Harper fournit des munitions aux souverainistes, dit Duceppe

Duceppe - hérault de l'indépendance (tournée 2010)



Joël-Denis Bellavance - (Ottawa) Le gouvernement Harper prépare le terrain à une victoire de l'option souverainiste dans un éventuel référendum en épousant des politiques qui vont à l'encontre des intérêts des Québécois, estime le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe.
Le refus du gouvernement conservateur de s'attaquer avec vigueur aux changements climatiques, le bilan de Stephen Harper en matière d'affaires étrangères, la réduction du poids politique du Québec au sein de la Chambre des communes et la volonté d'Ottawa de créer une commission canadienne des valeurs mobilières, malgré la vive opposition du Québec, conduiront une majorité de Québécois à conclure que la souveraineté est la meilleure option, affirme le chef bloquiste dans un livre à paraître la semaine prochaine.
Depuis qu'il est arrivé au pouvoir, en 2006, le gouvernement Harper a accentué l'écart dans les valeurs entre le Québec et le reste du Canada, toujours selon M. Duceppe qui livre ses réflexions dans une série d'entretiens avec Gilles Toupin, ancien journaliste à La Presse, pour marquer le 20e anniversaire de l'échec de Meech et de la fondation du Bloc québécois.
Même si le Parti québécois n'est pas au pouvoir et que les sondages indiquent qu'une majorité de Québécois voterait non à un troisième référendum sur la souveraineté, Gilles Duceppe croit que le temps joue en faveur des souverainistes.
«Il y a tout un tas de dossiers qui pourraient faire des flammèches et embraser le climat politique. À la racine, cela tourne toujours autour d'une réalité fondamentale: il y a deux pays dans ce pays et c'est toujours le Québec qui est perdant», affirme le chef bloquiste dans ce livre intitulé Gilles Duceppe: Entretiens avec Gilles Toupin qui sera lancé mercredi.
Le chef bloquiste, qui a aussi marqué cette année le 20e anniversaire de son élection comme député de Laurier-Sainte-Marie à la Chambre des communes, affirme que les Québécois ne se reconnaissent pas dans les politiques défendues par les conservateurs.
«Les nombreux gestes de ce gouvernement, de plus en plus inspiré des valeurs de la droite républicaine, constituent autant d'éléments qui éloignent le Québec du gouvernement fédéral», affirme-t-il.
«Le fossé qui se creuse continuellement entre le Québec et le Canada, les différends qui freinent notre développement et cet éloignement de plus en plus marqué entre le gouvernement fédéral et les Québécois, tout cela laisse présager une accélération de l'Histoire qui ouvrira la porte toute grande à la souveraineté du Québec», ajoute-t-il.
Majoritaires sans le Québec
Autre signe selon lui que le Québec et le reste du Canada s'en vont dans des directions différentes, M. Duceppe souligne que si l'on exclut le Québec des résultats des dernières élections fédérales, les conservateurs détiennent la majorité des sièges. En effet, sans le Québec, la Chambre des communes compte 233 sièges et le chiffre magique pour une majorité est de 117 sièges. À l'extérieur du Québec, les conservateurs ont remporté 133 sièges. Au Québec, les conservateurs détiennent 11 des 75 sièges.
«Le Canada était prêt à offrir un gouvernement majoritaire à Stephen Harper. On ne doit pas l'oublier. Les conservateurs ne sont pas un corps étranger du Canada. Ils en sont une émanation contemporaine», soutient-il.
Selon lui, le gouvernement Harper est plus à droite qu'il ne le laisse paraître et les Québécois doivent craindre le pire d'une majorité conservatrice.
«De plus, sa représentation au Québec est dans l'ensemble d'une faiblesse inouïe. Les conservateurs du Canada le savent et, je vous l'assure, ils le déplorent en privé», dit-il.
M. Duceppe souligne également que les fédéralistes, dans un prochain référendum, ne pourront offrir autre chose que le statu quo, ce qui avantagera aussi le camp souverainiste.
«Les fédéralistes ne peuvent plus promettre de changement. Ce n'est plus crédible. Cela change drôlement la donne, car dans un prochain débat référendaire, tout ce que les fédéralistes pourront promettre, c'est le statu quo, soit un recul inévitable pour le Québec. Tout cela laisse présager une accélération de l'Histoire. Vous verrez! Cela se produira vraisemblablement lorsque le Parti québécois reprendra le pouvoir.»


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