Gilles Duceppe règne en maître

Un taux de satisfaction de 95% pour le chef du Bloc québécois Gilles Duceppe

Élections fédérales - 2011 - le BQ et le Québec


Hélène Buzzetti - Saint-Hyacinthe — Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a une fois de plus démontré qu’il était bien en selle à la tête de son parti aujourd'hui. Les militants bloquistes réunis en congrès à Saint-Hyacinthe ce week-end lui ont accordé pas moins de 95,3 % d’appui lors du vote de confiance.
«C’est beaucoup de bonheur, mais aussi beaucoup de responsabilités car il faut être à la hauteur d’autant de confiance», a déclaré M. Duceppe. «Oui, c’est bon pour le moral.»
M. Duceppe voit ainsi ses appuis légèrement augmenter par rapport au dernier vote de confiance. Il avait en effet obtenu 94,8 % en 2009, 95,4 % en 2007 et 96,8 % en 2005. De tout son règne, c’est en 2003 qu’il avait obtenu son score le plus faible, à 84,4 %. Ce sont 400 des 700 militants présents qui avaient le droit de vote. C’est donc dire qu’environ 19 personnes seulement ne lui ont pas accordé leur appui.
Une élection imminente
Ce congrès bisannuel bloquiste, officiellement appelé conseil général élargi, est placé sous le signe de l’élection imminente. Plus tôt dans la journée, M. Duceppe a livré un long discours à forte saveur électorale dans lequel il a parlé d’un mouvement souverainiste décomplexé sur le plan économique.
Il a surtout présenté l’élection d’un fort contingent bloquiste lors du prochain scrutin fédéral comme la première étape d’une marche en trois temps vers la souveraineté. «Le Bloc fort à Ottawa. Le Parti québécois au pouvoir à Québec. Tout redevient possible».
Cette idée qu’il y un aura un «moment décisif» où «tout redeviendra possible» a été répétée à quelques reprises par les divers intervenants au cours de la journée, clin d’oeil évident au slogan du camp du Oui lors du référendum de 1995: «Oui, et ça devient possible». M. Duceppe affirme que les préparatifs électoraux sont en voie d'être complétés, le parti disposant de 5,5 millions de dollars dans ses coffres.
Le congrès n’a suscité aucun débat significatif, les militants adoptant à toute vapeur une multitude de résolutions à propos de la bonification de l’assurance-emploi ou encore du supplément de revenu garanti.
Seule une résolution stipulant que «le Bloc québécois se réserve la possibilité de soutenir ou même de participer à une coalition de partis politique» a généré une discussion animée. Le militant Gilles Gaudreau, par exemple, s’est levé pour dire qu’il était «outré quand on a voulu soutenir Stéphane Dion» en décembre 2008, et il a invité les militants à rejeter cette proposition. Finalement, les militants ont accepté d’ajouter l’option de la coalition dans le programme électoral du Bloc, mais seulement pour la «soutenir». Pas question d’y participer, notamment en obtenant des sièges au sein du cabinet.
M. Duceppe a expliqué l’atmosphère un peu ronflante par le fait que les grands débats fondamentaux, par exemple sur l’identité ou sur qui est Québécois, ont été déjà tranchés. «Il y a des choses qui ont été acquises au fil des ans.»

Pauline Marois sollicite les bloquistes
Le congrès bloquiste a démarré en matinée par le discours enflammé de la cheffe du Parti québécois, Pauline Marois. Son allocution ressemblait à un exercice de motivation en vue de la prochaine échéance électorale provinciale. «Puis-je vous dire que je suis un peu jalouse? Parce que je commence à avoir vraiment hâte que les Québécois puissent exprimer eux aussi leur sentiment face au gouvernement libéral de Jean Charest», a lancé Mme Marois.
À Jean Charest qui l’accuse souvent d’être «radicale», notamment à cause de sa position intransigeante sur l’accès à l’école anglaise, Mme Marois a répliqué que c’est lui qui dirige «le gouvernement le plus radicalement faible de l’histoire du Québec». Elle a rappelé sa condamnation du bout des lèvres de Maxime Bernier, qui juge inutile la loi 101, ou encore son silence à propos du comité organisateur des Jeux olympiques, qui a imputé l’absence du français à la cérémonie d’ouverture au refus de Gilles Vigneault qu’on utilise ses chansons.
«Qu’est-ce qui est radical? De s’écraser devant la constitution de Pierre Elliott Trudeau ou de défendre la langue française et la Charte de la langue française de René Lévesque? Nous, nous choisissons René Lévesque.»
On sentait que le vibrant discours de Mme Marois visait aussi à convaincre les troupes bloquistes, souvent aussi péquistes, de lui accorder tout leur appui lors de son propre vote de confiance, en avril.
Ce thème de l’appui envers les deux chefs souverainistes a d’ailleurs été utilisé par la vice-présidente du Bloc québécois et ex-député fédérale Vivian Barbot dans son discours de présentation de Mme Marois. «Notre vote devra être à la mesure de notre ardeur souverainiste, a-t-elle dit. Le Bloc québécois réitère sa foi inébranlable dans la capacité du Parti québécois et de Pauline Marois de mener à bien cette mission historique.»
Convaincre la population
Pauline Marois est-elle jalouse des résultats quasi soviétiques qu’obtient systématiquement son partenaire? «Nous sommes le mouvement souverainiste. Je suis le leader de ce mouvement et c’est important que nous soyons forts si nous voulons convaincre la population québécoise de l’importance du projet que nous portons. [...] Gilles et le Bloc québécois défendent les intérêts du Québec, mais ne pensent pas comme nous qu’ils auront un jour le pouvoir... ils font parfois des mécontents...mais ils ont moins la possibilité de faire des mécontents», a expliqué Mme Marois en point de presse (les résultats de M. Duceppe n’étaient pas encore connus à ce moment).
Notons que c’est l’humoriste Christopher Hall, qu’on entend sur les ondes de Radio-Canada, qui a longuement présenté Gilles Duceppe. Il s’est moqué de chacun des chefs politiques fédéraux, que ce soit la moustache «démodée» de Jack Layton, les «mouffettes écrasées» qui tiennent lieu de sourcils pour Michael Ignatieff ou encore les cheveux de Stephen Harper avec tellement de «spray net» qu’ils produisent plus de gaz à effet de serre que les sables bitumineux. «Avec moi, vous l’avez déjà votre premier anglo», a-t-il lancé alors qu’il tentait de convaincre les bloquistes de faire élire des députés dans l’Ouest canadien.
Il a mis sa marque de commerce, les vox-pop humoristiques, au profit du Bloc québécois, allant faire du porte-à-porte dans Westmount pour demander aux électeurs si Gilles Duceppe ferait un bon premier ministre du Canada. Même là, il a réussi à trouver des appuis, provoquant l’hilarité générale dans la salle.


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