HEC in English

Crise linguistique au Québec 2012



À une époque où les Québécois francophones étaient victimes d’une terrible infériorité, les HEC ont porté un rêve : la prospérité en Amérique du Nord pouvait aussi être francophone. Oui, les HEC ont déjà été un symbole du nationalisme québécois le plus militant.
Mais je vous parle d’une autre époque. De l’ancien temps. Car les HEC ont changé. Elles sont passées du nationalisme économique au « néolibéralisme ». Je parle de l’idéologie au service du capitalisme mondialisé.
Dernier exemple de cette dérive, les HEC proposeront bientôt une maîtrise exclusivement anglophone. Hier, dans Le Devoir, le directeur général des HEC justifiait le tout au nom de « l’ouverture sur le monde ». Elle a le dos large, celle-là. Elle fait passer le reniement de soi pour de la générosité.
LA CAFÉTÉRIA, FRANCOPHONE
Quelques jours avant, la directrice avait défendu ce programme en disant qu’il honorait la « diversité ». La « diversité » : un mot trop souvent utilisé pour normaliser la marginalisation des Québécois francophones dans leur métropole.
Toujours dans Le Devoir, la directrice des communications des HEC voulait nous rassurer. Les cours seront en anglais, mais la cafétéria sera francophone. Je cite. On y commandera non pas du « chinese pâté », mais du pâté chinois. Il y a des fois où on nous prend pour des cons.
Cette dérive des HEC est symptomatique d’une crise profonde. C’est comme si une certaine élite montréalaise se trouvait désormais trop à l’étroit dans le Québec. Et ne voulait plus s’encombrer de l’idéal d’un Québec français.
L’objectif pour la métropole ? Devenir une cité-État. Séparer Montréal du reste du Québec. Moins Montréal ressemblera au Québec, plus elle sera intéressante. Enfin, elle se convertira, sans qu’on la gronde, au bilinguisme. Et au multiculturalisme.
Le message est simple : les vraies affaires se font en anglais. La nouvelle manière de s’émanciper ? Copier les Américains. Abolir l’identité québécoise. Faire comme si elle n’existait pas. Reconnaissons-le : la chose est possible à Montréal. Pire, elle est facile.
Le prétexte, c’est évidemment le capitalisme mondialisé. Celui qui pousse à l’unification planétaire par le marché. Et qui ne connaît pas d’hommes ni de femmes, seulement des ressources humaines. Les plus mobiles possible.
On doit pouvoir déraciner le gestionnaire ou le travailleur et l’expédier partout sur la planète. Moins mobile, avec une langue, une culture, un pays, une famil­le, on ne pourrait le réduire à de la chair à profit. Ce serait terrible, non ? L’anglais basic est l’instrument de cette mobilité maximale.
Mais le jour où toutes les cultures seront interchangeables, il n’y aura plus de cultures. L’espèce de purée sans odeur ni saveur qui viendrait du melting pot planétaire fabriquera une humanité aseptisée. Et ennuyante. Très ennuyante.
DEUX LEÇONS
De tout cela, je tire deux leçons importantes.
La première : il faudra revenir à un capitalisme plus traditionnel. Non plus celui des mercenaires mondialisés, mais des bâtis­seurs et des entrepreneurs. Un capitalisme qui travaille avec la nation sans chercher à l’abolir. Un capitalisme qui redécouvre les vertus du nationalisme économique.
La deuxième : les Québécois n’ont pas besoin d’ennemis. Ils sont parfaitement capables de s’autodétruire. Mais au nom de la tolérance, de l’ouverture, de la diversité et du respect de l’autre. Et d’y voir un progrès.


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