Gilles Duceppe fête ses 10 ans au Bloc

17. Actualité archives 2007

Gilles Duceppe fête ces jours-ci ses dix ans à la tête du Bloc québécois. Aucun événement spécial n'est prévu pour souligner l'événement. Il ne s'agit pourtant pas d'une petite victoire pour le politicien montréalais à qui on prédisait un règne court et mouvementé.
Si l'on se fie aux archives, personne ne donnait cher de la peau de Gilles Duceppe lors de son élection à la tête du Bloc, le 15 mars 1997. À l'époque, aucun souverainiste n'apparaissait capable de succéder à Lucien Bouchard. Le parti était affaibli et un congrès à la direction raté avait achevé d'exacerber les tensions au sein du caucus.
Envers et contre tous, l'ancien syndicaliste, ex-marxiste, a pourtant su durer. Et nombreux sont ceux qui disent aujourd'hui que le Bloc lui doit non seulement sa réputation, mais aussi sa longévité.
L'une des choses dont le fils du comédien Jean Duceppe est le plus fier est d'avoir survécu à sa première année comme chef et surtout à l'"épouvantable" campagne électorale de 1997, au cours de laquelle il s'est couvert de ridicule en portant un couvre-chef de fromager. "Ç'a laissé une image. Les gens se disaient : il ne passera pas à travers, il est impossible de faire deux fois une première impression", a-t-il confié lors d'un entretien téléphonique.
"Il y en a bien qui auraient abandonné. J'ai eu cette nécessaire ténacité parce que j'avais des convictions et de la volonté. Je me disais : non, c'est pas vrai, je ne lâcherai pas. Ç'a été dur, mais c'est dans des situations comme ça qu'on se renforce."
Cette détermination s'est d'ailleurs révélée être l'une des qualités fondamentales du chef, qui ne peut compter sur son charisme pour marquer des points.
Louis Plamondon, qui est aujourd'hui président du caucus du Bloc, raconte qu'il n'était pas convaincu de la compétence de l'ancien whip de son parti avant de le voir à l'oeuvre, dans les premiers mois de son leadership.
Pour le député de Nicolet, "la politique est un exercice d'humilité et de contrôle de ses frustrations" et Gilles Duceppe a rapidement démontré qu'il possédait les deux.
Pour le politologue Jean-Herman Guay, qui a déjà été membre de la commission politique du Bloc, Gilles Duceppe n'a pas l'étoffe de Lucien Bouchard et de René Lévesque. Ce qui ne veut cependant pas dire qu'il n'est pas à sa place.
"Ce n'est pas quelqu'un qui est capable de séduire une foule, ce n'est pas quelqu'un qui est capable de faire de grands discours, d'inspirer tout un mouvement. Mais il est capable de le porter, d'en être le véhicule", souligne-t-il. "C'est un bûcheur, un homme qui connaît ses dossiers."
Un vrai parti
Quand il fait le bilan de ses dix ans à la tête du Bloc, M. Duceppe insiste sur les chantiers de réflexion sur la mondialisation, la citoyenneté et la démocratie lancés en 1998. À l'époque, la démarche avait suscité un certain scepticisme parmi les souverainistes. Mais "ça revient aujourd'hui avec la question des accommodements raisonnables", fait-il remarquer.
Il souligne aussi les efforts déployés pour tisser des liens avec les communautés culturelles et les gens des régions, qu'il visite deux fois par année depuis son entrée à la Chambre des communes en 1990.
Pour ses collègues, sa plus grande réussite consiste toutefois à avoir transformé le Bloc en un véritable parti qui s'est attiré le respect de ses adversaires et des observateurs de la scène politique fédérale.


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