Indices d’une guerre imminente contre l’Iran

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L'engrenage de la guerre contre l'Iran par l'administration Trump

Le président américain Trump a récemment mis fin unilatéralement à l’accord nucléaire avec l’Iran et il s’est récemment entouré de deux hommes qui réclament depuis des années une politique plus dure à l’égard de l’Iran. Pour l’expert financier allemand Ernst Wolff, les signes d’une guerre imminente contre l’Iran se multiplient. Dans cette émission, Wolff jette un coup d’oeil aux motivations possibles des stratèges américains pour ce moyen final le plus extrême. Restez à l’écoute !



Le 8 mai 2018, le président américain Trump a unilatéralement mis fin à l’accord nucléaire conclu avec l’Iran en 2016. L’Iran s’y engageait à ne pas produire ou mettre au point d’armes nucléaires. En échange, les Etats-Unis et leurs alliés avaient levé les sanctions précédemment imposées à l’Iran.


Pendant la campagne électorale, Trump avait déjà décrit l’accord négocié sous la direction de l’UE comme une « terrible erreur ». Avec le ministre des Affaires étrangères Mike Pompeo et son nouveau conseiller en matière de sécurité John Bolton, il s’est entouré ces dernières semaines de deux hommes qui réclament depuis des années une politique plus dure envers l’Iran [voir www.kla.tv/12417].


Pour l’expert financier allemand et auteur à succès Ernst Wolff, les signes d’une guerre imminente avec l’Iran se multiplient. Surtout après que le « message subliminal » du Premier ministre israélien Netanyahu lors de la conférence de presse du 30 avril 2018 a été la demande d’une attaque préventive contre l’Iran. Dans un article paru sur le portail d’information SPUTNIK le 10 mai, Wolff explique les motivations des stratèges américains pour recourir une fois de plus à ce moyen le plus extrême. Ci-après, chers téléspectateurs, vous allez maintenant entendre un extrait original :


1. Trump a besoin d’une guerre


Un peu plus d’un an après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, les Etats-Unis se trouvent dans une situation extrêmement difficile, malgré toutes les assurances contraires des politiciens et des médias. Les inégalités sociales dans le pays continuent d’atteindre des niveaux record. Le chômage est beaucoup plus élevé que dans les statistiques officielles. La dette de la population, de l’Etat et des entreprises est plus élevée que jamais et d’énormes bulles se sont formées sur les marchés financiers, qui menacent d’éclater à tout moment.


Dans cette situation tant le gouvernement de Trump que la Réserve fédérale américaine sont le dos au mur. Trump ne peut pas tenir sa promesse de créer des emplois bien rémunérés et ses allègements fiscaux accordés aux grandes fortunes ont été largement inefficaces. Ses partisans dans la population américaine sont de plus en plus agités en raison des nombreuses promesses électorales non tenues. […]


Que pourraient faire Trump et la FED pour sortir de la mélasse ? Une guerre entraînerait une nouvelle hausse de la dette américaine à long terme, mais elle alimenterait également l’industrie de l’armement et donc les marchés boursiers et obligataires. Cela retarderait également un krack financier, créerait des emplois et fournirait aux électeurs de Trump un bouc émissaire étranger responsable de la misère causée par le gouvernement et Wall Street. Cela signifie qu’une guerre conduirait temporairement à une stabilisation des conditions aux Etats-Unis.


2. Wall Street mise probablement sur la guerre depuis un certain temps déjà


De plus, Trump est soutenu par une force qui a manifestement planifié cette guerre depuis un certain temps : Wall Street (la plus grande bourse du monde à New York). Ses principales institutions financières ont investi dans la fracturation plus d’un quart de billion de dollars au cours des dernières années – d’abord sans faire de profits importants et en acceptant des pertes financières substantielles. (La fracturation hydraulique est une méthode controversée d’extraction de pétrole et de gaz.)


Beaucoup de spéculateurs ont même emprunté de l’argent et ont pris des risques extrêmes pour rester dans le jeu. Pourquoi ? Il n’y a qu’une seule raison : parce qu’ils s’attendent à ce que la fracturation porte ses fruits à un moment donné et génère des profits élevés. Mais quelle est la condition préalable à cela ? Un prix du pétrole plus élevé, qu’une guerre provoquerait immédiatement.


Et ce n’est pas tout : une guerre qui – comme les autres guerres américaines – intentionnellement n’est pas gagnée mais qui déstabiliserait le Moyen-Orient pour les années à venir serait un véritable cadeau pour les investisseurs dans la fracturation et pour le gouvernement des USA : d’une part elle maintiendrait le pétrole à un prix élevé même si un déclin de la croissance commençait à se dessiner, et d’autre part la fracturation, jusqu’alors trop chère, deviendrait rentable et permettrait donc aux États-Unis de passer d’importateurs à exportateurs de pétrole.


C’est aussi la raison pour laquelle il y a le danger que la guerre au Proche-Orient se transforme en guerre mondiale car les États-Unis ont récemment commencé à exporter leur pétrole vers l’Europe occidentale. Si une guerre devait se produire qui ferait monter le prix du pétrole et que de plus grandes quantités de pétrole américain étaient vendues en Europe occidentale, les USA, avec leurs énormes quantités de gaz de schiste produit par fracturation, entreraient en concurrence avec leur adversaire, la Russie, sur l’un de ses marchés les plus importants.


Mais la Russie ne pourrait en aucun cas l’accepter, car la perte du marché de l’Europe occidentale équivaudrait pour elle à un désastre économique et financier. De plus, les politiciens de Moscou se souviendront certainement que leur État prédécesseur, l’Union soviétique, s’est finalement effondré en raison du prix du pétrole.


3. L’administration de Trump joue avec le feu.


Mais une guerre contre l’Iran serait aussi pour les Etats-Unis jouer avec le feu : la Chine, alliée à la Russie, a largement cofinancé les guerres américaines dans le passé en achetant des obligations du gouvernement américain. Si elle ne le fait pas dans le cas présent […], le dollar américain se trouverait dans une situation très critique.


Une guerre américaine contre l’Iran aurait donc non seulement le potentiel de déclencher un conflit militaire bien au-delà du Moyen-Orient, mais elle pourrait aussi conduire à la fin du dollar américain et donc à l’effondrement du système financier mondial, qui ne tient plus qu’à un fil.