L'Union européenne le fait en émettant des euros dans 13 langues.
    Merci encore.
    Poursuivons la recherche de vraies solutions pacifiques et surtout réalisables.

  • Gilles Bousquet Répondre

    26 novembre 2009

    Merci M. Paquet, pour votre longue et originale réponse même si un peu difficile à lire à cause des paragraphes trop longs pour moi et d'importantes informations absentes, quand vous écrivez : Créer un Forum des trois Nations afin de réaliser l’Égalité - Association entre partenaires égaux. Ce serait également une occasion pour le Québec de se donner un droit de veto.
    Un forum permanent ou juste temporaire en attendant l’entente canadienne recherchée ?
    Est-ce que tout le reste de fonctionnement du Canada actuel pourrait demeurer tel quel ?
    Est-ce une occasion de re-diviser les provinces qui continueraient comme provinces ?
    Est-ce que forum aurait autorité sur le fédéral ou le remplacerait carrément ?
    Est-ce que nos Premières nations en profiteraient pour assurer leurs revendications sur 50 % du Québec ?
    Le sénat serait formé par un tiers de « Québécois », un tiers de Canadiens anglais et un tiers des Premières Nations ?
    Est-ce qu’il faudrait émettre notre monnaie en 3 langues ? La quelle choisir pour celle des Premières nations ?
    Est-ce que le Cri ou l’Inuit devrait être des langues officielles canadienne itou pour être égaux partout ?

  • Archives de Vigile Répondre

    25 novembre 2009


    "Idées claires selon M. Georges Paquet. Les questions sont
    piégées. N'allez pas lire vous-mêmes le dernier livre de
    Jacques Parizeau. M. Paquet y a vu.
    Monsieur Paquet parle de "nations". Il ne parle pas d'État,
    ni de pouvoirs, ni de compétences ni de statuts. Ces
    questions relèvent exclusivement de l'oligarchie de Bay
    Street et l'autocratie d'Ottawa.
    Que, un "Canada uni" signifie en fait l'inféodation
    inconditionnelle à un pouvoir centralisateur, arbitraire
    et unitaire et ses conséquences à court et à long terme n'a
    aucun sens, selon M. Paquet. Ce qui a du sens, c'est ce
    qu'il propose lui comme solution finale au problème des
    relations entre Québec et Ottawa. L'inféodation définitive
    en somme et tout va bien aller.
    Pour ne pas que Môssieu Paquet m'accuse de me "cacher"
    derrière mes initiales, voici mon nom en détails:
    Joseph René Marcel Sauvé, géographe, militaire retraité,
    auteur de:
    La lutte olympique. Montréal Éditions de l'Homme. 1974
    Géopolitique et avenir du Québec. Guérin. 1994
    Le Québec carrefour des empires. Éditions du Québécois,
    Québec. 2007.
    Môssieu Paquet aimerait-il avoir d'autres détails?

  • Georges Paquet Répondre

    25 novembre 2009

    M. Bousquet, Voici ce que je propose: Créer un Forum des trois Nations afin de réaliser l'Égalité - Association entre partenaires égaux. Ce serait également une occasion pour le Québec de se donner un droit de veto.
    Voici comment se présentent les arguments.
    À l'occasion des élections récentes de Shawn Atleo à la tête de l'Assemblée des Premières nations,et celle de Ghislain Picard comme Chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, je propose une réflexion sur la valeur symbolique et politique d'une association entre les trois nations fondatrices du Canada, les Autochtone, les Québécois et les Canadiens-anglais. Une association entre partenaires égaux.
    Pas nécessairement parce que les débats autour de la question constitutionnelle du Québec ou de la situation des premières nations refont surface régulièrement et souvent de façon dramatique, mais parce qu'un pays aussi jeune et dynamique que le Canada peut et doit inventer de nouvelles façons réalistes, justes et courageuses de vivre ensemble non seulement en harmonie mais de façon dynamique et propère.
    Ce sujet de réflexion et d’action politique pourrait avoir le grand mérite de renouveler la dynamique politique au Canada en mobilisant les leaders des peuples autochtones, les leaders des Canadiens-français, des Québécois et des autres francophiles de même que les leaders des Canadiens-anglais et des autres anglophiles. On ferait passer dans la réalité politique une nouvelle théorie, celle des trois nations.
    Ma suggestion consiste à pousser un peu plus loin l’initiative que la classe politique canadienne avait prise en 2006 de faire reconnaître le fait que les Québécois forment une nation au sein de la fédération. On se souvient que c'est le parti libéral qui avait pris cette initiative, et Michael Ignatieff en réclame encore la paternité. On sait maintenant que le gouvernement conservateur a été opportuniste, qu’il a saisi la balle au bond et qu'il a fait adopter par la Chambre des communes en novembre de la même année, la résolution qui reconnaît que les Québécois forment une nation dans un Canada uni. Les observateurs ont remarqué que les déclarations du Premier ministre, des ministres et des leaders des partis l’Opposition ont confirmé le sens qu’il fallait donner à l’expression "Québécois" utilisée dans cette résolution, en français comme en anglais. Pour tout observateur sérieux, le mot Québécois, dans cette résolution, englobe tous les Canadiens-français quel que soit l’endroit où ils habitent au Canada. On comprend qu'il s'agît de ceux qui s’appelaient autrefois les Canadiens par opposition aux Anglais, qui se sont ensuite appelés les Canadiens-français et plus récemment les Québécois. Ce n'est donc pas le Québec qui aurait été reconnu comme nation.
    Il me semble que la même définition de nation pourrait s’appliquer aux Canadiens-anglais et aux Autochtones, quel que soit l’endroit où ils habitent au Canada. Il est facile de constaters d'ailleurs qu'il y a des "Québécois" dans toutes les provinces du Canada, qu'il y a également des Autochtones dans toutes les provinces et la même chose pour les anglophones. Nous aurions alors la reconnaissance d'une réalité incontournable, l'existence de trois nations fondatrices. Les Anglais et ceux qui ont adopté la langue anglaise, les Québécois et ceux qui ont adopté la langue française, et les Autochtones. Les trois piliers d’un Canada bilingue et multiculturel, bordé par trois océans.
    Le grand avantage de cette initiative serait de placer les questions constitutionnelles et nationalistes dans un nouveau contexte où les trois nations seraient appelées à se parler et à se concerter dans un forum qui leur serait propre et où chacun serait traité comme un égal et disposerait d’un droit de proposition et de veto. Il ne serait pas illusoire de penser qu’un jour cet arrangement serait reflété dans la Constitution canadienne.
    Le gouvernement libéral, au pouvoir à Québec depuis plus de cinq ans, surveille et généralement défend sincèrement et avec agressivité les intérêts des Québécois, mais il ne semble pas disposé à proposer pour l’instant de grands débats constitutionnels.
    Le parti Québécois soulève de moins en moins souvent les questions relatives à un prochain référendum sur la souveraineté, presque jamais la notion d’indépendance totale et ne formule pas souvent les détails de ce que comprendrait éventuellement le concept d’association. Il a promis de ne proposer un éventuel référencum que dans un deuxième mandat. Il a proposé récemment un projet de transferts de certaines compétences fédérales en faveur du Québec, mais il semble que ces revendications, suceptibles de provoquer des crises politiques, ne seront formulées formellement qu’une fois que le PQ aura accédé au pouvoir, ce qui peut bien ne pas se produire avant plusieurs années.
    L’Action démocratique, pour sa part se rabat sur la notion d’autonomie revendicative, mais ne fournit aucune ligne de combat ni aucune avancée politique ou économique qu’il considérerait comme essentielle à la poursuite des intérêts du Québec.
    Les Québecois, dans le sens que lui donne la résolution de la Chambre des communes, se retrouvent ainsi dans une espèce de limbes politiques, les canadiens-français du Québec et de partout ailleurs au Canada se voient souvent bien seuls à défendre leur existence comme groupes et à maintenir leur langue et leurs traditions. Et ils n’ont pas de porte-parole officiel qui prenne en permanence fait et cause pour leurs intérêts à la grandeur du Canada. Il me semble donc urgent de mobiliser les énergies des leaders nationalistes, où qu’ils se trouvent, afin de mettre en chantier le Canada des régions et des peuples. Ceci devrait se faire à trois. Trois peuples, trois partenaires, les Canadiens-anglais, les Québécois et les Autochtones qui s’associeraient en respectant la spécificité des partenaires dans ce nouvel arrangement qui prendrait la forme d'un Forum des nations dont le statut et le rôle confirmeraient l'égalité des partenaires dans cette nouvelle association.
    De plus, si le nombre de sièges à la Chambre des communes devait s'élever à 342, comme le propose le gouvernement de Stephen Harper et que le Québec ne maintienne que ses 75 sièges, il deviendrait non seulement possible pour Ottawa de gouverner sans le Québec, mais la chose deviendrait également plus facile. Il suffirait qu'un parti obtienne 172 sièges, même sans en avoir aucun au Québec, pour former un gouvernement majoritaire. Cela serait réalisable si l'Ontario et quelques provinces de l'Ouest votaient massivement, mais pas unanimement, pour ce parti. Ce qui veut dire que les conservateurs et les libéraux pourraient former, alternativement, des gouvernements majoritaires sans que les électeurs Québécois ne puissent y faire entendre leurs voix.

    Puisqu'il ne peut pas y avoir de référendum au Québec avant 2017 (dans le meilleur des scénarios, un éventuel deuxième mandat du PQ ne peut pas avoir lieu avant 2016) et que d'ici là, la proportion des députés Québécois à la Chambre des communes risque d'avoir diminuée au moins une fois sinon deux fois, le Québec et les Canadiens-français ne pèseront plus très lourd dans l'exercice du pouvoir à Ottawa. Si les Québécois n'arrivent pas à se décider de prendre leur place dans la confédération canadienne, ils risquent de devenir les observateurs de leur déclin.
    Bien sûr, on aboutirait à une impasse si les Québécois refusaient une association à trois, avec les anglophones et avec les Premières Nations (autochtones) sous prétexte que les autochtones ne représentent que 10% de la population du Canada et que par réaction, les anglophones refusaient une association avec les francophones sous prétexte qu'ils ne représentent que 22% de la population du Canada, le Québec s'afflaiblirait inexorablement.
    Que faut-il faire maintenant pour que le Québec ne soit pas éternellement dans l'opposition?
    Il faut songer à des propositions nouvelles et hardies pour assurer une place essentielle aux Québécois et autres francophones canadiens dans le système fédéral. J'en ai donc avancé une: Former une association entre les trois grandes nations canadiennes
    Il serait très intéressant qu'un parti politique propose dès maintenant une résolution qui demanderait à la Chambre des communes de reconnaître que les Autochtones, les Canadiens-anglais et les Québécois forment trois nations distinctes dans une Canada uni, et que les institutions devraient éventuellement refléter au mieux cette réalité. D’ailleurs, un des premiers projets, suivant l'adoption de cette résolution pourrait être de demander à ce nouveau "Forum des trois nations" de proposer une réforme du Sénat qui tiendrait compte de cette réalité que la Chambre des communes aurait reconnue.
    Il me semble qu’il y a dans ce projet un potentiel important de mobilisation des énergies et des talents de plusieurs leaders canadiens qui depuis trop longtemps se sont employées à formuler, chacun dans son secteur, des revendications qui sont sans doute encore d’actualité mais qui ont eu du mal à être reconnues comme légitimes parce que visiblement elles transcendent les frontières des Provinces et des Territoires de ce grand pays. Ce projet recevrait sans doute l'appui de plusieurs leaders autochtones, notamment du Chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, M. Ghislain Picard, qui écrivait dans un texte paru récemment dans les medias: "Nous, Premières Nations du Québec et du Labrador, formons des nations distinctes possédant le droit à notre propre statut politique afin d'assurer librement le développement économique, social et culturel de nos communautés."
    De plus, le Canada donnerait une réponse positive et stimulante aux questions qui se posent à l'ONU et à son Comité des droits de la personne au sujet de la condition politique, économique et sociale des Autochtones au Canada et il donnerait un sens plus politique et une portée réelle à la reconnaissance des Québécois comme nation. Et la Nation anglophone aurait tout à gagner dans cette harmonie retrouvée entre toutes les composantes de notre société.
    Enfin, tout en renforçant son unité, le Canada créerait une nouvelle dynamique politique qui mobiliserait ses meilleures énergies et marquerait un très grand pas pour faire disparaître cette impression que le Canada sera toujours composé de "deux solitudes" dont une est plus isolée que l'autre, et pour placer dans un autre contexte le fait que la Constitution de 1982 n'a pas reçu l'aval officiel du Québec.

  • Gilles Bousquet Répondre

    25 novembre 2009

    Vous soulevez plusieurs bons points importants sauf que le contrôle de la Banque du Canada, le Québec ne l'a déjà pas.
    La solution à la situation du Québec dans un Canada centralisateur et anglicisant "Voir les rapports sur les Olympiques de Vancouver", est une situation qui se situerait entre le fédéralisme actuel et la séparation simple, me semble.
    Vous, M. Paquet, est-ce que vous suggérez que le Québec accepte la fédération actuelle avec toutes ses particularités comme M. Charest ou si vous suggérez une autre solution que la simple séparation ?