Deux jours après le début de violences déclenchées par l’annonce puis la suspension d’une hausse importante des prix des carburants de nouveaux pillages se sont produits dimanche 8 juillet, à Port-au-Prince.
Au cœur de la capitale haïtienne, dans la commune de Delmas, des commerces ont été attaqués et pillés et des protestataires exigeaient le départ du président Jovenel Moïse. Très agressifs, certains jeunes hommes étaient armés de couteaux. Des contestataires ont appelé à une grève générale de deux jours à compter de lundi.
L’ambassade des Etats-Unis a invité ses ressortissants à la vigilance et conseille aux voyageurs de reporter leurs visites. Plusieurs compagnies aériennes ont annulé leurs vols.
Pour disperser la foule, des policiers d’unités spécialisées en maintien de l’ordre ont tiré en l’air et fait usage de grenades lacrymogènes.
Au moins trois personnes sont mortes depuis vendredi dans les violences, selon un décompte de l’AFP.
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Le sort de Jack Guy Lafontant en question
Les troubles ont commencé après l’annonce vendredi par les autorités d’une augmentation des prix de l’essence de 38 %, du diesel de 47 % et du kérosène de 51 % à compter du samedi 7 juillet à minuit, comme prévu par le nouveau cadre de référence entre le Fonds monétaire international (FMI) et Haïti. Face aux violences, le premier ministre Jack Guy Lafontant a annoncé samedi la suspension de la mesure « jusqu’à nouvel ordre ».
Des discussions entre les blocs parlementaires sont en cours pour déterminer la suite à donner à la crise. Certains élus exigent la démission immédiate du premier ministre.
Avant même la prise de cette mesure controversée sur les prix des carburants, Jack Guy Lafontant, nommé en mai 2017, était très critiqué pour ce que ses détracteurs qualifient d’inaction. Une séance pour statuer sur son avenir à la tête du gouvernement avait été entamée la semaine dernière à la chambre des députés, dont la majorité est acquise au président.
Plusieurs parlementaires ont appelé à une reprise de cette séance lundi matin mais les difficultés de circulation qui perdurent à travers le pays compliquent la venue sur Port-au-Prince d’un nombre suffisant d’élus pour atteindre le quorum de 60 députés.