Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, a confirmé lundi sa ligne dure à l’encontre des ONG venant en aide aux migrants, dont plus de 200 attendaient toujours un port où enfin toucher terre.
Lors d’une conférence de presse à son retour lundi de Tripoli, M. Salvini a confirmé que le navire humanitaire Lifeline et les 234 migrants se trouvant à son bord ne seraient pas autorisés à accoster en Italie. Il a au passage égratigné une nouvelle fois la France, jugeant que son président, Emmanuel Macron, était « proportionnellement 15 fois plus méchant » que le premier ministre hongrois, Viktor Orban, dans son refus de respecter les quotas de réallocation de migrants en Europe.
La situation restait donc totalement bloquée lundi soir pour le Lifeline, affrêté par l’ONG allemande du même nom.
Le président nationaliste de l’Assemblée de Corse, Jean-Guy Talamoni, s’est dit lundi « disposé à porter secours » aux migrants recueillis sur le Lifeline. Il a toutefois ajouté sur la radio France Inter que « juridiquement, il faut évidemment l’accord de l’État [français] pour que les choses se fassent ».
Travail humanitaire
La situation reste difficile en Méditerranée après un week-end où près de 1000 migrants ont été secourus pour la seule journée de dimanche, au large de la Libye. Des images prises au moment de leur débarquement à Tripoli montrent des centaines d’entre eux, hommes, femmes et enfants, tête baissée ou le visage fermé, visiblement exténués, loin des sourires qu’ils affichent d’ordinaire sur les bateaux qui les transportent vers l’Italie.
M. Salvini, parti en guerre contre les ONG qui viennent en aide aux migrants au large des côtes libyennes, a jugé lundi qu’elles étaient « consciemment ou inconsciemment les complices » des trafiquants d’êtres humains en Libye, et qu’il n’était donc pas souhaitable à ses yeux qu’elles continuent leurs opérations en Méditerranée.
Deux autres navires humanitaires, l’Aquarius des ONG françaises SOS Méditerranée et Médecins sans frontières (MSF) et l’Open Arms de l’ONG espagnole Pro Activa, se trouvaient lundi au large de la Libye mais sans possibilité d’intervenir, faute de demande en ce sens de la part des garde-côtes libyens. Ce sont eux désormais qui ont la haute main sur les opérations de secours au large de la Libye, les autorités maritimes italiennes, jusqu’à ce week-end coordinateurs principaux de ces sauvetages, leur ayant cédé cette responsabilité.
Ligne dure
M. Salvini, qui s’est rapidement imposé comme l’homme fort du nouveau gouvernement italien, a effectué lundi une visite éclair à Tripoli où il a rencontré le vice-premier ministre libyen du Gouvernement d’union nationale (GNA), Ahmed Meitig, et remercié les garde-côtes libyens.
Au cours d’une conférence de presse commune, M. Salvini, qui est aussi le patron de la Ligue (extrême droite), a indiqué que l’Italie allait proposer l’installation de « centres d’accueil et d’identification » au sud de la Libye lors du sommet de l’Union européenne jeudi à Bruxelles.
« Nous soutiendrons, d’un commun accord avec les autorités libyennes, la mise en place de centres d’accueil et d’identification [de migrants] au sud de la Libye, à sa frontière externe, pour l’aider autant que l’Italie à bloquer la migration », a déclaré M. Salvini.
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Mini-sommet européen
La question de l’accueil des migrants a été dimanche à Bruxelles le sujet d’un mini-sommet destiné à tenter d’apaiser les tensions au sein de l’Union européenne face au défi migratoire, qui s’est achevé sans avancée concrète.
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