Henri-Paul Rousseau témoigne: le mystère plane toujours

L'affaire de la CDP - le cas Henri-Paul Rousseau


Henri-Paul Rousseau a longuement défendu sa gestion à la tête du «bas de laine» des Québécois de 2002 à 2008. À l'exception du désastre des papiers commerciaux, la Caisse a fort bien tiré son épingle du jeu sous sa gouverne, a-t-il insisté.


Simon Boivin - (Québec) Malgré six heures de questions à Henri-Paul Rousseau, le mystère plane toujours sur l'appétit de la Caisse de dépôt pour les papiers commerciaux. Particulièrement ceux achetés après les premiers signaux d'alarme...
Cuisiné par les députés en commission parlementaire, mardi, l'ex-président de la Caisse a dû répondre de la quantité de papiers acquis par l'institution. Les fameux papiers commerciaux adossés à des actifs (PCAA) ont coûté près de 6 milliards $ au bas de laine des Québécois.
«Pourquoi on ne l'a pas capté? Parce que ç'a été perçu par les gestionnaires comme étant un risque très peu probable, a affirmé M. Rousseau. [...] Il y a eu des gens qui ont eu des doutes, puis je les respecte beaucoup et j'ai beaucoup d'admiration pour eux. J'aurais souhaité que cette erreur n'arrive pas. Je suis navré et je suis désolé, mais je ne peux rien y faire.»
Deux types de papiers se sont retrouvés entre les mains de la Caisse. Le premier, émis par des banques canadiennes et dont le rachat a été assuré par la Banque centrale du Canada, ne pose pas de problème. Mais plus personne ne veut plus du second, le «papier non bancaire», acquis de banques étrangères qui refusent de les racheter.
Henri-Paul Rousseau jure n'avoir su que le 9 août 2007 qu'il y avait un problème avec ce marché. Il a exigé l'arrêt immédiat des achats. Mais, deux semaines plus tôt, un gestionnaire de la Caisse a reçu un courriel soulignant le potentiel toxique du placement. L'institution a néanmoins acheté pour un milliard de papiers commerciaux de plus avant le holà de M. Rousseau.
Ce dernier soutient qu'un «brouillard» et de la «confusion» régnaient sur les marchés. «Le marché n'a pas cessé de fonctionner du jour au lendemain, dit-il. Ça a créé de l'ambiguïté.»
Il assure que les bonis aux employés, calculés sur une période de trois à cinq ans, n'ont pas attisé l'appât du gain avec les papiers commerciaux.
M. Rousseau demeure très à l'aise avec la prime de 400 000 $ qu'il a touchée à son départ et assure que son passage chez Power Corporation s'est fait dans les règles de l'art.
À maintes reprises, l'ex-président a insisté sur les montants qui pourraient être récupérés dans la provision pour pertes de 22,5 milliards $ de la Caisse. Les actifs génèrent des revenus, plaide-t-il, et leur valeur devrait être revue à la hausse.
Fait étonnant, M. Rousseau a expliqué les moins bonnes performances sur les marchés étrangers par un manque d'expertise au sein de son effectif. Le recrutement de personnel qualifié et expérimenté est le «problème numéro un» identifié par M. Rousseau à la Caisse dès sa nomination, en 2002.
Les explications fournies par l'ancien dirigeant n'ont pas impressionné les parlementaires. Le député de Québec solidaire, Amir Khadir, l'a d'ailleurs pris à partie : «Je pense que l'arrogance et le mépris cachent une certaine lâcheté, vous avez préféré démissionner au milieu de la tourmente, vous cacher...», a lancé le député.
Dans ses questions, le péquiste François Legault a voulu démontrer qu'au-delà du papier commercial, la Caisse avait fait moins bien que les indices de marché dans ses autres portefeuilles sous M. Rousseau. Le Parti québécois songe à demander une commission d'enquête ou une enquête du vérificateur général pour faire la lumière sur toute l'histoire.
De son côté, l'adéquiste François Bonnardel demande d'ores et déjà une enquête publique. «Les Québécois sont toujours dans le néant sur les pertes de 40 milliards $, a-t-il affirmé. On a eu droit à un paquet de contradictions.»


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