Israël - Le fiasco

"Libérez Gaza" - 1ère Flottille humanitaire - le "Mavi-Marmara" -



Le fiasco est total. Il est ainsi, total, parce qu'au fond il est triple. Un, l'image d'Israël passablement écornée après son offensive contre Gaza en 2008-2009 est aujourd'hui encore plus ternie. Deux, la relation de cet État avec la Turquie voisine atteint désormais le point de rupture. Trois, le Hamas sort renforcé alors que sa popularité était en baisse antérieurement à l'assaut des militaires israéliens.
L'image. À l'exception du Canada, et dans une moindre mesure des États-Unis, les chefs d'État et têtes couronnées de la planète ont condamné l'opération des commandos israéliens contre la flottille dite de la paix en des termes qui gomment toute équivoque. Quand ils ne se disaient pas «outrés» par la disproportion de l'attaque, ils se disaient «choqués» tout en réclamant l'organisation d'une enquête afin de faire la lumière sur un épisode qui s'est conclu par la mort d'une dizaine de personnes. Cette requête, ce désir d'une enquête, est totalement justifiée.
Car si les porte-parole de l'armée israélienne affirment que ses soldats se sont défendus, les membres de la flottille assurent, eux, que les premiers ont commencé à tirer alors qu'ils étaient encore dans les hélicoptères. Si cela est vrai, on peut comprendre aisément que les manifestants fassent le coup de poing avec ces soldats et non le coup de main une fois ces derniers sur le navire. À noter que l'abordage a été effectué, selon l'analyse de deux experts israéliens, par des commandos qui ont employé le mode opératoire conçu pour confronter des prises d'otages réalisées par des... terroristes bien armés.
La Turquie. En tant que commanditaire de «la flottille de la liberté», la Turquie avait fourni tout logiquement le navire amiral. Il s'agit du Mavi Marmara. Et alors? C'est celui-ci que les commandos ont abordé avec force au lieu de l'immobiliser en lui coupant les hélices comme le suggèrent, après coup il va sans dire, ces mêmes experts. Si cette recette avait été observée, il y aurait eu beaucoup moins de sang, pour ne pas dire pas du tout.
Toujours est-il que dans la foulée de cet acte, la rupture avec la Turquie est plus probable que l'inverse. Elle l'est d'autant plus que depuis l'arrivée de Benjamin Nétanyahou au pouvoir, les liens avec son homologue turc se sont passablement tendus. À telle enseigne, c'est écrit dans le ciel qu'Ankara va poursuivre, voire approfondir son recentrage diplomatique en direction de la Syrie et de l'Iran avec d'autant plus d'ardeur que sa popularité dans le monde arabe est à son zénith ces jours-ci.
Le Hamas. Maître de la bande de Gaza depuis 2007, le Hamas enregistrait recul sur recul sur le front de la popularité. Au lendemain de l'attaque israélienne, elle remonte à Gaza comme en Cisjordanie, fief de Mahmoud Abbas, président de L'Autorité palestinienne et principal concurrent de ce même Hamas. Autrement dit, dans les rapports de force musclés qui se poursuivent entre les uns et les autres, le Hamas va disposer d'une arme supplémentaire, Abbas étant mis dans l'obligation de se solidariser, même si c'est timide, avec son frère ennemi.
Premier ministre des Affaires étrangères de l'histoire de l'État d'Israël, Abba Eban avait coutume de dire que «les Palestiniens ne ratent jamais l'occasion de perdre l'occasion de faire la paix». C'est à se demander si le sujet de sa proposition ne devrait pas être remplacé par «les Israéliens».


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