Enseignement supérieur

HEC Montréal forme les francophones aux affaires

Crise linguistique au Québec 2012


«Loin de favoriser une anglicisation, notre stratégie renforce le français au Québec, attire chez nous des Québécois francophones (et bon nombre d’étudiants étrangers) qui auraient pu choisir d’étudier en anglais (au Québec ou ailleurs) afin d’obtenir l’assurance de maîtriser plus d’une langue, condition essentielle de la pratique du commerce au XXIe siècle», fait valoir le directeur de HEC Montréal, Michel Patry.
Dans sa chronique du samedi 25 février, le chroniqueur du Devoir Michel David s'indigne de voir que HEC Montréal s'apprête à offrir en anglais une option (Global Supply Chain Management) de son programme de maîtrise en sciences de la gestion, une option qui existe déjà en français, parmi 19. Il remet en question le bien-fondé d'offrir à HEC Montréal un programme de premier cycle bilingue.
Il donne à entendre qu'en agissant ainsi, l'École s'engage dans une anglicisation progressive et ne se met plus au service d'un marché du travail en français. Il dit même que nos étudiants se contenteraient «d'une pâle imitation» d'universités anglo-saxonnes, manifestant du coup peu de respect pour nos talentueux étudiants et encore moins de fierté à l'égard d'une école qui a formé de grands leaders du monde québécois et qui a obtenu ses lettres de noblesse dans le monde de l'éducation.
Rien n'est plus éloigné de l'intention de HEC Montréal et de la réalité. Voyons pourquoi.
Cheminements multilingues
Nous croyons fermement que ces innovations s'inscrivent dans la tradition d'ouverture sur le monde qui a toujours caractérisé HEC Montréal. Dès 1910, à l'ouverture de ses portes, l'École donnait déjà des cours de langues. L'anglais, l'allemand, l'italien ont été enseignés dans nos murs. Pourquoi? Pour mener les Québécois au plus haut niveau de l'exercice du commerce, au Québec et à l'étranger.
C'est le même esprit qui nous anime en 2012 lorsque nous proposons à nos étudiants des cheminements multilingues, des échanges internationaux et des projets supervisés à l'étranger: notre ambition est de doter la relève québécoise d'une excellente formation qui la prépare à affronter une concurrence de plus en plus mondialisée.
Mais nous voyons plus loin encore. HEC Montréal se fait aussi un devoir d'offrir aux différentes communautés linguistiques, d'ici et d'ailleurs, des cheminements facilitant l'intégration d'étudiants dont le français n'est pas la langue maternelle. Nous observons que plusieurs étudiants étrangers souhaitent connaître le Québec, et même s'y installer. Si nous ne mettons pas en place les structures d'accueil facilitant leurs études et leur intégration, un établissement comme le nôtre les perdra, à terme, au profit d'universités anglophones. Est-ce cela que l'on souhaite?
Pas au détriment du français
Ajouter n'est pas renier. Tous ces efforts d'intégration ne se font pas au détriment du français. Qu'on en juge.
En premier lieu, toutes les formations offertes par l'École à Montréal peuvent être suivies en français, y compris la nouvelle option offerte en anglais, à la maîtrise en sciences de la gestion.
Deuxièmement, peu importe son cheminement, tout étudiant inscrit au programme de baccalauréat en administration des affaires dans l'un des cheminements trilingue (français, espagnol et anglais) ou bilingue recevra au moins le tiers de ses cours en français. Notre pari, en offrant ces cheminements, consiste à renforcer l'apprentissage des langues en complément, comme un atout additionnel, à la maîtrise du français. Enfin, peu importe le cheminement, français, bilingue ou trilingue, un niveau de compétence suffisant en français est exigé de l'étudiant dès l'entrée; il sera de nouveau évalué durant le programme d'études jusqu'à ce que le seuil de réussite fixé soit atteint, puisque la maîtrise du français est une condition d'obtention du grade.
Ouverture sur le monde
L'École a été le premier établissement universitaire québécois à se doter d'une Direction de la qualité de la communication qui veille notamment à la pleine maîtrise du français chez nos étudiants. C'est ainsi que tous nos étudiants ont accès à des mesures de soutien appropriées, à des cours de français des affaires, à des cours d'appoint de français et à une aide à la rédaction scientifique (travaux, articles, mémoires, thèses) en français.
De plus, nous encourageons nos étudiants à s'ouvrir au monde. Annuellement, plusieurs centaines d'étudiants vont passer un trimestre dans une autre grande école internationale. Inversement, nous accueillons environ 400 étudiants en stage d'études, qui deviendront autant d'ambassadeurs du Québec. Notre offre de cours dans d'autres langues prépare également nos étudiants à participer à des compétitions internationales où ils représentent fièrement le Québec.
Au contact des autres, à Montréal, à l'étranger ou lors de compétitions ou de stages, nos étudiants constatent que leur formation et leur préparation n'ont rien à envier à celles que proposent nos partenaires et concurrents. Ils gagnent en confiance et en fierté. Ils ne sont pas moins Québécois, mais des Québécois plus fiers et plus confiants.
Loin de favoriser une anglicisation, notre stratégie renforce le français au Québec, attire chez nous des Québécois francophones (et bon nombre d'étudiants étrangers) qui auraient pu choisir d'étudier en anglais (au Québec ou ailleurs) afin d'obtenir l'assurance de maîtriser plus d'une langue, condition essentielle de la pratique du commerce au XXIe siècle.
Notre vision se veut inclusive. L'École invite tous les Québécois au dépassement pour qu'ils fassent leur marque dans le monde de la gestion à l'échelle internationale. Elle propose aussi aux étudiants étrangers de profiter d'un savoir-faire, en enseignement et en recherche, unique dans la francophonie. Une vision, j'en suis persuadé, qui fait rayonner le Québec dans le monde.
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Michel Patry, directeur de HEC Montréal


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