Le juge sud-africain Richard Goldstone, auteur d'un rapport sur la guerre de Gaza de l'hiver 2008-2009.REUTERS/DENIS BALIBOUSE
Israël a réclamé dimanche 3 avril l'annulation du rapport du juge sud-africain Richard Goldstone accusant son armée de "crimes de guerre" durant son offensive contre la bande de Gaza à l'hiver 2008-2009, après les regrets exprimés par le magistrats dans une tribune publiée par le Washington Post.
"Il faut jeter ce rapport dans les poubelles de l'histoire", a affirmé le premier ministre Benjamin Netanyahu qui a demandé à des juristes et des experts du ministère des affaires étrangères d'étudier le dossier. "Il faut à présent multiplier les efforts pour que ce rapport soit annulé, et je vais m'y employer", a renchéri dimanche à la radio militaire le ministre de la défense, Ehud Barak, après avoir demandé au juge Goldstone de "publier ses conclusions actuelles" sans se contenter d'un simple article de presse.
Dans sa tribune publiée samedi, le magistrat sud-africain expliquait que des attaques israéliennes contre des civils avaient été classées comme intentionnelles parce qu'aucune autre conclusion n'était possible à l'époque, mais que de nouveaux éléments avaient montré depuis qu'il n'y avait pas eu de politique visant à cibler les civils "de manière intentionnelle".
Cette conclusion s'appuie sur le travail d'enquêteurs israéliens, qui ont examiné "plus de 400 allégations de mauvaises conduites opérationnelles", selon un comité créé par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU pour assurer le suivi du rapport, explique le juge Goldstone, relevant que le Hamas n'a pour sa part pas mené d'enquête sur ses propres tirs contre des civils.
1 400 PALESTINIENS TUÉS
L'offensive israélienne visant à mettre fin aux tirs de roquettes depuis le territoire palestinien avait coûté la vie à 1 400 Palestiniens, en majorité des civils, et à 13 Israéliens, pour la plupart des militaires. A la publication du rapport, les autorités israéliennes, qui avaient refusé de collaborer avec l'enquête de l'ONU, s'étaient déchaînées contre son auteur, accusé de faire le jeu du Hamas à Gaza.
Après la tribune, le président israélien Shimon Peres a appelé le juge "à s'excuser, pour avoir accusé Israël de crimes de guerre et ignoré que l'offensive d'auto-défense 'Plomb durci' avait été lancée en riposte à des milliers de roquettes tirées (depuis Gaza) contre des civils innocents".
"UNE FORMIDABLE VICTOIRE MÉDIATIQUE D'ISRAËL"
Tous les journaux israéliens ont consacré dimanche leur première page aux "regrets" du juge Goldstone. "Il voit enfin clair", se réjouit notamment le grand quotidien populaire Yédiot Aharonot, mais pour l'éditorialiste du journal Maariv, le juge sud-africain "ne mérite pas le pardon, car il a agi d'une façon misérable et honteuse, contraire aux normes les plus fondamentales de la morale, de la justice et du bon sens". Pire, "il a mis nos vies en danger en nous présentant comme immoraux. Les excuses de cet homme sont insuffisantes", déplore le Jerusalem Post, très marqué à droite.
Selon Haaretz, la rétractation du juge Goldstone est "une formidable victoire médiatique d'Israël". "Richard Goldstone avait fini par incarner plus que tout autre les efforts visant la légitimité d'Israël en tant qu'Etat civilisé obéissant au droit", poursuit le quotidien de gauche.
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