De 1995 à 2007, soit du deuxième référendum sur l’indépendance à la crise des accommodements raisonnables, il n’était à peu près pas possible de parler d’immigration au Québec.
Nous étions collectivement traumatisés par la déclaration de Jacques Parizeau sur le vote ethnique. Une chape de plomb s’était abattue sur la vie publique. On ne pouvait plus se demander dans quelle mesure l’immigration massive servait les intérêts d’Ottawa et des libéraux. Il n’était plus possible de se demander si elle fragilisait le statut du français à Montréal et diluait le poids de la majorité historique francophone.
Débat
Quiconque arrivait dans le débat public avec un point d’interrogation pour semer quelques questions était accusé de xénophobie ou de repli identitaire.
Il a fallu la crise des accommodements raisonnables pour que le sujet se décongèle. Et c’était une décongélation partielle. On pouvait critiquer les accommodements exagérés, le multiculturalisme canadien, mais rares sont ceux qui osaient critiquer les seuils d’immigration.
Peu à peu, pourtant, les esprits ne s’encarcanant pas dans le politiquement correct en ont convenu : avec 50 000 immigrants par année, le Québec dépasse largement ses capacités d’intégration.
On n’en tire pas pour autant des conséquences politiques sérieuses. La CAQ propose de ramener les seuils à 40 000. C’est un changement cosmétique. Quant au PQ, il dit vouloir réduire les seuils, mais ne s’engage pas trop sur la question qui demeure minée.
Il faut dire qu’on cherche actuellement à refaire de l’immigration un tabou.
Extrême droite
La droite néolibérale et la gauche multiculturaliste veulent associer la critique de l’immigration massive à l’extrême droite, dont on parle sans cesse.
Cette dernière a beau être délirante, groupusculaire et fantomatique, on en parle sans arrêt, comme si elle rongeait les profondeurs de notre société. On veut la faire monter artificiellement.
L’objectif ? Interdire le débat sur l’immigration en le rendant radioactif. La manœuvre est minable.