Soupçonné d’avoir détourné jusqu’à 45,5 M$ des coffres d’une compagnie française, un membre du conseil d’administration d’Hydro-Québec a soudainement démissionné hier.
L’homme d’affaires et notaire sherbrookois Louis Lagassé, qui siège au conseil d’Hydro-Québec depuis septembre 2003, a été inculpé en décembre pour «abus de bien social, banqueroute et détournement de fonds», a récemment révélé le quotidien Ouest-France.
Il a d’ailleurs été dans l’obligation de verser une caution de 1,5 M$ pour conserver son passeport, un record pour le tribunal de la région. Il devrait comparaître au tribunal de Quimper au début de 2015.
Pillé une entreprise
Questionnée par le Bureau d’enquête en matinée, Hydro-Québec a indiqué qu’il était toujours membre du conseil d’administration, président du comité de gestion financière du régime de retraite et qu’il occupait une fonction au sein du comité des finances et du comité exécutif.
L’attaché de presse précisait alors que «ce dossier n’est pas lié aux activités de M. Lagassé au sein du conseil d’administration».
Or, une heure plus tard, la société d’État se ravisait et annonçait qu’il avait démissionné.
Louis Lagassé avait racheté une usine d’assemblage de télécommunications localisée en Bretagne au géant de l’aéronautique EADS en 2005. D’après le quotidien Ouest-France, il aurait effectué des ponctions régulières dans la trésorerie entre 2006 et 2010. Les sommes allaient jusqu’à 304 000 $ par mois, totalisant près de 30,4 M$.
L’homme aurait ensuite vendu les immeubles de l’entreprise pour 9 M$ et aurait placé 4,5 M$ supplémentaires dans une filiale canadienne du groupe. En difficulté financière, il a entamé des procédures de faillite en 2011.
«Il y a eu des dividendes exagérément ponctionnés pour satisfaire l’actionnaire, a indiqué Annick Le Loch, députée du parti socialiste de la région au journal français. On a asséché la trésorerie alors qu’elle aurait dû être excédentaire de 18 millions d’euros.»
Déjà condamné
L’homme d’affaires, qui se présente sur son site Internet comme un «financier et un philanthrope», n’en est pas à ses premiers déboires judiciaires. Le Groupe Lagassé a été condamné par la Cour supérieure à payer 1,6 M$ à la Banque de développement du Canada (BDC) en 2011. La BDC avait accordé un prêt à une de ses filiales trois ans plus tôt, mais c’est une autre entreprise du groupe qui avait récupéré les fonds.
Louis Lagassé a été condamné à payer à la BDC 188 034 $, à titre personnel, à la suite de cette décision.
— Avec la collaboration de Caroline Pailliez
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé